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BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

Publié le vendredi 6 juillet 2018 à 12h45min

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BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

Nous sommes en période de proclamation des résultats des examens de fin d’année. Cette période fatidique durant laquelle on décide du sort des candidats du primaire, du post-primaire et du secondaire, ce moment qui détermine les efforts prochains des parents d’élèves.

Je me suis amusé à analyser le sujet d’Anglais du BEPC session 2018 ; ce qui m’a permis de constater un non-alignement entre la méthodologie imposée aux enseignants et l’évaluation finale des objectifs de cette méthodologie.

L’objectif principal du programme d’Anglais de la classe de 3e consiste à préparer les enfants à produire oralement et par écrit, dans diverses situations, à la fin de leur programme, (At the end of the fourth year [classe de 3e], the learners will be able to produce in speech and writing meaning fullanguage in various situations). Cela sous-entend que les cours d’Anglais dans les lycées et collèges sont orientés vers la production orale et écrite dans des contextes uniques et spécifiques.

Les cours de grammaire et de vocabulaire servent donc à préparer les apprenants pour cette fin. Cela sous-entend aussi que les devoirs et examens s’inscrivent dans cette logique et le texte et tous les exercices des devoirs et examens suivent une suite logique qui conduit au grand objectif qu’est la production écrite ou orale. Nous avons donc une méthodologie basée sur le sens pratique et non sur la forme théorique.

Dans les devoirs et examens des méthodes basées sur le contenu, les textes servent toujours à créer un contexte de production. La grammaire, le vocabulaire et le sujet de la production écrite doivent forcement avoir un lien avec le vocabulaire, la grammaire et le thème général abordé dans le texte.

Les points de grammaire servent à attirer l’attention de l’apprenant sur la grammaire à utiliser dans sa production ; le vocabulaire lui donne des mots et expressions qui peuvent lui être utiles lors de la production ; et le thème lui donne un vaste champ à exploiter pour des idées. C’est donc étonnant qu’à un examen national, on donne un texte qui traite des faits du passé pour finalement demander aux candidats de produire trois ou quatre phrases isolées au présent.

Le texte de l’épreuve d’Anglais du BEPC session 2018, « Memories », porte sur des faits passés dont l’auteur se rappelle. Le contexte général est donc les mémoires d’enfance, les histoires de la vie familiale, etc. En lisant le texte, on peut bien se dire que l’objectif de cet examen est d’amener les élèves à produire un texte dans lequel ils partagent des mémoires d’enfance ou des histoires relatives à leur vie familiale. Les exercices de la section compréhension de texte confirment cet objectif puis qu’ils maintiennent le contexte, la forme et le fond du texte. Toutes les questions ont pour temps le passé et portent sur les mémoires de l’auteur.

Les exercices des sections vocabulaire et grammaire également donnent des termes et formes grammaticales relatifs à l’histoire. Les mots « remember, retell, forget, strong, weak, peasant, fight for survival » sont des vocabulaires que certains candidats peuvent utiliser pour raconter leur propre histoire. Les exercices de forme de la section grammaire aident aussi les candidats à se rappeler le contexte de l’épreuve et les outillent pour l’objectif principal de l’examen qui est la production à la fin.

Cependant, la partie production, qui est la partie qui détermine l’atteinte des objectifs du programme d’anglais de la troisième, semble ne pas s’inscrire dans la logique du curriculum d’Anglais. Cette partie est la plus importante des évaluations et devait non seulement avoir le plus de points, mais aussi exiger le plus de temps de réflexion et de production. Malheureusement, en plus du faible nombre de points attribué à cette partie, le sujet proposé semble être écarté du thème central du texte et des exercices antérieurs.

Dans cette partie (IV.Writing), on demande aux élèves de donner trois raisons pour lesquelles les enfants doivent aider leurs parents à travailler. Pire, on limite la production en 50 mots maximum, ce qui fait 3 à 4 lignes de production sur l’aide des parents, qui n’est pas développée dans le texte.

