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Pierre Sané : "La pauvreté tue plus que les guerres"

Publié le mercredi 13 juillet 2005 à 07h35min

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Le ministère de la Promotion des droits humains a organisé, du 4 au 8 juillet dernier, les consultations nationales sur "La pauvreté saisie par les droits humains".

Ces rencontres entraient dans le cadre d’un projet UNESCO pour la réduction de la pauvreté et le renforcement de la sécurité humaine dans quatre pays de la sous -région. A l’issue de ces consultations, nous avons rencontré M. Pierre Sané, sous-directeur général de l’UNESCO pour les sciences sociales et humaines.

M. Sané, vous participez aux consultations nationales du Burkina sur "La pauvreté saisie par les droits humains". Quelles raisons ont guidé l’UNESCO dans sa démarche ?

• L’UNESCO a un programme de recherches, d’actions et d’éducation dans le domaine des droits humains. Par ailleurs, l’UNESCO s’est engagé, avec les autres agences du système des Nations unies, à une programmation visant à atteindre les objectifs du millénaire dont le premier concerne la lutte contre la pauvreté.

Alors, nous avons intégré ces deux éléments en posant le postulat selon lequel la solution à la pauvreté passe par une stratégie des droits de l’homme. Donc, nous cherchons à saisir la pauvreté par les droits de l’homme à travers un travail de recherches, de sensibilisation et de Lobbying. Et c’est ce qui m’amène aujourd’hui au Burkina Faso, après avoir fait un travail similaire au Niger, au Mali et au Sénégal. Cette fois-ci nous nous rencontrons au Burkina et nous espérons, dans quelques mois, nous retrouver au Bénin.

En quoi selon vous, la pauvreté peut-elle être perçue comme une violation des droits humains ?

• Vous savez, la pauvreté tue plus que toutes les autres causes de mortalité. En Afrique, la pauvreté tue plus que toutes les guerres réunies. Elle tue plus que les catastrophes naturelles.

Quand en 1994 il y a eu le génocide au Rwanda où en l’espace de 4 mois entre 800 000 et 1 million de personnes ont été massacrées, cela a constitué le summum de l’horreur pour les Africains et la Communauté internationale. Mais, rendez-vous compte que ces quelque 800 000 personnes qui ont été tuées en 1994 ne représentent que 10% des enfants qui meurent chaque année en Afrique, à cause de la pauvreté. En effet, on estime à 8 millions, le nombre d’enfants qui meurent sur notre continent à cause de la pauvreté. Cela constitue une violation des droits humains, car ce sont des morts que l’ont peut empêcher . Et nous disons que lorsqu’il y a une mort, celle-ci peut être empêchée et que, si on ne fait rien pour cela, il y a d’un point de vue moral, violation des droits humains.

Pourquoi avoir choisi ces quelques pays africains pour lancer cette initiative ?

Au départ, c’est le Niger qui était le premier pays intéressé à travailler sur le concept de "la pauvreté saisie par les droits humains". Et nous avons répondu présent. C’est donc ainsi que le Niger a organisé une consultation nationale afin de définir un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

Le Mali, qui avait envoyé des observateurs à ces consultations nigériennes, a montré de l’intérêt pour cette initiative. Là aussi, nous avons répondu présent. De même, lorsque nous avons organisé la réunion au Sénégal, ce pays a montré de l’intérêt pour le concept. Et le Burkina que j’avais invité à Dakar, en tant qu’observateur, a participé à cette réunion. Par la suite, Mme Monique Ilboudo, ministre burkinabè de la Promotion des droits humains, a manifesté son intérêt pour notre initiative, d’où la présente rencontre.

Pour les consultations au Burkina, nous avons invité le Bénin en tant qu’observateur, et si ce pays est intéressé, nous l’appuierons. Nous profitons en fait de chaque consultation nationale pour inviter les pays qui sont déjà impliqués (NDLR : le Niger, le Mali et le Sénégal) ainsi que ceux qui ne le sont pas encore (NDLR : le Bénin) en tant qu’observateurs.

Ils viennent, observent, et si cela les intéresse, l’UNESCO les appuie. Donc, le Bénin qui est là en tant qu’observateur, va peut- être organiser une consultation similaire dans 6 mois.

Propos recueillis par H. Marie Ouédraogo
L’Observateur

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