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Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

Publié le vendredi 17 août 2018 à 22h45min

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Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

Suffit-il de dire haut et fort que l’on est patriote pour l’être vraiment ? Ou faut-il effectivement faire montre de cette qualité dans les actes au quotidien et où besoin se fera sentir ? Tel est le questionnement qui, de plus en plus, nécessite de l’intérêt.

A la faveur de l’insurrection de 2014, et même bien avant, sous certains cieux, le « je suis Burkinabè », « je suis intègre » est de plus en plus employé au sein de la société burkinabè, sans pour autant qu’on sache ce qu’il comporte comme exigences (l’amour pour la patrie, le civisme, l’intérêt général avant tout, etc.) . Que ce soit par l’homme politique, pour bénéficier de faveurs auprès de l’électorat ; que par le citoyen lambda, pour afficher sa prétendue supériorité vis-à-vis d’autrui, il est prêché à tout venant, à tort ou à raison.

« La Police municipale, service le plus corrompu de l’administration publique burkinabè, est suivie de la Douane et de la Direction générale des transports terrestre et maritime (DGTTM) », c’est ce qui ressort du rapport 2017 sur l’état de la corruption au Burkina Faso, rendu public le 17 juillet 2018 par le secrétaire exécutif du Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC), Claude Wetta.

Au-delà de ce rapport du REN-LAC, les cas de malversations et de pratiques peu orthodoxes dans la gestion du bien public soulevés par la presse donnent encore à réfléchir. L’on ne peut s’empêcher de penser à cette affaire de « fraudes au recrutement » à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à cette affaire dite « audiences monnayées à la présidence du Faso » ou à bien d’autres dossiers plus ou moins médiatisés.

Un autre fait courant, l’incivisme, pour alors rappeler une situation. Vêtu du pagne traditionnel communément nommé « Faso Dan Fani », un adulte, pour ne pas dire un responsable, la quarantaine bien sonnée, au volant de son véhicule, s’est permis, en pleine circulation, de jeter par-dessus la vitre, un sachet noir dont nous ignorions le contenu.
Eh oui ! C’est au pays des Hommes intègres, notamment à Ouagadougou, que cette scène s’est produite. Surtout, quand on sait qu’à une certaine époque étaient institués des travaux d’intérêt public où fonctionnaires et autres mettaient la main à la pâte pour la propreté des lieux publics et la réalisation d’infrastructures.

Tous ces faits, comme plein d’autres remarquables au quotidien, sont devenus aujourd’hui banals pour le citoyen burkinabè. Et pourtant, ce dernier est prompt à se revendiquer « sankariste » (référence faite à l’idéologie du père de la Révolution). On va jusqu’à arborer des tee-shirts sur lesquels sont estampillées des mentions comme « Fier d’être burkinabè, Burkimbila… ».

Faut-il encore le rappeler, être Burkinabè ne se limite pas seulement au simple fait de porter des vêtements le mentionnant ou faire partie d’une quelconque ethnie ; c’est plutôt tout un état d’esprit. Lequel état d’esprit a été le cheval de bataille du père de la Révolution burkinabè dans ses campagnes de sensibilisation des peuples. Hélas, au regard de ces comportements observés çà et là, il semble que les valeurs du jeune capitaine n’ont pas trouvé de véritables adeptes, mais plutôt un bon nombre de prédicateurs.

Même constat de l’autre côté…

« A bas les politiciens et fonctionnaires véreux… », entendait-on le plus souvent dire à l’époque du jeune révolutionnaire, Isidore Noël Thomas Sankara. Aujourd’hui, le concept, perdant de sa valeur, parce que mal interprété, tend à « vive les politiciens et fonctionnaires véreux ! ». Comme pour dire que ce patriotisme, tant prôné durant une certaine période au Faso, n’est plus qu’un vieux et beau souvenir à raconter aux générations présentes et à venir.