L’histoire du texte, qui est le contexte de la production, ne met pas l’accent sur le travail de façon générale. Elle a tout simplement mentionné un cas particulier des travaux champêtres. Le thème central porte sur les mémoires d’enfance et on devait demander aux candidats de raconter une histoire d’enfance, une histoire personnelle. Tous les candidats n’ont pas forcément une expérience dans les travaux champêtres, mais ils ont tous une histoire du passé qu’ils pouvaient raconter.

En plus, on ne peut pas se baser sur trois ou quatre phrases isolées pour juger l’atteinte des objectifs du curriculum. Si l’objectif du programme d’Anglais de la classe de 3e est vraiment la production écrite et orale, on devrait donner plus de temps de réflexion et de production aux candidats. Ils sont supposés avoir dépassé le niveau de production de phrases isolées. À la fin du programme, ils devraient donc avoir le niveau de production d’un paragraphe. Cela sous-entend une maitrise des parties constituantes d’un paragraphe en anglais.

En demandant aux candidats d’écrire trois phrases pour quatre points, en donnant 8 points à la partie compréhension et 6 points à la partie grammaire, on peut dire que cet examen vise à tester le niveau de compréhension de texte des candidats et non leur capacité à produire un texte en anglais.

Les acteurs de l’éducation, et surtout ceux impliqués dans la planification et la mise en œuvre des programmes d’Anglais, doivent travailler à suivre de près les objectifs généraux de nos programmes en classe, tout comme aux examens finaux. Pour ce faire, il faudrait mettre à la disposition de toutes les écoles des prototypes de plans de cours et des rubriques d’évaluation à suivre à la lettre. On ne peut pas laisser chaque enseignant décider quoi enseigner et quoi évaluer quand on sait que tous les enseignants ne sont pas formés pour ces tâches.

Il faudrait aussi mettre à la disposition de toutes les écoles des manuels de référence avec tous les thèmes nécessaires pour le développement des compétences réceptives et productives nécessaires pour les objectifs de notre curriculum. Un tel manuel évitera la navigation à vue durant l’année scolaire, et nous évitera surtout des déviations de ce genre aux examens. Il faudrait également investir pour la formation continue des enseignants en organisant des sessions de recyclage.

Les professeurs qui ont des années d’expériences sont de potentielles ressources qui peuvent aider à la formation des enseignants qui n’ont aucune formation méthodologique ou pédagogique. Il faut enfin qu’on travaille à organiser des sessions nationales de révision et de réflexion sur les principes fondamentaux de nos programmes nationaux. Si nous ne faisons rien, l’école burkinabè risque d’être une usine de fabrication d’une jeunesse frustrée qui se donnera à tout pour assoupir sa frustration.

Somé Kountiala Jean de Dieu
Traducteur-Interprète
Certifié pour l’enseignement de l’anglais comme langue étrangère
Fulbright Scholar
University of Southern Indiana
Email : jeandedieusome87@yahoo.com

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2018 à 12:58, par Bof En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Facebook n’a pas suffit à répandre la bonne nouvelle : Somé Dieu est à University of Southern Indiana aux USA.

  • Le 6 juillet 2018 à 13:00, par bamos En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Eh mon frère vient enseigner au Burkina ainsi vous pourriez faire vos propositions chacun est dans son coin et attends que l autre fasse pour critiquer.

  • Le 6 juillet 2018 à 13:10, par TADAGA aigri En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Mon frere, met toi au serieux hein !
    tu fuis aux US avec l’anglais du Faso et tu bavardes.
    Propose nous mieux.....

  • Le 6 juillet 2018 à 13:15, par tiim menga En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Je ne comprend pas l’anglais mais si’ c’est vrai ce que vous dites c’est très dangereux.Merci pour votre contribution.C’est ça nous voulons pour le développement de notre pays.On doit donner le BEPC à tout ceux dont il a manqué 4 points.Good

  • Le 6 juillet 2018 à 13:52, par UN CANDIDAT En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Ce n’est pas une plateforme publicitaire, mon frère. Il y’a des gens qui sont toujours prêt à se faire voir par tous les moyens.

