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Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

Publié le vendredi 20 juillet 2018 à 20h52min

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Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

A la barre, ce vendredi 20 juillet 2018, l’adjudant Michel Birba, comme d’autres accusés avant lui, a présenté ses condoléances aux familles des victimes du coup d’Etat de septembre 2015 et souhaité prompt rétablissement aux blessés. Il faisait partie de la garde rapprochée du président de la Transition, Michel Kafando.

Débuté dans l’après-midi du mercredi, l’interrogatoire de l’adjudant Michel Birba s’est poursuivi ce vendredi, sous une forte pluie, après la pause de 24 heures observée par le tribunal. Tout comme certains de ses prédécesseurs, il n’a pas reconnu les infractions retenues contre lui (complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires).

De la sécurité de Kafando à celle de Diendéré

Membre de la garde rapprochée de Michel Kafando, Michel Birba était le chef du recueil, l’homme chargé d’ouvrir la portière pour que l’ancien président descende de son véhicule. Le 16 septembre 2015, jour de l’arrestation des autorités de la Transition, l’adjudant se souvient avoir été mis en joue, désarmé par des éléments et enfermé dans la salle d’attente. Il n’en sortira qu’au bout d’une demi-heure pour se rendre, sans arme, à la résidence présidentielle où convergeaient plusieurs véhicules. « Il était de son devoir d’aller voir ce qui se passait », dira-t-il.

Arrivé, il trouve des hommes qui, sous l’ordre de l’adjudant-chef major Eloi Badiel (le nom le plus cité depuis le début des interrogatoires), se préparent à se rendre au domicile du général Gilbert Diendéré. Sur instruction de l’adjudant-chef Moussa Nébié dit « Rambo », Michel Birba embarque dans l’un des véhicules. « Si je n’avais pas embarqué, ce n’est pas sûr que j’allais être devant vous pour m’expliquer. Même si c’était vous (s’adressant au procureur militaire), vous n’auriez pas eu le choix. Je me suis retrouvé dos au mur. Je ne pouvais rien faire », a lâché, pour sa défense, celui qui deviendra par la suite membre de la sécurité rapprochée du général Diendéré.

Il aurait pu être une victime du putsch

« N’avez-vous pas eu d’occasions pour vous soustraire si vous n’étiez pas d’accord comme vous le dites ? », a demandé le procureur militaire. « J’ai essayé mais ça n’a pas marché », a insisté l’accusé sans donner de détails. Sceptique face à cette réponse, le procureur militaire, à titre d’illustration, dira qu’un militaire en mission d’escorte de Gilbert Diendéré au palais du Mogho Naaba avait pris la fuite en tenue civile, après avoir changé sa tenue militaire. Revenant au cas de l’adjudant Birba, le parquet observera qu’ « à défaut de rester passif, ce qui aurait pu faire de lui une victime entre guillemets de ce putsch, l’accusé aurait pu, en bon commando, tenter des initiatives visant à libérer l’autorité plutôt que d’apporter son concours aux putschistes ».

« La matière pénale s’accommode très peu de la globalité »

« Ces observations sont des opinions personnelles », est montée au créneau Me Zaliatou Aouba, le conseil de l’accusé. Selon elle, il est impératif que le parquet revienne dans le dossier en apportant des preuves sur la complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. A l’instruction du dossier, des accusés ont déclaré avoir vu l’adjudant Michel Birba avant et après le coup d’Etat, mais l’avocate est catégorique : « On ne peut venir fonder une intime conviction sur des déclarations faites par des accusés, déclarations que n’ont d’ailleurs pas reconnues ces accusés devant le tribunal ». Elle a par ailleurs dénoncé une « persécution » de la part du juge d’instruction à l’encontre de son client lors de l’interrogatoire au fond.

S’appuyant sur l’article 427 du Code de procédure pénal qui stipule que « Le juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement discutées devant lui », Me Aouba demandera au parquet d’apporter les preuves de la responsabilité de son client pour ce qui concerne également le meurtre et les coups et blessures volontaires. « La matière pénale s’accommode très peu de la globalité.
En quoi assurer la sécurité du général [Gilbert Diendéré] fait de lui un homme responsable des meurtres et coups et blessures volontaires ? Il ne faut pas que le parquet nous renvoie invariablement à l’article 67 du code pénal », a lancé Me Aouba, qui s’est inscrite en faux contre des déclarations d’avocats des parties civiles qui disent attendre l’étape des plaidoiries pour sortir les preuves.

L’audition terminée, ce fut au tour du caporal Pascal Moukoro, âgé de 28 ans, de passer à la barre.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2018 à 20:05, par Testlaa En réponse à : Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

    " ... Sceptique face à cette réponse, le procureur militaire, à titre d’illustration, dira qu’un militaire en mission d’escorte de Gilbert Diendéré au palais du Mogho Naaba avait pris la fuite en tenue civile, après avoir changé sa tenue militaire... " ET VOUS, JUGE MILITAIRE, VOUS ESTIMEZ QUE CELA EST UNE BONNE CONDUITE ? JE COMPRENDS POURQUOI DES MILITAIRES ONT PRIS LA FUITE LORSQUE DES TERRORISTES EN HERBE ATTAQUAIENT L’ETAT-MAJOR LE 2 MARS. QUELLE HONTE...!