C’est alors que la classe politique burkinabè se compose davantage de dirigeants et de partis politiques de toutes les couleurs, de toutes les races, qui peinent à convaincre par une idéologie politique claire, sans aucun plan de développement louable pour le Faso.
Toujours en train de faire passer les intérêts d’une minorité avant l’intérêt général. Quand vient cependant l’heure des élections (communales, législatives et présidentielles), ils se revêtent de leur veste d’acteurs, se faisant passer pour des historiens de l’époque et feignant de s’approprier lesdites valeurs.

La récente étude du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), dans le cadre du Présimètre, publiée en juin dernier, fait ressortir que plus de 70% des Burkinabè n’ont pas confiance aux hommes politiques. Ce chiffre illustre bien cette réalité.

Une imitation de la Révolution qui manque de volonté et de courage

Après le sursaut patriotique réalisé par le peuple burkinabè, les 30 et 31 octobre 2014, les dirigeants politiques actuels, dans une « mouvance d’insurrection », ont très vite mis en avance l’idée de faire valoriser les cultures du Burkina. Cela, en « demandant » à tous (Burkinabè) de préférer cette tenue traditionnelle fabriquée des mains de Burkinabè, à la tenue occidentale.

L’exemple parfois donné, les membres du gouvernement n’hésitent pas, à l’occasion des cérémonies officielles ou non, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, à se parer de ce vêtement local. Il est bien, dans l’intention de faire naître à nouveau cet esprit patriotique « sankariste », de demander à tout un chacun de faire la promotion des valeurs culturelles du pays. Seulement, cette intention, comme le dit couramment le Burkinabè, « c’est bon, mais ce n’est pas arrivé ».

Il faut davantage d’actes, de décisions et d’exemples qui vont contribuer à convaincre les uns et les autres de vraiment épouser ces valeurs « oubliées ». Cela peut commencer par le respect de la parole donnée, la réduction du train de vie de l’Etat pour plus rapprocher les dirigeants des gouvernés, etc.

Si l’on veut réellement continuer à vivre en s’inspirant du modèle de la Révolution comme on le prétend, que le Burkinabè connaisse à nouveau la considération qu’il avait auprès des autres peuples, nations ; il est grand temps pour le changement de comportements.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net
Crédit photo : google.com

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Vos commentaires

  • Le 18 août 2018 à 10:36, par TANGA En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    Comme on dit, le tigre ne chante pas sa tigritude, il se lève, bondit sur sa proie et la dévore.
    C’est simple que tous ceux qui partage l’idéologie de feu Thomas SANKARA vivent ainsi, ceux là qui font semblant porterons les FDS et consommeront burkinabè aussi mais se cacherons pour spolier le peuple. Au finish, c’est les peuple qui sortira vainqueur par ce que d’autres imiteront ceux qui font semblant. Le nombre grossira (les vrais et les faux) poussant le Faso dans l’idéologie SANKARISTE puisque personne ne dira à haute voix ’’Je ne suis pas d’accord avec ça par ce que c’est du SANKARISME’’.
    Chers tous, mettons notre patriotisme avant. SI vous voulez, faites semblant, cela nous arrangera plus tard.

  • Le 18 août 2018 à 12:27, par Chasseur d’insurrescrocs En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    C’est bien le fort de tous ces insurrescrocs (escrocs insurgés) qui ont plongé ce pays dans une M.... indescriptible. Eux qui, le point levé et en Faso Dan Fani ou en tee-Shirt estampillé "Burkindi", proclamaient à qui veut les entendre que "plus rien ne sera comme avant". C’était en réalité "du faire semblant" pour cacher la gloutonnerie qui les caractérise. Ainsi, dès que ces Burkinabêêêêêê....êêêêêês en ont eu l’occasion, ils n’ont pas hésité à piller sans vergogne les maigres ressources de ce pays pauvre très endetté pour entretenir une vie indécente au regard de la misère ambiante. En réalité, pratiquement tous ceux qui crient "patriotisme", "intégrité" ne le vivent pas dans les faits, mais ce sont des slogans creux qui leur permettent d’occuper des positions pour protéger leurs intérêts égoïstes. C’est de l’escroquerie pure et simple !!!!

