LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

Publié le mercredi 25 juillet 2018 à 23h59min

PARTAGER :                          
Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

Condamné à une peine de dix ans pour désertion et participation à l’attaque de la poudrière de Yimdi, le soldat de 1re classe, Hamado Zongo, fait aussi partie des accusés du putsch de septembre 2015. A la barre, il est resté campé sur sa position : « Je n’ai pas effectué de patrouille ». Ce n’est pourtant pas ce qui ressort des procès-verbaux de son audition au fond devant le juge d’instruction.

Après la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), place aux affectations. Le soldat de 1re classe Hamado Zongo, après avoir récupéré son ordre de mission le 2 octobre 2015, se rend le lendemain à Gaoua, à son poste d’affectation. Pendant le trajet, à Boromo, il reçoit un appel anonyme. Des menaces. Qui lui en veut ? Le soldat a sa petite idée : d’anciens éléments du RSP qui avaient échoué dans leur projet d’assassinat du général Gilbert Diendéré, en juin 2015. Par mesure de sécurité, Hamado Zongo détruit la carte SIM de son téléphone.

Une fois à Gaoua, il prévient ses chefs que sa vie est menacée. Sans suite. Il décide alors de passer la frontière pour s’installer dans la localité de Doropo, dans un site d’orpaillage. C’est à partir de là qu’il rejoint le sergent-chef Ali Sanou à Abidjan, après avoir eu les nouvelles de ce dernier sur les réseaux sociaux. Tel est en substance le récit livré ce mercredi, par le soldat de 1re classe Hamado Zongo, déjà condamné pour désertion et participation à l’attaque de la poudrière de Yimdi.


« …même chez les Koglwéogo »

Une partie des dossier du putsch

Pour le parquet militaire, l’accusé avait certainement quelque chose à se reprocher dans le coup d’État de septembre 2015, sinon il n’aurait pas pris la fuite. Pour Me Alexandre Sandwidi, conseil du soldat, il s‘agit là d’une déduction fragile. Soit ! Son accusé, qui reconnait tout de même s’être rendu dans la ville de Zorgho avec une équipe dirigée par le sergent-chef Ali Sanou, nie pourtant avoir eu connaissance de l’objet de cette mission avant son départ et après son retour de Zorgho.
« C’est le juge d’instruction qui m’a dit que nous sommes allés à Zorgho pour détruire une radio », a-t-il déclaré à la barre. « Je ne crois pas en votre défense. Elle est trop bancale. On ne trouve ça dans aucune armée. Même chez les Koglwéogo ! », a martelé Me Prosper Farama.

« On peut être de très bonne foi et trahir la pensée de quelqu’un »

À l’audience, les esprits se sont échauffés. Hamado Zongo a également nié, à maintes reprises, avoir effectué des patrouilles comme mentionné dans le Procès-verbal (PV) de l’instruction au fond. Pour Me Sandwidi, les PV ne peuvent être pris pour parole d’évangile et le tribunal ne doit retenir que les déclarations faites à la barre. « On peut être de très bonne foi et trahir la pensée de quelqu’un. Il n’est pas exclu aussi que le fait que le juge soit un commandant n’ait pas joué aussi. (…) Nous ne disons pas que l’instruction était un enfer. Nous ne disons pas aussi que c’était un festin », fera remarquer Me Alexandre Sandwidi.

« Assumer la paternité des PV »

Me Bonkoungou Dieudonné

« C’est très grave comme allégation », a lancé Me Prosper Farama qui estime que la défense peut porter plainte, preuves à l’appui, si elle estime que les PV ne traduisent pas les déclarations de l’accusé. « L’accusé doit assumer la paternité des procès-verbaux qu’il a signés », dira-t-il.

Dans la même veine, Me Séraphin Somé a fulminé contre la partie civile : « Nous souhaitons que ce soit la dernière fois que des PV d’instruction soient remis en cause sans que les avocats de la défense n’aient le courage d’aller au fond ». En réponse à son confrère, Me Sandwidi soutiendra que « si les PV ne devaient pas être discutés, à quoi servirait alors un procès ? ». En renfort au conseil du soldat de 1re classe, Me Isaac Doribana avancera qu’« il n’appartient pas à la partie civile de dicter la conduite à tenir à la défense. Que les avocats aient en mémoire qu’à tout moment, ils peuvent se retrouver du côté de la défense ».