  • Le 20 juillet 2018 à 21:33, par Le Sage. En réponse à : Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

    J’ai peur qu’après ce procès, l’armée burkinabè ne devienne qu’une simple armoire. Ceux qui sont initiés savent ce qu’est cette comparaison car on dit toujours que l’armée n’est pas l’armoire. Le Sage.

  • Le 21 juillet 2018 à 10:10, par Norago En réponse à : Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

    Il faut que les juges s’attardent sur les éléments de preuves que de demander chaque fois aux petits soldats pourquoi ils ont obéi, pourquoi ils n’ont pas fuis, pourquoi...pourquoi...Ce pourquoi pourrait s’adresser au ministre de la défense de l’époque et aux chefs militaires qui avait un pouvoir de commandement. Pourquoi les 15, 16,17 septembre ils n’avaient pas commencé à organiser un riposte ? cela l’a été grâce aux jeunes militaires de Bobo. pourquoi ces chefs militaires ont été envoyés à l’extérieur du pays ? Une désertion légaliser ?

  • Le 21 juillet 2018 à 10:37, par Dedegueba Sanon En réponse à : Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

    Toujours du " menus fretins" à la barre, à quand le passage à la barre des " gros poissons" ?
    Êtes vous sûrs que face à leurs " chefs " qui les regardent les hommes de rang et les sous officiers puissent "déposer" tranquilles ?
    Normalement on aurait dû entendre les donneurs d’ordre, avant d’entendre les exécutants... parce que justement nous sommes dans l’armée.
    Moi même sans être un soldat, je tremblerai devant Golf et Djiby et devant toutes ces têtes couronnées.

  • Le 21 juillet 2018 à 10:51, par Yamsoba En réponse à : Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

    TESTLAA, tu étais où avant de venir au Faso ? Même ton beau BLAISE a fui pour se cacher à Ziniaré en 2011 lors de la mutinerie et ensuite en Côte d’Ivoire dans sa belle famille en 2014, ou bien, donc va donnez cette leçon de dignité à ton mentor qui n’hésite jamais à tracer à la moindre pétarade, le 15 Octobre 1987 il était également posté déjà non loin de l’aéroport pour fuir par les airs si son projet funeste avait raté. Premier fuyard du Faso, maillot jaune sans égal. Merde, quelle WONTE dirai-je

  • Le 21 juillet 2018 à 12:03, par Mninda En réponse à : Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

    S’il est vrai, qu’il faut condamner er regretter ce coup d’Etat idiot de septembre 2015 ,il y a aussi lieu de s’inquiéter du niveau bas des débats, tant du point de vue juridique que humain . En effet ,on ne peut pas juger des sous officiers et hommes du rang dans l’armée sur des bases du genre "pourquoi vous n’avez pas fait ceci, pourquoi vous n’avez pas fait cela " ou "vous auriez du faire comme ça ou comme ça " devant des ordres d’un supérieur . Ces militaires sont avant tout des êtres humains qui peuvent réagir dans un contexte donné, de surcroit de danger par instant de survie ou même de peur d’être abattu sur le champ, s’ils manifestaient une quelconque réticence surtout dans un RSP dont tout le monde connait les pratiques .Mieux comme l’ont dit certains accusés ,au début les choses n’étaient pas claires dans l’esprit de tout le monde et on ne leur a pas dit clairement qu’il s’agissait d’un coup d’Etat . Et il est étonnant, que le procureur militaire qui connait très bien l’armée en général et le RSP en particulier et comment il fonctionnait, fasse semblant d’ignorer la réalité en posant des questions pas vraiment réalistes à ces soldats . Un général a assumé son coup d’Etat bête . C’est à lui de donner tous les détails et peut-être avec quelques éléments clé comme les Badiel Eloi ,Le Touareg ,Nion Jean Florent . De même, malgré tout le respect dont jouit Maitre Farama ,je trouve que dans ce procès, il ne vole vraiment pas haut dans ses questions aux petits accusés. Elevez- vous un peu Maitre et dépassionnez -vous , car il n’ y a pas de gloire à triompher sur ces petits soldats dont certains ont involontairement été entrainés dans cette affaire .
    Au total, malgré qu’il y ait eu des morts à l’occasion de ce coup d’Etat , ce procès gagnerait être débarrassé de toute passion aveugle pour ne chercher qu’à tirer les meilleures leçons pour la construction de l’avenir radieux de notre pays . Ce qui ne veut pas dire que les inspirateurs et véritables commentaires ne doivent pas être sanctionnés à la hauteur de leur crime .

  • Le 21 juillet 2018 à 12:05, par Yako En réponse à : Auditions du putsch de septembre 2015 : « Je me suis retrouvé dos au mur », adjudant Michel Birba

    Eh oui l’exception Burkinabe se confirme une fois encore lors de ce marathon de justice.En effet,on juge aujourd’hui des patriotes résistants pour le fait de s’opposer au conseil national de la traîtrise CNT, au lieu de demander des comptes aux squatters qui ont occupé illégalement les palais de la république pendant 13 mois.Seule chose que je regrette personnellement en tant qu’homme ce sont les pertes en vie si non pour le reste il n’ya pas d’autres moyens de se séparer de ces usurpateurs que la force.90 délégués jamais élus,un PM marchand d’illusions jamais élu et un président désigné après étude du dossier et entretien.Voilà la photographie du CNT était-il juste de les chasser ou pas ?

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