  • Le 18 août 2018 à 12:31, par FTS En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    Bel article, reflexion bien murie ! Mais le BURKINABE d’aujourd’hui est telment hypocrite qu’il ne peut l’admettre.

  • Le 18 août 2018 à 14:24, par tiibo En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    Tout burkinabè democrate est indigne de prononcer le nom de Thomas Sankara parce ke lui etait patriote et non democrate et pourtant a réalisé du km le mm que nos soit disant democrates ont réalisé, la démocratie est un régime des incapables et c’est celui de tous les mendiants et laisse-bottes qui se soumettent a la volonté des autres, et au nom de ce soit disant democratie on est prêt a changer des gens comme Paul Kagamé ki sont des guides. Kel tristesse pour l’afrique des baisses pantalons, on finira par vendre l’afrique une bonne fois.

  • Le 18 août 2018 à 14:39, par Le revolutionneur En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    L’imperialisme, à bas !!
    Le néocolonialisme, à bas !!
    Les paresseux, à bas !!
    Les hiboux regards fuyant, à bas !!
    Les enseignants aigris, à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    L’incivisme au Burkina Faso, à bas !!
    La politique politicienne, à bas !!
    Le fonds commun, à bas !!
    Le désengagement de la population, à bas !!
    Les corrompus, à bas !!
    Les corrompteurs, à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    Les boites de nuit, à bas !!
    Les filles mini jupes, à bas !!
    Les filles longues mèches, à bas !!
    Les vieux qui ne sont pas sages,à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    Les politiques insouciantes, à bas !!
    Les orgueilleux, à bas !!
    Les menteurs, à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    Les riches dont l’argent ne sert à rien, à bas !!
    Les pauvres bizarres, à bas !!
    Les enfants impolis, à bas !!
    Les parents insoucieux, à bas !!
    Les élèves inciviques et irrespectueux, à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    Les voleurs, à bas !!
    Les prostitués, à bas !!
    Les infidèles, à bas !!
    Les jaloux, à bas !!
    à bas !!
    à bas !!
    à bas !!

  • Le 18 août 2018 à 15:52, par Substance Grise En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    Mon c’est là tout le problème du pays. Hypocrysie et mechanceté sont les vitamines de plus d’un.
    A qui la faute ? Bien sure à ceux qui gouvernement le pays depuis près de trente ans
    Thomas Sankara n’était pas parfait ;normale pour tout être humain. Mais il était sincere honnete et pensait toujours aux autres.Ce qui fait qu’il était contre l’injustice d’où qu’elle vienne. Et quand on a des qualités comme ça on ne peut pas être materialiste ou un capitaliste sauvage
    C’est pour ça il cherchait à donner l’exemple en prémier et la corruption n’avait pas sa place dans la citée.
    Autant de qualités qui font de quelqu’un d’abord un patriote
    Le patriostisme est tout un comportement ;c’est toute une mentalité tendant toujours vers la perfection à tous les niveaux. Combien de burkinabè sont-ils prèts à cela. Je ne suis pas sure qu’on ait 10% d’eux et sont en marge de la gouvernance car les plus nombreux qui sont idiots les trouvent derrangeants. Eux cherchent à s’enrichir par tous les moyens diaboliques et se moquent du Burkina de demain.
    Combien sont ils dans la gestion du pays de nos jours voulant se montrer bon dirigents dont le passé vous fait vomir. Que Dieu nous aide. Mais aidons nous nous même d’abord

  • Le 18 août 2018 à 18:24, par Rîmbila En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    Réflexion pas mal ! Seulement, vous semblez conforme patriote et homme vertueux. Il peut arriver qu’un homme cumule les deux qualités. Mais, il faut les distinguer. Un homme peut être vertueux mais ne pas faire preuve de patriotisme. De même, un patriote ne perd pas cet attribut pour manque de vertu. Les exemples sont légions. Mobutu, dans l’ex Zaire, était très patriote. Les congolais continuent toujours de le reconnaître. Il en est de même pour Hissen HABRE au Tchad... Mais étaient-ils des exemples en matière de vertu ? Les religieux en majorité prêchent la vertu. Et bon nombre en donnent l’exemple. Sont-ils pour autant les meilleurs exemples en matière de PATRIOTISME ? Je ne le pense pas. Simplement, pas parce qu’ils n’aiment pas leur pays mais, car plus préoccupés par la patrie céleste que celle ici-bas. Et c’est ainsi pour tout bon religieux. Le patriotisme est un sentiment d’amour pour son pays. Et comme dans nos famille, celui qui est le plus attaché à l’image, la réputation, la respectabilité de la famille, n’est pas nécessairement le plus "clean". Seulement je conviens avec vous pour le cas SANKARA. IL était PATRIOTE, RÉVOLUTIONNAIRE, et VERTUEUX.

