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Procès du putsch manqué : Le sergent-chef Mahamadou Bouda révèle comment la « radio de la résistance » a été détectée

Publié le samedi 21 juillet 2018 à 12h04min

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Procès du putsch manqué : Le sergent-chef Mahamadou Bouda révèle comment la « radio de la résistance » a été détectée

Le sergent-chef Mahamadou Bouda est passé à la barre à la suite du caporal Pascal Moukoro, le vendredi 20 juillet 2018. Il est celui-là même qui a aménagé la salle à la présidence pour accueillir les autorités de la Transition mises aux arrêts le 16 septembre 2015. C’est encore lui qui a fait le tour de la ville avec les techniciens pour détecter la « radio de la résistance ».

Poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, complicité de dégradation volontaire aggravée de biens, le sergent-chef Mahamadou Bouda ne reconnait pas les faits. Il affirme n’avoir ni participé à une réunion, ni avoir été associé à une quelconque décision allant dans le sens de faire un coup d’Etat. Le 16 septembre 2015, il faisait le maçon sur son chantier. C’est ainsi qu’il a reçu l’appel de l’adjudant Jean Florent Nion, l’invitant au palais présidentiel. Sur les lieux, il trouve ce dernier en compagnie de l’adjudant-chef major Eloi Badiel qui l’intime d’envoyer le bol contenant les clés du palais, de trouver une pièce car « on va arrêter des gens et t’amener ».

L’accusé dit avoir négocié pour aller chez lui se changer et revenir, mais refus catégorique. Il va se contenter d’une tenue qui se trouvait sur place et de chaussures de sport. C’est en tenue débrayée et sans arme qu’il a accueilli le président de la Transition, Michel Kafando ; le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida ; et la par la suite, d’autres personnes dont deux ministres.

Dehors, le soldat Boureima Zouré conduisait le ministre Réné Bagoro et le menaçait d’enlever sa cravate. Pour avoir voulu calmer son subalterne afin qu’il traite mieux l’autorité, le sergent-chef Bouda dit avoir été menacé. « Le soldat Boureima Zouré a menacé de me mettre avec les autres », affirme-t-il.

Par la suite, Bouda est reparti voir le major Badiel pour comprendre, car les choses sont allées si vite. C’est là que ce dernier à laissé entendre qu’il se pourrait que ce soit un coup d’Etat et que le général Diendéré était au camp, en réunion avec les officiers. Lui et ses hommes ont passé la nuit sans manger.

Le lendemain 17 septembre 2015, le major Badiel l’a envoyé voir le capitaine Abdoulaye Dao qui l’a mis en contact avec le colonel Mahamadi Deka. Leur mission était de se rendre à l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) pour retrouver le directeur général Maturin Bako. C’est avec lui et ses techniciens qu’ils ont fait le tour de la ville pour détecter la « radio de la résistance », radio clandestine qui émettait sur la 108 FM. 
Le signale les a conduits à la radio Savane FM. Ils ont cassé la porte et sont entrés dans une maisonnette. Là, ils ont procédé à l’interruption de la radio et embarqué du matériel. « Le Touareg », qui est venu en renfort, a emporté du matériel aussi.

Durant cette phase, les jeunes militaires ont voulu lancer une roquette sur le bâtiment de la radio, ce que le sergent-chef Bouda a déconseillé, car la police devait venir faire le constat. Les jeunes ont fait mention de la caméra qui les filmait. C’est ainsi que l’ex-RSP, à l’aide d’un bâton, a détruit la caméra en question.

Après cette mission, il est reparti au palais où se trouvait les autorités. De là, il a reçu l’ordre d’amener le Premier ministre Zida au Poste de commandement. C’est ainsi que le général Gilbert Diendéré est venu s’entretenir avec Yacouba Isaac Zida, deux fois de suite.
Par la suite, le capitaine Abdoulaye Dao l’a appelé de conduire le Premier ministre Zida dans sa résidence officielle. Ce qui fut fait. L’accusé a laissé entendre qu’il n’était pas pour le coup d’Etat, mais ne pouvait pas fuir. C’est sur ce récit que le président du tribunal a suspendu l’audience pour reprendre ce samedi 21 juillet 2018, à 9h 00.

Marcus Kouaman
Lefaso.net

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