Sur la question des procès-verbaux, le parquet militaire dit ne pas douter de la sérénité du tribunal car l’article 206 du code de procédure pénal dispose que « la chambre d’accusation examine la régularité des procédures qui lui sont soumises. Si elle découvre une cause de nullité, elle prononce la nullité de l’acte qui en est entaché, et, s’il y échet, celle de tout ou partie de la procédure ultérieure ».

« Ce n’est pas le procès du RSP »

Toujours à l’audience, Me Dieudonné Bonkoungou dépeindra une « logique d’inachevé » dans ce procès qui, selon lui, « signe la logique des vainqueurs, des demi-vérités ». « Cherchons la vérité sans discrimination », conseillera-t-il, après s’être demandé pourquoi certains éléments du RSP comme Madi Ouédraogo, Zallé, Hamado Kafando, Kassoum Dakouré ne figurent pas parmi les inculpés.

Pour le procureur militaire, il est temps « que chacun balaie devant sa cour. Il ne faut pas mener un débat quand on ne maîtrise pas le domaine. Que Me Bonkoungou lise le dossier pour voir si Zallé et Madi sont dedans ou pas. Que chacun fasse ce pourquoi il est payé. Il n’est pas payé pour tout le monde. Que les gens aient de la retenue. Le faux ne dure pas car les juges sont sereins… Ce n’est pas le procès du RSP, on s’insurge contre ça ».

Pour trancher sur la question, le président du Tribunal, Seidou Ouédraogo, dira à la défense que sa juridiction qu’est la Chambre de première instance, n’a pas été saisie pour les personnes dont les noms ne figurent sur la liste des 84 accusés. « Il s’agit d’un débat de l’instruction et pas de la Chambre. Il faudra en tenir compte dans vos plaidoiries », a-t-il conclu.

L’audience reprendra le vendredi 27 juillet 2017 à 9h.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 juillet 2018 à 21:54, par Ka En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

    Malgré les critiques de dénigrement qui s’abat sur le régime Kaboré, admettons que la démocratie au Burkina se développe a pas d’éléphant, si je vois les caprices et les mensonges de ces militaires indisciplinés a travers ce procès : Un soldat n’a pas de décision à prendre ; il obéit.
    C’est un individu discipliné, qui exécute les ordres de ses supérieurs hiérarchiques. En cas de désobéissance comme ce qui s’est passé, le code pénal de la justice militaire exige une cour martiale comme c’était appliqué au temps du régime Compaoré, qui prononce, en cas de conviction, une peine d’emprisonnement et la radiation pure et simple après la libération du prisonnier. Si la désobéissance a eu lieu en temps de guerre, c’est pire : dans beaucoup de pays, on abat les soldats qui se rebellent comme Diendéré et consorts, y compris dans le dos, car ils sont devenu ’’des ennemis’’, qui peuvent aider le camp ennemi.
    Aujourd’hui vous aviez la chance d’être en vie, acceptez votre complicité avec vos généraux de pacotille, pour que le droit soit dit pour tous, et on n’en parle plus : au lieu de vouloir porter le chapeau a l’autre.

    • Le 25 juillet 2018 à 23:55, par Tesla En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

      Encore des choses sans sens et de la haine. Vous êtes vraiment constant dans vos médisances. Qu’est-ce que le général DIENDERE vous a fait au juste ? Il a peut-être cassé vos œufs ?

      • Le 26 juillet 2018 à 07:44, par Ka En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

        L’extrémisme exprime la pensée de celui qui n’admet pas qu’on lui oppose une autre manière de penser. Demande à Gilbert Diendéré pourquoi il est sur les bancs des supposés accusés au lieu d’être dans une villa a COCODY avec son complice éternel ? Un banc dont des partisans criminels comme toi devait y être aussi en ce moment. Un criminel reste un criminel, et mérite de récolter ce qu’il a semé, mets cette règle divine dans ton crane de charbon. Merci de me lire.

        • Le 26 juillet 2018 à 11:12, par Minute En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

          Je te fait C, Ka. Qu-est-ce que Diendéré n’a pas fait ? Tous ceux qui semblent avoir du charbon dans leur crâne n’ont qu’à se ressaisir. Depuis la fin de la révolution et jusqu’à nos jours, combien de morts suspects ont été enregistrés et liés à la gestion militaire de Diendéré ? Pour mémoire : Henri Zongo, Jean-Baptiste Lingani, Sayogo, Koundaba, Norbert Zongo et Cie ... . C’est toujours les autres qui veulent faire coup d’Etat à Blaise. On monte les manigances et, à la ponce Pilate, on exécute et puis c’est fini. C’est les enfants des autres sur qui leurs parents fondaient espoir que ces individus lugubres et macabres ont tué et se pavanaient dans le pays avec des V8 estampillés GÉNÉRAL "carton" en lieu et place de la plaque d’immatriculation officielle. C’est mieux de pleurer sans retenu votre général ; C’est votre droit. Mais vous devez savoir que c’est en partie de lui que des familles sont endeuillées. Vraiment !! C’est pas la peine !! Salut !

        • Le 26 juillet 2018 à 13:48, par Tilaï En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

          Chapeau bas !
          Laissez ce nostalgique égaré fulminer sa peine.
          Il ignore ce que son bienfaiteur de Diendéré a fait comme tort à ce pays.
          Dieu l’éclaire !

      • Le 26 juillet 2018 à 07:56, par la cour ! En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

        Tesla, ton Diendiéré là à faire pire que casser nos oeufs. Il a cassé NOS VIES !!! Parles de ce que tu sais, et ne te caches pas lâchement derrière un avatar.

        • Le 26 juillet 2018 à 11:56, par Ka En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

          Par la Cour et Joan je confirme : J’ai toujours tiré ma vérité à bout portant sur l’opposition comme à la majorité. Et de nos jours, en voyant ces privilégiés présumés accusés qui insultes les familles des victimes et le peuple Burkinabé par leurs mensonges et comédies, je me dis revoyions-nous avec le régime Compaoré avec ces guignols, un régime avec les mêmes personnes qui tuaient qui ils veulent là où ils veulent ? Avec Blaise Compaoré et son frère François, tout ce monde était déjà au trou. C’est pourquoi je dis, il y a des gouvernants et des gouvernants : ‘’’ Ceux qui gouvernent pour tuer et gouverner sans partage, et ceux qui gouvernent pour développer leurs pays au bonheur du peuple : ‘’’ Et depuis plus de deux ans avec un régime au moteur de Diesel, le Burkina n’a connu aucun crime comme celui de Thomas Sankara, du juge Nebié, de Norbert Zongo et ses compagnons, de J.B Lingani, ni de Henri Zongo : C’est pourquoi je qualifie la gouvernance au monteur de Diesel, une gouvernance d’espoir pour le développement du pays, et ça n’engage que ma critique personnelle : Car, quand on n’a servi avec l’introverti Blaise Compaoré, quoiqu’ on fasse pour le Burkina après ce dernier, aucune bonne action ne trouvera grâce aux yeux de personne, surtout quand on s’appelle Roch Kaboré.

          Pourtant tout le peuple Burkinabé depuis ce 15 Octobre 1987 est comptable des bourdes de l’introverti Blaise Compaoré a cause de la répression de ce dernier : Et ceux qui subissaient plus de cette répression, sont ses proches comme les RSS. Oui Joan, il y a des vendus comme Tesla et autres qui sont téléguidé pour tout saboter, surtout l’alternance politique voulu par le peuple et sa jeunesse.
          Pourtant, à mon humble avis, avec l’insurrection du 31 Octobre 2014, tout responsable qui arrive au pouvoir dans notre pays, même s’il est mouta mouta, il réfléchit deux fois avant d’agir. Surtout les recommandations de notre valeureux idéologue Thomas Sankara restent viables dans la mémoire de tout Burkinabé : Et ces recommandations étaient que ‘’’nous devons avoir le courage politique de rompre franchement avec ce qui a fait son temps, pour s’autoriser l’exploration d’autres voies susceptibles d’ouvrir un véritable dialogue entre les peuples. Car, le passé n’est pas une maladie honteuse, mais il est préférable de soigner l’avenir. Roch Kaboré l’a compris.

