LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Éducation : Les syndicats tiennent à l’application du protocole d’accord signé avec le gouvernement

Publié le mercredi 6 juin 2018 à 23h35min

PARTAGER :                          
Éducation : Les syndicats tiennent à l’application du protocole d’accord signé avec le gouvernement

Faut-il craindre une nouvelle crise dans le secteur de l’éducation ? Dans les régions des Haut-Bassins, des Cascades et du Sud-Ouest, où le ministre en charge de l’Éducation, Pr Stanislas Ouaro, a séjourné du 1er au 4 juin, en vue d’encourager et de recueillir les préoccupations des acteurs intervenant dans le système éducatif burkinabè, les syndicats ont invité le gouvernement à avoir un « œil particulier » sur le protocole d’accord du 28 janvier 2018.

« Je suis enseignant et je tiens à ce que l’éducation soit valorisée. Je comprends qu’il y a eu des précédents, qu’il y a un déficit de confiance entre les partenaires sociaux et nous. Je ne cherche pas à ramener cette confiance par la force, mais par des actions », foi du Pr Stanislas Ouaro.

À Bobo-Dioulasso, à Banfora et à Gaoua, si les préoccupations des acteurs de l’éducation sont les mêmes, l’une des questions qui leur tiennent sans nul doute à cœur, c’est le respect du fameux protocole d’accord signé entre le gouvernement et la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE). On s’en souvient, le 30 mai dernier, la CNSE a reçu, des mains du chef de département de l’Éducation, le document technique relatif à l’adoption du statut valorisant des personnels de l’éducation et de la recherche. Une rencontre au cours de laquelle le ministre Ouaro a indiqué que la partie syndicale devrait recevoir, le 11 juin prochain, le projet de statut y relatif.

Si ce projet de texte annonce l’opérationnalisation tant attendu du statut valorisant le corps enseignant, la partie syndicale reste néanmoins sur ses gardes. « Si le gouvernement respecte ses engagements, tout peut bien se passer. Sinon, la base bouillonne », a prévenu Albert Traoré, coordonnateur régional des syndicats de l’Éducation des Cascades, soulignant que « ce sont des moments comme ça qui nous permettent de tirer sur la sonnette d’alarme, et depuis la nuit des temps, le gouvernement n’écoute que lorsqu’il est pris à la gorge. On n’a pas le choix, ce n’est pas du chantage. La période des examens est très sensible. C’est une période durant laquelle nous faisons le maximum pour résoudre le maximum de problèmes. On ne va pas le cacher ».

« Il ne faut pas inquiéter les gens »

Malgré les difficultés, le gouvernement tient à réaffirmer son engagement à respecter le protocole d’accord. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de la présente rencontre. Le ministre de l’Éducation le répétera à Bobo-Dioulasso, à Banfora et à Gaoua. Enseignant lui-même, le Pr Stanislas Ouaro dit comprendre la nécessité de valoriser ce métier. « Il n’y a pas ce pays qui s’est développé sans un système éducatif de qualité. Même si certains sont venus dans l’enseignement parce qu’ils recherchaient un emploi, nous ferons un effort pour les maintenir ».

Et quand certains conditionnent la tenue des examens au protocole d’accord, le chef de l’Éducation martèle : « Je souhaite qu’on ne lie pas les examens au protocole d’accord. On n’a pas l’intention d’accélérer et après les examens, baisser les bras. Ce qu’on est en train de faire maintenant n’est pas lié aux examens. Même ceux qui parlent sont concernés. Il y a toujours eu des examens au Burkina et il y en aura toujours ».

Déjà, il soutient que dès sa prise de fonction, un comité bipartite de suivi de mise en œuvre du protocole d’accord signé entre la Coordination nationale des syndicats de l’éducation et le gouvernement, a été mis en place. Des 56 engagements qui ont été pris par le gouvernement, il rassure que des engagements ont été mis en œuvre dans les délais, certains ne le sont pas et seraient donc en cours d’exécution, et d’autres engagements, dit-il, ont des échéances qui ne sont pas encore arrivées à terme.

Au titre des engagements qui ont été mis en œuvre dans les délais, figure entre autres, selon le ministre, le paiement des arriérés de salaire des ex-formateurs des centres d’éducation de base non-formelle. « Ces derniers fonctionnaient sur la base d’un projet qui s’est achevé en fin décembre 2016 et lorsque ce projet a pris fin, il se trouvait que les apprenants n’avaient pas terminé leur formation. On a donc laissé les formateurs poursuivre sans un nouvel engagement.
On a un certain nombre de rapports avec nous, signés par des groupes, qui ont arrêté leurs interventions deux ou trois mois après », a expliqué Stanislas Ouaro, reconnaissant que « c’est une faute de l’administration que nous assumons ». Les syndicats ayant exigé que les ex-formateurs des centres d’éducation de base soient payés pour toute l’année 2017, le ministre de l’Éducation rassure qu’à ce jour, ces derniers ont perçu leurs arriérés de salaire. Le premier paiement étant intervenu en fin février 2018.

L’un des acquis de la lutte des enseignants est également la création de nouveaux corps de métiers, tels que ceux relatifs aux métiers de laborantins et d’administrateurs d’établissement au niveau du post-primaire et du secondaire. « On a inscrit la création de ces emplois dans le Répertoire interministériel des métiers et des emplois (RIME) de l’administration. Ce RIME va être adopté bientôt », a noté Stanislas Ouaro.

Au titre des acquis, on note également la relecture des textes d’application des bourses d’études basées sur l’excellence. À ce sujet, le ministre soutient également que les textes ont été relus à la faveur des négociations. Les partenaires sociaux ayant jugé qu’il était nécessaire de prendre en compte l’origine sociale, les textes ont donc été relus et « le projet de décret est actuellement au Secréterait général du gouvernement ». Désormais, 60% des bourses seront attribuées aux enfants des familles défavorisés mais excellents ; 40 % pour ceux qui sont excellents.

Des efforts sont également en cours pour l’apurement des actes, malgré la tâche énorme qui existe au sein du MENA. « Le ministère de l’éducation représente 2/3 des fonctionnaires de l’Etat. Il ne s’agit pas de dire qu’on travaille plus que les autres ministères, mais il faut le reconnaître, il y a une charge de travail énorme au MENA », a confié Stanilas Ouaro.

Et après près d’un mois de suivi, il note qu’à la date du 31 mai, le nombre d’agents qui doivent bénéficier de reclassement, d’avancement et de bonification d’échelon a évolué. Sur les 13 589 agents enregistrés pour les reclassements, 10 812 actes ont été signés. S’agissant des actes d’avancement, sur les 26 928 actes enregistrés au départ, 20 086 ont été signés. Quant aux bonifications d’échelon, 341 actes ont été signés sur les 397 enregistrés.

Stanislas Ouaro rassure qu’en dépit des difficultés, le gouvernement tient à respecter ses engagements pris dans le cadre du protocole d’accord.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND