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Bénin : "Le caméléon" promet de lâcher prise

Publié le vendredi 15 juillet 2005 à 07h59min

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Encore une fois de plus, le bon exemple vient du Bénin, le quartier Latin de l’Afrique : Kérékou ne se présentera pas à la présidentielle 2006. En effet, pendant que dans nombres de pays africains, les chefs d’Etat ont recours aux subterfuges les plus diaboliques pour mieux tordre le coup à la Constitution afin de rester autant que faire se peut longtemps au pouvoir, "Le caméléon" du Bénin, le général Mathieu Kérékou, lui, fait exception à la règle.

Après avoir dominé trois décennies durant ce petit Etat d’Afrique de l’Ouest de 113 000 Km2 et peuplé d’environ 6 millions d’âmes, naguère connu sous le nom de Dahomey, Mathieu Kérékou a annoncé officiellement qu’il lâchait prise.

Ainsi, tout comme l’honorable doyen Nelson Mandela, Kérékou, en toute souveraineté, décide à son tour de ne pas tripatouiller la Constitution et de laisser la place à d’autres. Kérékou met ainsi en place une présidentielle bien ouverte au Bénin où les rêves sont permis.

Arrivé au pouvoir le 26 octobre 1972 suite à un coup d’Etat alors qu’il n’avait que le grade de commandant de l’armée, il y instaura un régime dit marxiste-léniniste.

C’est alors que le Dahomey fut rebaptisé République populaire du Bénin - et comme il se doit dans tous les régimes du genre - un parti unique y régnait de toute sa puissance.

Mais après l’effondrement du bloc communiste et le discours de la Baule de 1990, "le caméléon" dut lâcher du lest en abandonnant le pouvoir après 18 ans de règne. Il fera un retour manqué aux affaires après avoir été battu à plate couture par Nicéphore Soglo lors de la présidentielle de 1991.

Cinq ans plus tard, Kérékou, dépouillé de ses oripeaux marxistes-léninistes, adhéra pleinement au libéralisme avec en prime une remarquable reconversion au christianisme. A la Présidentielle de 1996, "Le caméléon" prit sa revanche sur Soglo en le battant d’une courte tête.

Réélu en 2001, Kérékou ne pouvait excéder deux mandats successifs ; et plus que tout, il est frappé par la limite d’âge pour tout présidentiable, fixé à 70 ans.

C’est-à-dire que selon la Constitution béninoise il ne peut aucunement se présenter à la présidentielle de 2006. Mais combien sont-ils en Afrique, les chefs d’Etat ayant modifié la Constitution pour se représenter contre vents et marées ?

On s’en souvient, il y a à peine un mois, le Président Idriss Déby du Tchad ne s’est nullement embarrassé de gants pour faire sauter le verrou de la limitation du nombre des mandats.

Désormais, cet ancien chef de clan de l’ex-Logone-Chari pourrait être sans état d’âme, candidat à la prochaine présidentielle.

C’est la même voie que semble vouloir emprunter cet enfant terrible de la scène politique ougandaise, Yoweri Musévéni. C’est pour tout cela qu’il faut saluer la décision du "caméléon" qui estime fort à propos que "si le Bénin est le pionnier de la démocratie en Afrique, il le sera sur toute la ligne, et je ne vais pas gâter ce que j’ai contribué à mettre sur pied".

Kérékou décide donc "volontairement" de lâcher prise et c’est tant mieux pour la démocratie béninoise. Voilà au moins une éclaircie dans une Afrique pervertie par la malgouvernance et des pouvoirs ad vitam aeternam.

Boureima Diallo
Observateur Paalga

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