  • Le 19 août 2018 à 12:58, par Bantchandi En réponse à : Société : Le patriotisme « burkinabè », cette vertu qui a peu d’adeptes et plein de prédicateurs

    Tambi Serge Pacôme Zongo, tes questionnements sont essentiels pour l’édification d’un Burkina Nouveau.
    Mais permet-moi tout de même un petit éclaircissement, Patriotisme ne rime pas forcément avec Sankarisme. Ce mot "Sankarisme" a été inventé ou utilisé pour la première fois par Valère D. SOME, au lendemain de la tragédie du 15 Octobre 1987 ; aujourd’hui ce concept ou cette idéologie est galvaudé par des politiques sont devenus des politiques véreux donc des politiciens. Le Sankarisme ne rime pas forcément avec le nom de famille "SANKARA", autrement dit ce n’est pas parce que l’on a le patronyme SANKARA que l’on est patriote.
    Bien ceci étendu définit, nous pouvons affirmer que le manque de patriotisme est une tare sociétale et une tare individuelle voire familiale.
    Je m’explique, cet état de fait est dû à l’égoïsme, à l’hypocrisie et à la méchanceté gratuite ; la vanité de nous les Burkinabè, comme le dit l’adage "Tout le monde veut aller au paradis mais personne ne veut mourir", autrement dit on dit aux voisins, aux collègues, aux amis et aux parents de se sacrifier pendant que nous nous remplissons les poches. Les expressions "Qui est fou" ; "Qui est bête" illustrent cet état d’esprit.
    Comme le dit l’évangile "La foi sans les œuvres est..." , c’est comme ce croyant (catholique, protestant, musulman ou autre) qui est tout le temps fourré à l’Église au Temple ou à la Mosquée, qui ne manque pas une occasion de se faire voir, mais qui n’applique pas le précepte commun à toute les religions l’Amour du prochain. Au sein des lieux de cultes, associations religieuses regardez la méchanceté, l’égoïsme et l’hypocrisie qui s’y développent.
    Si les Burkinabè avaient un millième du comportement de STIN "SANKARA Thomas Isidore Noël", un de ses dignes héritiers serait devenu Président du Faso "PF" après insurrection, mais hélas !!! Peut-être par manque d’offre d’hommes politiques qui incarnent réellement la vision du "Tché Africain".
    Après l’insurrection il aurait fallu un revirement à 180 degrés, mais est-ce que notre société empreinte d’égoïsme, d’individualisme, de vanité et de méchanceté était-elle prêtre à ce sacerdoce. Non !!!
    On arbore des T-shirt "Burkindi, Burkinbila, ..." ou à l’effigie de STIN et on brule les feux tricolores, ou on pose des actes inciviques à longueur de journée.
    C’est ce manque de patriotisme qui nous conduit dans l’incivisme.
    C’est ce manque de patriotisme qui amène les commerçants devenus opérateurs économiques véreux à importer les déchets des autres pour nous polluer.
    C’est ce manque de patriotisme qui amène le juge ou l’avocat ou tout simplement l’homme de droit à spolier le citoyen, la veuve et l’orphelin.
    C’est le manque de patriotisme qui conduit à la patrimonialisation du bien public.
    C’est ce manque de patriotisme qui amène le politique à devenir politicien et à brader nos ressources à des soi-disant investisseurs véreux.
    Soyons patriote, un jour, une heure, une seconde de notre vie, ça ne nous tuera pas

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