  • Le 6 juillet 2018 à 14:03, par Un observateur En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Mon frère, il ya la direction des examens et concours ou encore le MENA qui peut recevoir votre contribution si tant est que vous souhaiter apporter votre contribution, sinon, cela ressemble à un excès de zèle inutile et faire croire à certains candidats que c’ est à cause de ce problème qu ’ ils n’ ont pas réussi...... Réflechissz- y un peu....

  • Le 6 juillet 2018 à 14:05, par samm En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Walaye, où étais-tu pendant l’élaboration des sujets ??
    j’ai pas eu la force de tout lire. trop long en fait !!

  • Le 6 juillet 2018 à 14:50, par Bernard Luther King ou le Prophete Impie En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Merci pour cette belle analyse technique, qui surfe entre certaines nuances didactiques. C’est vraiment Pro de votre part. Beaucoup de gens sont sensibles à tout sauf aux nuances intellectuelles surtout quand il s’agit de leur amour-propre. Over to you, auteurs de ce sujet !
    A bas Dieu et vive la securité routière.

  • Le 6 juillet 2018 à 15:42, par M.S. En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Voilà une réflexion qui pourrait être instructive, à la condition que M. Somé Kountiala Jean de Dieu utilise le texte en question pour une illustration concrète de ce qu’il suggère. Par exemple, prenez le texte tel qu’il est, et à la lumière de ce que vous savez des objectifs de l’enseignement de l’anglais au Burkina Faso, particulièrement en classe de 3ème, et de la pédagogie préconisée dans les écoles et instituts de formation, proposez des questions qui mettraient en évidence ce que vous suggérez. Les avantages que l’on pourrait en tirer : les enseignants d’anglais pourraient comparer le produit de vos réflexions à l’existant et éventuellement améliorer leurs pratiques (formation continue), tout comme les formateurs pourraient s’en inspirer dans les écoles et instituts, en formation initiale. Vous pourrez partager cela sous forme d’article (comme vous l’avez si bien fait dans lefaso.net) ou même à travers les réseaux sociaux. Cela pourrait sûrement faire du bien à plus d’un.

  • Le 6 juillet 2018 à 16:10, par Sala En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Merci mon frère ton argumentaire est très correcte. Il y a vraiment une incohérence. Il faudra veiller à cela pour les examens à venir.

  • Le 6 juillet 2018 à 16:20, par roga En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Analyse pertinente je deplore surtout dans la partie writing ou ce qu on demande aux enfants n a pas de rapport avec le message que le texte vehicule.en plus avec les cinsignes la langue perd sa valeur

  • Le 6 juillet 2018 à 18:53, par SOME En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Merci mon frere pour ton article. L’objection soulevée est reelle. Tel est le probleme lorsque l’onse precipite pour copier de systeme educatif d’autres pays, en l’occurence ici la france qui elle meme a copié le systeme americain.
    Nous "oublions" que le syteme educatif est la base de notre vision de la societe que nous voulons creer. Si une langue (en le cas d’espece, l’anglais) sert en premier objectif a communiquer, nous nous devons de creer nous memes le contenu de notre systeme educatif qui corresponde à nos realites sociales au lieu de nous contenter de recopier ce que d’autres ont produit pour correspondre a leur vision de société.

