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Winner industrie : Le cri de détresse des travailleurs

Publié le mercredi 13 juillet 2005 à 07h36min

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C’est un secret de polichinelle, la société Winner Industrie traverse depuis quelques mois, une période difficile. Derrière cette situation se cache l’importation frauduleuse et massive de piles d’origine asiatique.

Même de piètre qualité, ces produits ont inondé le marché national mettant ainsi en difficulté Winner Industrie, l’un des fleurons de l’économie nationale. Et c’est cette industrie vacillante que le Premier ministre a découvert en marge de la rencontre gouvernement-secteur privé, vendredi 8 juillet 2005.

C’est devenu classique : en marge de chaque rencontre gouvernement- opérateurs du secteur privé, les sorties dans des unités industrielles sont inscrites au programme. A cette 5ème rencontre, Winner Industrie et SIPAM, étaient ciblées. La sortie du Premier ministre à Winner Industrie était très attendue par la direction et le personnel.

Elle s’apparentait plutôt à un ultime espoir de sauvetage de la boîte tant les difficultés se sont multipliées ces dernières années avec la libéralisation de l’économie intervenue en 2000. « Cette visite dans notre société revêt un caractère particulièrement important pour nous et pour l’ensemble de nos travailleurs. Elle suscite déjà en nous beaucoup d’espoir. C’est pour vous dire que nous ne voulons pas mourir ». Ces propos de la directrice apparaissent comme un cri de détresse, un appel au secours adressé au Premier ministre.

Cette société qui a vu le jour en 1974 a vécu des moments de prospérité avant de connaître des jours sombres. A l’instar de nombreuses unités industrielles de Bobo-Dioulasso, Winner Industrie n’a pas pu s’adapter au nouveau contexte économique. Pire, elle est devenue la victime d’une concurrence déloyale suite à l’entrée frauduleuse et massive de piles en provenance notamment de la Chine.

Malgré les multiples initiatives de sauvetage décidées par la direction, la société a poursuivi sa descente en enfer caractérisée par une perte de 57,02 % du chiffre d’affaires en 2004, 67,76 % de la valeur ajoutée et 62,60 % de sa contribution au titre des impôts et taxes.

Dans le même ordre, le nombre des travailleurs a été dégraissé de 300 à 150 actuellement. Autrement dit, sur quatre équipes, une seule est en service.

Winner Industrie souffre d’un mal bien connu de tous : la concurrence déloyale. Cette pratique qui est dénoncée, chaque année, à la rencontre des acteurs du secteur privé et du gouvernement. Des engagements pris dans le sens de la lutte contre ce fléau n’ont pas toujours été suivis d’effet. Lors du forum 2004, des actions d’envergure avaient été annoncées. Mais hélas ! rien de tout ça. Pourtant l’heure n’est plus à la tergiversation.

A l’instar de Winner Industrie, la SN-CITEC et la SAP, pour ne citer que celles-là, sont aussi dans le pétrin. Il est temps d’agir car la zone industrielle de Bobo-Dioulasso se meurt. Un proverbe de chez nous le dit bien : « il ne faut pas attendre que le mal pénètre dans la maison avant de fermer la porte », sinon il sera trop tard.

Frédéric OUEDRAOGO
Sidwaya

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