      • Le 26 juillet 2018 à 22:26, par nicaise ngwa En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

        il le général diendéŕé a tué sankara norbert zongo linganietc

  • Le 26 juillet 2018 à 08:54, par joan En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

    Comprenez les, ils sont payés pour tout denigrer, c’est pourquoi après chaque publication, ils sont à l’afût ils reagissent promptement pour qualifier le tribunal et même gouvernement de tous les noms d’oiseaux.

  • Le 26 juillet 2018 à 09:59, par Norago En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

    un autre tribunal sur les réseaux sociaux. Très cool. Avocat Testa et ses collègues, juge Ka et ses collaborateurs continuez. Sachez que vous jugez les 84 accusés par contumace. Nous spectateurs on vous suit mais sachez qu’à l’issue de vos débats, il n’ y aura pas de verdict. Le verdict c’est de l’autre coté. Bonne journée.

  • Le 26 juillet 2018 à 15:53, par Ka En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

    Oui mon ami Minute : comme je le souligne à tout moment dans mes critiques fondées avec des argumentations solides suivis des vécus, ‘’’’des putschs supposés ou réels, le Burkina en a connu énormément. Mais des putschs manqués qui ont donné lieu à un procès juste et équilibré comme les juges militaires essayent de le faire, sauf oubli de ma part, l’on peut dire que le Burkina n’en a point connu. Celui d’aujourd’hui est le premier.’’’’

    Sous le G Lamizana, des proches de Maurice Yaméogo, accusés d’avoir tenté un coup d’Etat, avaient été jugés à la sauvette et jetés en prison. Sous le capitaine Thomas Sankara, des Burkinabè accusés du même crime, après un simulacre de procès dans l’enceinte du camp Guillaume Ouédraogo, ont été fusillés au grand désarroi de leurs proches. Mais la palme d’or des exécutions sommaires liées à des putschs supposés ou réels que tu relates, revient au régime Blaise Compaoré : Et celui qui était à la manœuvre, ironie de l’histoire, est le Général de carton Gilbert Diendéré et ses complices comme Hermann Yaméogo, Djibril Bassolé. Et je suis totalement d’accords avec toi, car, Gilbert Diendéré peut donc se réjouir de ne pas connaître le sort que lui, a réservé au commandant Lingani et au Capitaine Zongo. La tenue même de ce procès, sous ce format, est une avancée de notre démocratie. Et celui qui doit être le premier à le reconnaître est le Général de pacotille Cilbert Diendéré lui-même. Lui qui pavanait sous la horde des tueurs de son régiment pour faire le beau temps et la tempête dans notre pays, en tuant qui il veut, là où il veut, mérite ce qui lui arrive.

    Il reste à souhaiter que toutes les zones d’ombres qui l’entourent, soient élucidées. C’est en cela que l’on peut dire que l’heure de vérité a sonné. L’on peut également affirmer que la Justice burkinabè joue aussi sa crédibilité. Et au-delà de cette institution, c’est tout l’édifice démocratique que nous sommes en train de construire, qui sera évalué après 2025, si aucun crime politique n’est commis. Merci de me lire, ‘’’’Munite.’’’’

  • Le 29 juillet 2018 à 09:50, par Joe papi En réponse à : Procès du putsch : « Que chacun balaie devant sa cour ! » (Parquet militaire)

    vraiment le Burkina à retrouver sa démocraties sinon, il y’a des faux généraux qui devait être tout simplement fusillé mais dommages que nous somme arrivée là. procès du générale Lamizana à était populaire,ont aurait dû fait paraît pour ses lascars

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Putsch de septembre 2015 : Minata Guelwaré est décédée
La problématique de la liberté chez Jean-Jacques Rousseau