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Habillement et textile artisanal : Renforcer les capacités individuelles et collectives du secteur

Publié le vendredi 15 juillet 2005 à 07h44min

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Le Centre pour le développement de l’Entreprise (CDE) organise à Ouagadougou les 15 et 16 juillet 2005, une concertation nationale des acteurs du secteur habillement et textile artisanal burkinabè.

A cet effet, M. Désiré Modeste Ouédraogo, ingénieur textile et coordonnateur pour le CDE au Burkina dans le cadre du volet textile, nous situe sur l’importance et l’intérêt de cette manifestation pour les sous-secteurs textile/habillement et tissage artisanal.

Sidwaya (S). : Qu’est-ce que la Concertation nationale du secteur habillement et textile artisanal burkinabè.

Désiré Modeste Ouédraogo (D. M. O.) : Le secteur textile traverse une étape cruciale au niveau international avec la fin de l’accord multifibres intervenue en fin 2004. De plus, les négociations commerciales en cours visent une réduction des tarifs au niveau mondial. Ces deux éléments constituent des enjeux importants qui concernent au premier plan les pays d’Afrique. A travers son programme textile et habillement en Afrique de l’Ouest depuis quelques années, le Centre pour le développement de l’Entreprise (CDE) a défini et mis en œuvre sa stratégie de soutien au secteur visant entre autres, l’amélioration de la qualité du coton, l’appui à la transformation locale du coton et le renforcement des capacités individuelles et collectives du secteur. A cet effet, nous organisons une concertation nationale du secteur de l’habillement et textile artisanal burkinabè les 15 et 16 juillet 2005. Cette concertation va regrouper les acteurs du secteur textile et habillement autour de leurs préoccupations. A cette rencontre sont invités les sociétés cotonnières (SOFITEX, Faso Coton, SOCOMA...) des usines comme la filature du Sahel, les tailleurs, cotonniers, stylistes, modélistes, teinturiers, tisseurs seront tous de la partie. Nous avons pris en compte le volet tissage.

Parce que le Burkina Faso a lancé, il y a quelques années, le Faso Danfani qui est actuellement en vogue. Aujourd’hui, on a des ateliers qui émergent. L’ouverture de la concertation aura lieu le 15 juillet à l’hôtel Ran Somkeita, à 8 h 30, suivie des ateliers.

Sera présent à Ouagadougou M. Nieder Laender qui est le chef sectoriel du textile au niveau du Centre pour le développement de l’Entreprise (CDE), une structure de l’Union européenne au profit des pays ACP surtout. Au niveau du programme, on a des thèmes techniques tels que "La stratégie et les activités du CDE" avec sa composante pro-invest qui est un fonds de 110 millions d’euros sur 7 ans destinés au secteur textile. Ensuite, il y aura un thème sur "La problématique de la formation et des services pour le secteur textile dans l’UEMOA" qui sera animé par M. Le Goff, un spécialiste de la question. Il y aura aussi "le concept de Clusstering" qui constituera le point d’orgue du programme.

Les Clusster, c’est les grades d’entreprise qu’on veut un peu montrer. Dans nos pays, il y a des entreprises qui ont des handicaps, des points faibles tandis que d’autres ont des points forts. On pense qu’en faisant des grades d’entreprises, elles peuvent être complémentaires et prendre des segments de marchés. Tout va être focalisé sur le concept de Clusstering et il y aura ensuite les conclusions qui seront tirées. On va élaborer aussi un programme d’activités avec les acteurs qu’on va essayer de soutenir.

S. : Pourquoi l’organisation d’une telle manifestation au Burkina ?

D. M. O. : Le CDE a choisi trois (3) pôles en Afrique de l’Ouest. Le bureau régional est à Dakar. Les deux autres pôles sont à Ouagadougou et Bamako. On a déjà tenu la concertation au Sénégal les 3 et 4 mai.

Au Burkina Faso, ça sera les 15 et 15 juillet et au Mali les 18 et 19 juillet.

S. : Quelles sont vos attentes en organisant cette concertation ?

D. M. O. : C’est une démarche différente de celle adoptée depuis lors. Cette fois-ci, au lieu que le programme vienne d’en haut, nous avons voulu mettre autour d’une table les professionnels. Ils connaissent leurs points faibles, ils vont dire ensemble quels sont leurs problèmes, de quels appuis externes ont-ils besoin ?

