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Atelier théâtre burkinabè (ATB) : Un menu alléchant pour les 40 ans d’existence

Publié le jeudi 14 juin 2018 à 09h22min

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Atelier théâtre burkinabè (ATB) : Un menu alléchant pour les 40 ans d’existence

L’Atelier théâtre burkinabè (ATB), fleuron du théâtre au Burkina Faso, fête ses 40 ans d’existence du 15 au 25 juin 2018. Pour parler des festivités entrant dans le cadre de cette célébration, mais également du bilan de ses 40 années, nous sommes allée à la rencontre de Prosper Kompaoré, directeur de l’ATB et par ailleurs professeur d’art dramatique à l’Université Ouaga I Pr-Joseph-Ki-Zerbo.

Lefaso.net : Présentez-nous l’Atelier théâtre burkinabè

Prosper Kompaoré (P.K.) : L’Atelier théâtre burkinabè (ATB) va célébrer, le 18 juin 2018, ses 40 ans d’existence, donc nous avons été créés le 18 juin 1978. Dès sa création, l’ATB s’est donné pour objectif de mener des activités théâtrales allant dans le sens de la sensibilisation des populations, de l’éveil des consciences, du développement. Si bien que notre devise dès le début c’était « Le théâtre au service du développement ».

C’est comme cela que depuis lors, nous avons travaillé aussi bien avec des pièces d’auteurs que des pièces de sensibilisation. L’ATB, c’est plus qu’une simple compagnie, c’est une troupe, c’est une maison, c’est une famille, c’est une école où se retrouvent des jeunes gens, des jeunes filles issus de milieux différents, de niveaux artistiques différents, mais qui ont en commun cet amour de l’art dramatique, ce désir de se rendre utile socialement par l’expression artistique.

Et donc nous avons pu, au cours des années, expérimenter différentes approches du théâtre de sensibilisation et en particulier du théâtre-forum dont nous avons été pour ainsi dire les propagandistes au plan national et international, puisque nous avons formé beaucoup d’autres troupes dans la sous-région et même beaucoup plus loin.

Lefaso.net : 40 ans d’existence, quel bilan faites-vous aujourd’hui du chemin parcouru ?

P.K. : À l’orée de ses 40 ans de service, la troupe Atelier théâtre burkinabè peut présenter un bilan d’activités, fruit des efforts consentis année après année par plus de 300 jeunes comédiens et comédiennes qui ont chacun ajouter une pierre à la construction de cet édifice commun que nous nommons ATB. Au nombre des principales réalisations nous notons :

• Les créations et représentations de pièces de théâtre de sensibilisation sous forme de théâtre-forum, de théâtre-procès ou de théâtre communautaire, en collaboration avec de nombreux partenaires, acteurs de développement ;

• Les créations et représentations de pièces d’auteurs avec pour ambition d’offrir au public des spectacles de grande qualité artistique et dont le contenu est jugé pertinent pour le développement de nos pays ;

• L’organisation d’un grand évènementiel de portée internationale : le Festival international de théâtre pour le développement (FITD) de 1988 à 2014. Les quatorze premières éditions du FITD ont conforté la visibilité du concept de théâtre pour le développement et renforcé l’image du Burkina Faso comme l’une des places fortes du théâtre et des arts vivants en Afrique ;

• L’organisation de compétitions artistiques destinées au public jeune : les écoliers du primaire avec le Concours artistique du primaire de Ouagadougou (CAPO) ; les élèves et étudiants avec le Concours artistique des scolaires et étudiants de Ouagadougou (CASEO). Ces évènementiels sont des opportunités données aux élèves et étudiants d’élever leurs niveaux de pratiques culturelles et de développer des pépinières de futurs artistes dans les disciplines des arts de la scène ;

• L’organisation d’une grande compétition à destination du monde du théâtre burkinabè pratiquant le théâtre-forum : le Concours de théâtre-forum (CTF) qui réunit depuis bientôt 20 ans des dizaines de troupes théâtrales à la recherche de l’innovation et de la reconnaissance publique de leurs compétences artistiques ;

• L’institution d’un programme de labellisation entrant dans le cadre de la formation continue et de la professionnalisation des troupes de théâtre-forum. Ce programme, soutenu par l’ONG luxembourgeoise Frères des hommes Luxembourg (FDH), a vu le couronnement des dix premiers lauréats de la formation en décembre 2017 ;

• L’institution de l’École de théâtre de l’ATB qui, depuis 18 ans, assure la formation en théâtre et en danse d’une dizaine de jeunes gens et jeunes filles chaque année sur une période de deux ans. Cette structure est appelée à se professionnaliser davantage et à diversifier ses offres de formation pour répondre aux attentes des candidats à la formation.

