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Réinsertion des sinistrés de Nemnin : Un casse-tête pour la mairie

Publié le mercredi 13 juillet 2005 à 07h20min

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Après les dégâts causés par la pluie du dimanche dernier au secteur 12 de Ouagadougou, les riverains du barrage n°2 se sont retrouvés dans une situation difficile. Le maire de la commune de Baskuy, Marin Ilboudo, fait l’état des lieux et évoque les dispositions prises pour "recaser" les sinistrés.

Le Pays : Suite aux dégâts causés par la pluie, certains sinistrés ont accusé la mairie, d’autres ont lié le problème aux vannes du barrage qui sont fermées, empêchant l’eau de couler, etc. Qu’en dites-vous ?

Marin Ilboudo : Je voudrais, dans un premier temps, dire notre compassion par rapport à la situation des sinistrés et déplorer cette situation que nous vivons. Pour ce qui est des inondations, nous avons essayé de parer au plus pressé, en cherchant des sites d’accueil dans les écoles riveraines, pour installer les différentes familles qui ont été touchées. Ce sont là, les solutions immédiates. Actuellement, nous faisons un inventaire pour évaluer leurs besoins.

Ces besoins seront précisés de concert avec les intéressés, pour ne pas prendre des dispositions qui ne leur conviennent pas. Pour les solutions à long terme, et à titre de rappel, lorsque la toute première inondation de pluie a eu lieu en 2001, nous avions, au préalable, été tenus informés de la situation dans laquelle vivaient ces populations riveraines. Avant la mise en place des conseils municipaux, il y a eu des actions qui, semble-t-il, ont été envisagées mais n’ont pas abouti. Nous avons été amenés à nous assumer, en reprenant le dossier à zéro.

Et ce, à travers la mise en place d’une commission chargée de réfléchir sur la situation des concessions de populations résidant aux abords des barrages n°1 et n°2. Cette commission, après réflexion, a fait des propositions concrètes qui ont été adoptées par le conseil d’arrondissement et par le conseil municipal. Il s’agissait, entre autres, du recensement des concessions qui sont dans la zone des abords des barrages et qui sont dans une zone à risques. Deuxièmement, il s’agit de procéder au lever topographique de la zone, de manière à identifier la zone inondable et la zone non inondable.

Troisièmement, il s’agit de faire l’évaluation de tous ceux qui sont dans la zone et qui sont détenteurs de titre de propriété. Nous entendons par titre de propriété, le titre foncier ou le permis urbain d’habiter. A ce jour, le recensement et le lever topographique sont terminés. Nous en avons fait un compte rendu aux populations des zones concernées et nous procédons maintenant à l’évaluation des détenteurs de titre de propriété. Cette opération prendra fin dans les jours prochains. A partir de là, nous allons faire un rapport au Conseil municipal qui prendra des décisions.

Deux perspectives se présentent à nous. Dans un premier temps, il s’agit de procéder au déménagement de tous ceux qui sont dans la zone à risques, sur d’autres sites. Il se traduira par une attribution de parcelles à tous ceux-là dans les arrondissements en cours de lotissements et qui ont encore de l’espace. Il y a ensuite ceux qui ne sont pas dans la zone à risques mais qui, forcément, ont des investissements qui ne correspondent pas à l’environnement et qui sont toujours dans une zone non lotie. Un plan d’aménagement va être fait avec un cahier de charge que tous ceux qui veulent rester seront obligés de respecter.
Au-delà de ces hypothèses, les détenteurs de titre foncier sont susceptibles d’être dédommagés. Pour cela, nous sommes en train de procéder à l’évaluation pour connaître le montant éventuel à prévoir au niveau de la commune de Ouagadougou.

Selon vous, dans quel arrondissement pensez-vous qu’il y ait toujours de la place pour loger ces populations ?

Dans tous les quatre arrondissements en dehors du nôtre, il y a de la place. Nous pensons que la solidarité existant entre les différents arrondissements de la commune de Ouagadougou devrait permettre de trouver un site. A priori, nous n’avons pas de préférence pour tel ou tel arrondissement. L’essentiel c’est de trouver le site d’accueil pour ces gens pour éviter que l’on revive des drames de ce genre. Dieu merci, nous n’avons pas eu de pertes en vies humaines. Certaines personnes ont évoqué des lenteurs, mais il est toujours mieux de prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la bonne mise en oeuvre de l’opération. Nous demandons de la compréhension de la part des sinistrés.

La mairie a-t-elle sa part de responsabilité dans cette situation précaire qui vient de se produire ?

Je ne ferai pas de fuite en avant, parce que l’Administration a bien une part de responsabilité. Elle est une continuité. Le seul fait d’avoir laissé les gens s’installer dans le lit du barrage en est une. Il y a aussi ceux qui sont dans la zone à risques et sont détenteurs de titre de propriété délivrés par l’Administration. Même si ce n’est pas celle qui prévaut actuellement. Nous ne pouvons donc pas denier notre responsabilité dans la situation. C’est pour cela que nous avons décidé de résoudre la question de façon définitive en allant au rythme que nos moyens nous permettent.

Quelles sont les écoles qui abritent présentement les sinistrés ?

Il s’agit des écoles du secteur 11 : école Kologh-Naba, qui accueille plus de 260 personnes. Celles du secteur 12, école Norghin a plus de 264 personnes et celle de Dapoya, plus de 140 personnes. D’autres dispositifs sont mis en place pour désinfecter l’environnement immédiat (WC) et éviter qu’une épidémie ne se déclenche. Des services d’hygiène s’en occupent. Nous sommes en train de prendre aussi des dispositions pour décongestionner les sites autant que possible parce qu’il y a du surnombre dans les classes ; ce qui ne favorise pas une intimité entre les membres d’une famille. Même si, dans une situation pareille, il est mal placé pour aborder cette question.
Nous avons identifié comme besoins pressants, des nattes, des couvertures, des seaux, les vivres et des tentes.

Propos recueillis par Christine SAWADOGO
Le Pays

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