S’ils n’ont besoin de rien, on fera le constat. Le contexte du textile est aujourd’hui tributaire de beaucoup de facteurs externes du fait de la fin des accords multiples depuis janvier 2005. Toutes nos frontières sont donc ouvertes à toutes les importations possibles, ce qui fait que le secteur est fortement ébranlé.

S. : Y aura-t-il une participation des acteurs politiques quand on sait que dans la plupart de nos Etats, la volonté politique est prépondérante pour que les choses bougent ?

D. M. O : La concertation se tient sous l’égide du ministère de tutelle qui est le ministère du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat. C’est le ministre qui va procéder à l’ouverture et à la clôture de cette concertation. Le secteur textile intéresse tout le monde parce que le Burkina Faso est un grand pays producteur. Il participe à d’autres concertations par rapport à la situation sur le plan international du secteur. De ce fait, nous avons invité l’autorité politique.

Mon opinion personnelle est que tout part des acteurs. Les hommes politiques accomplissent leur part, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils fassent tout à la place des acteurs.

S. : Du moment où le textile chinois est en train d’envahir le monde entier, le textile burkinabè peut-il sortir du tourment actuel ?

D. M. O. : Le textile burkinabè face au péril "Jaune" ? Pour éviter la catastrophe, il faut aller sur des créneaux porteurs. Il faut qu’il y ait des entreprises de moyenne taille ou de petite taille.

Il s’agit de mettre l’accent sur des produits spécifiques. Si on se base sur les grands producteurs de séries, ce sera difficile de s’en sortir dans l’immédiat. Tout cela relève d’une question de stratégie. Les problèmes sont connus, la concurrence chinoise existait bien avant. Le secteur textile, depuis une trentaine d’années, était soumis à ces perturbations. C’est une "belle au bois dormant" qui se réveille maintenant. Parce que cela concerne directement les gens et des usines ferment. Sinon le secteur du coton était déjà secoué. Maintenant, c’est aux acteurs de sélectionner sur quoi ils peuvent être forts. On a la matière première, le coton. On peut donc développer des industries en partant de cette matière première.

S. : De plus en plus on constate que dans la plupart des pays africains, notamment le Burkina Faso, les gens ont plutôt un penchant pour l’habillement de style européen ou américain au détriment des vêtements traditionnels. Comment comptez-vous promouvoir l’habillement traditionnel dans un tel contexte ?

D. M. O. : Si on veut faire de la promotion des produits textiles, il faut raisonner en terme de marché. Il faut produire les produits prisés par les consommateurs. Il faut mettre l’accent sur le design. Des faiblesses persistent aujourd’hui encore parce que l’on n’a pas formé des gens dans ce domaine. Le textile est très technologique aujourd’hui. On a besoin d’une main d’œuvre qualifiée. Ce ne sont plus de simples ouvriers qui viennent produire en masse. Ainsi au niveau de la concertation il y aura des designer, des stylistes parce que tous les secteurs sont véritablement concernés. Ce que les Européens fabriquent, c’est pour un marché. Nous pouvons aussi pénétrer ce marché parce que des couturiers locaux exportent leurs créations. D’autres personnes également exportent dans le domaine de l’habillement et dans celui du linge de maison en coton. Parce que le coton africain a des qualités spécifiques bien connues dues au fait qu’il est issu d’une fibre naturelle. C’est une stratégie qui va se jouer à long terme. De toute façon, la Chine est déjà là. Et il ne faut pas croiser les bras. C’est pourquoi des concertations sont nécessaires. Les professionnels doivent s’organiser pour pouvoir définir des activités.

Les professionnels, qui vont venir, partiront à l’essentiel. Ils vont dire de quoi ils ont réellement besoin. Et c’est à partir de là que des programmes peuvent s’établir, se construire et se poursuivre à long terme.

S. : Comment se fera le financement des projets et programmes ?

D. M. O : Au niveau du budget, on ne peut pas tout le temps avoir tous les moyens comme on veut. On démarre toujours avec un certain nombre de moyens. Et au fur et à mesure qu’on produit des résultats, les gens viendront compléter. En montant nos projets, on a envie de tout avoir pour démarrer. Toutefois la donne aujourd’hui sur le plan local et international a changé, on monte avec le peu qu’on a, on démarre, en fonction des résultats, les gens ont confiance et ils viennent.

Interview réalisée par Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
Sidwaya

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