• La gestion et l’entretien d’un espace théâtral qui fait la fierté de la ville de Ouagadougou comme l’un des centres culturels privés de proximité les plus performants, les mieux équipés et les plus fréquentés. L’espace ATB et le centre d’accueil ainsi que le foyer de l’ATB accueillent des publics variés des manifestations diverses, tant au plan théâtral que culturel, social, politique, etc.

Lefaso.net : Les festivités du quarantenaire débutent le 15 juin prochain, que promettez-vous à ceux qui feront le déplacement ?

P.K. : Ce que nous promettons déjà, c’est la certitude de voir tous les jours déjà deux, trois ou quatre pièces de théâtre à leur choix, parce qu’en après-midi entre 15h et 17h, il y aura tous les jours au moins deux pièces de théâtre dans le cadre du concours du théâtre-forum. Et là ce sont des spectacles ouverts. Ce sont des spectacles en grande partie joués en langues nationales mooré ou dioula. Ce sont des spectacles de sensibilisation qui posent des problèmes réels que les gens connaissent.

Tous les jours également de 19h à 21h, voire 22h, ils vont pouvoir voir des spectacles donnés aussi bien par des troupes burkinabè que des troupes qui nous viennent du Tchad, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Niger, du Bénin et j’en oublie. Nous pouvons garantir que ceux qui aiment le théâtre en auront pour leur compte.

Lefaso.net : Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans l’organisation de ce 40e anniversaire ?

P.K. : Difficultés de principe, non. Tous ceux à qui nous nous sommes adressés nous ont accueillis favorablement. Nous avons reçu des encouragements, des lettres de félicitations du chef de l’Etat, du ministre de la Culture et de beaucoup d’autres ministres. À côté de cela, nous avons, c’est vrai, eu du mal à faire participer financièrement des sponsors, des donateurs. Je trouve ça triste.

Non pas tant parce que nous n’allons pas avoir l’argent pour faire comme on voudrait, mais triste de voir que ceux-là qui sont prêts à donner de l’argent pour d’autres futilités, pour des choses qui n’ont pas plus d’importance que cela, ne prennent pas au sérieux le théâtre, ne considèrent pas que ça vaut le coup qu’ils sponsorisent un événement théâtral.

Je trouve ça dommage. Nous avons lancé nos cris de détresse partout où on pouvait le faire, mais on n’a pas eu des gens qui se sont levés pour nous donner quelque chose. Moi je pense que ça devrait être une sorte de réflexe, j’allais dire citoyen, que tous ceux qui ont les moyens viennent soutenir des initiatives de ce genre. Parce que nous allons offrir pendant dix jours au public, des spectacles de toutes sortes, variés.

On ne se sent pas suffisamment compris et épaulés pratiquement. Les encouragements, on en reçoit. C’est vraiment une préoccupation. Mais nous ne désespérons pas, parce qu’il y a des gens qui sont de vrais amis du théâtre et qui, outre leurs encouragements, font l’effort de se déplacer et ce sont ces gens-là que nous encourageons à venir tous les jours.

En plus de cela, nous lançons un appel aux groupes organisés, notamment les élèves et les étudiants. Il faut qu’ils viennent aussi s’instruire. Les livres, c’est bien, mais la scène ça va encore plus profondément dans leurs acquisitions, parce que dans le processus d’apprentissage, l’une des choses qui marquent, c’est ce qu’on voit. J’invite les travailleurs à venir, parce qu’il y a des spectacles qui posent des problèmes de société qui les concernent et où ils ont peut-être leur mot à dire.

L’ATB a concocté une nouvelle création, une pièce qu’on a déjà joué dans le passé à deux reprises, donc ce sera la 3e reprise de cette pièce « Gouverneur de la Rosée ». Les plus anciens s’en souviennent et certains en gardent la nostalgie. Eh bien, « Gouverneur de la Rosée » revient sur scène. Nous allons jouer le 15, le 21 et le 23. Et moi qui vous parle, je vais y payer de ma propre personne parce que je vais être sur la scène. Donc ceux qui pensent que le vieux père est fatigué, qu’ils viennent me voir sur scène. Il y a suffisamment de raisons pour que chacun fasse l’effort de venir ne serait-ce qu’une fois voir les pièces.

Propos recueillis par Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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