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Grâce accordée à Simone Gbagbo : espoir renoué ou calcul politique ?

Publié le jeudi 9 août 2018 à 17h05min

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Grâce accordée à Simone Gbagbo : espoir renoué ou calcul politique ?

Au lendemain de la grâce présidentielle accordée à 800 détenus poursuivis pour des crimes en lien avec la crise post-électorale de 2010-2011, la libération de l’ex-Première dame Simone Gbagbo semble retenir beaucoup plus l’attention des Ivoiriens et, en particulier, celle de la chapelle politique du Front populaire ivoirien (FPI).

A l’occasion de la célébration du 58e anniversaire de l’accession de la Côte d’ivoire à l’indépendance, le président Alassane Ouattara a créé la surprise générale en graciant quelque 800 détenus poursuivis pour des faits en rapport avec la crise postélectorale de 2010-2011. La majorité était poursuivie pour des infractions commises contre la sûreté de l’État. Cette main tendue du président Ouattara est, selon l’avis de plusieurs observateurs, une manière de décrisper l’atmosphère politique dans le pays.

C’est aussi une manière pour le président de remettre en selle cette réconciliation qui a du mal à démarrer. Cette décision du président vient sonner le glas des accusations tous azimuts dans les chapelles politiques dont celle du FPI (Front populaire ivoirien).
Elle permettra au moins, selon les acteurs de la politique ivoirienne, de dégager des pistes sérieuses pouvant conduire à une réconciliation dans le pays, malgré la division de la famille FPI en deux camps : l’aile dure conduite par Abdouramane Sangaré et le camp de l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan.

D’ailleurs, c’est le camp de Pascal Affi N’Guessan qui fut le premier à saisir la balle au bond par la voix de sa secrétaire générale Agnès Monnet en affirmant que « c’est un geste de décrispation apprécié à sa juste valeur ».
Elle rappelle que ces « détenus politiques civils croupissaient injustement depuis de nombreuses années dans les geôles du pouvoir ».
Même son de cloche dans le camp d’Aboudramane Sangaré, pour qui ce geste du président Ouattara est placé sous le signe de l’apaisement politique.

Cette grâce présidentielle s’inscrit-elle dans une tentative de rapprochement entre les deux partis ? La question mérite d’être posée, au regard des accusations souvent portées par les partisans du FPI contre l’appareil judiciaire à qui ils reprochent de faire « la justice des vainqueurs ».
Il faut aussi noter que de manière générale, en politique, les acteurs calculent beaucoup plus leurs intérêts personnels que l’intérêt général. D’aucuns suspectent le président d’avoir un agenda caché, suite à la crise ouverte entre son parti et le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire).

Pour le PDCI d’Henri Konan Bédié, « l’acte du président Ouattara est louable dans la mesure où il va permettre au pays de retrouver une certaine homogénéité sociale et de renforcer les liens entre les Ivoiriens jadis distendus par cette crise postélectorale de 2011 ».

Certes, l’ex-Première dame est libre, mais pas encore tirée d’affaire. Sa libération a retenti comme un danger pour les responsables des droits de l’Homme tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. N’oublions pas que Simone Gbagbo, malgré cette amnistie, fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI).
Espérons donc que l’œuvre du président conduise tous les acteurs politiques vers un engagement inclusif dans le processus de réconciliation nationale.

Issouf Ouédraogo
Lefaso.net

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