    Evidemment nous copions sans en avoir les moyens ni materiels ni humains de les mettre en pratique. Le programme "Eduquons nos enfants" sous la revolution en 1985 ne consistait pas seulement a construire des batiments, mais aussi a re ecrire le contenu de nos programmes du systeme educatif. Copier pour copier par paresse intellectuelle de mener une reflexion profonde qui prenne en compte et part de sa culture et des ses realites sociales, nous amene a de telles aberrations. Et telle est la situation generale de nos politiques de gestion. Et voila pourquoi, Maman Africa, vos enfants seront toujours en retard.
    SOME

  • Le 6 juillet 2018 à 18:54, par Somé K. Jean de Dieu En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Les commentaires de certains internautes me font reflechir, et je vous remerci pour l’exercice de reflexion.
    1) Je n’ai pas fuit le Burkina Pour les Etats-Unis. Je n’ai d’ailleurs pas la volonté et les moyens de le faire. Je suis juste là pour une formation.
    2) Je n’ai pas fuit avec l’anglais du Burkina pour critiquer l’enseignement de l’anglais au Burkina. J’ai été enseignant vacataire Pendant 6 ans sans bénéficier d’une formation sur l’art et la science de ce metier. J’ai donc cherché une opportunité pour me former dans le domaine et contribuer à la formation d’autres jeunes.
    3) je pouvais envoyer l’article au MENA, mais la probabilité qu’un ensiegnant vacataire apprenne quelque chose dans l’article allait être très faible.
    4) Je ne crois pas vouloir faire une publicité, j’ai juste méné une reflexion que je croyais pouvoir aider pour la préparation des devoirs de classe et pourquoi pas les examens.

  • Le 6 juillet 2018 à 20:13, par Malgoubri En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    L’ auteur reviens au Burkina.il est juste parti se former grâce à la bourse Fulbright pour revenir servir notre chère Patrie dans le domaine de l’éducation. Les remarques sont à prendre Un sérieux. Pour un écrit, il faut attaquer le contenu sur des bases raisonnables et non l’auteur.

  • Le 6 juillet 2018 à 21:07 En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Analyse pertinente. 👏👏👏

  • Le 6 juillet 2018 à 22:03, par hasta la revolution En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Loin d’epauler M some,c’ le même constat que je fais au niveau des langues où parfois il est même conseillé de se mettre à la place de l’élève pour corriger (allemand au bac).la question aujourd’hui est :doit on faire les examens au vu du niveau des élèves ou selon les enseignements fournis ?

  • Le 7 juillet 2018 à 07:47, par SO Roland Alex En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Voilà des erreurs que nous essayerons d’éviter désormais dans la composition de nos devoirs !
    Thanks John and keep on making objective analyses without feeling obliged to answer back negative criticism !

  • Le 7 juillet 2018 à 07:51, par Sidibé Souleymane En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Acceptons d’apprendre les uns des autres, cela nous édifie tous, et le pays avancera...

  • Le 7 juillet 2018 à 12:06, par Golden En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Monsieur Somé tous ceux qui sont sincères vous féliciteront par contre il y’a des gens qui n’aiment que les réactions inutiles et inappropriées ; ceux là vous taxeront de tous les maux. N’écoutez surtout pas ces derniers.
    Moi, même, malgré que je ne suis pas professionnel du métier de l’enseignement avec mon oeil de profane, ai vu bien avant votre écrit, certaines des incohérences que vous avez soulevé. Et pour le BEPC ça vaut encore mieux. je vous invite a aussi jeté un oeil sur l’épreuve du BAC 2018 série D. c’est tout simplement terrible et déjà je vous avoue que vous ne verrez pas seulement des incohérences mais surement de la déviation.

  • Le 8 juillet 2018 à 00:19, par Moi En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    Monsieur Jean do you mean that’s a construct validity issues here : not measuring what one intends to measure ?

    We have so long road to walk ?

  • Le 8 mai 2019 à 00:44, par Bassolé Shakespeare En réponse à : BEPC 2018 : Jean de Dieu Somé décèle des incohérences dans l’épreuve d’Anglais écrit

    De ma part, je pense que vous êtes un ’’ tueur’’ de l’éducation Burkinabè. Si vous croyez avoir des connaissances ou un avis propre à celà, où étiez-vous lors de la mise en scène de ces sujets ? C’est une manière de se faire voir et non une contribution au système éducatif. En plus,il paraît très vilain que, cela se postule sur les réseaux sociaux pour ’’ te foudre’’ de ta nation.

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