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Rapport sur les exactions au nord du Burkina : « C’est une façon de décourager nos FDS qui sont sur le terrain »

Publié le mardi 22 mai 2018 à 12h18min

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Rapport sur les exactions au nord du Burkina : « C’est une façon de décourager nos FDS qui sont sur le terrain »

L’ONG Humain Rights Watch a publié, le lundi 21 mai 2018, son dernier rapport intitulé « Le jour, nous avons peur de l’armée, et la nuit des djihadistes », qui porte sur les conséquences des attaques terroristes et des répliques des forces de sécurité dans le nord du Burkina. Les Éditions Lefaso.net vous proposent quelques réactions d’acteurs politiques et de responsables d’Organisations de la société civile (OSC) sur le contenu de ce rapport.

Philippe Ouédraogo, Parti pour la démocratie et le socialisme/Parti des bâtisseurs (PDS/Metba)

« Au niveau national, on n’avait pas cette information que nos FDS (Forces de défense et de sécurité, ndlr) se sont rendues coupables d’exactions à l’égard des populations. Si l’information est avérée, c’est condamnable. Je pense qu’il faut avoir plus de précision, savoir exactement ce qui est reproché aux FDS et dans quelle circonstance tout cela est arrivé. Les exactions ne sont pas admissibles quelle que soit éventuellement la suspicion qu’on peut avoir vis-à-vis de ces populations quant à une éventuelle complicité avec les terroristes. Pour la suite des actions des FDS, c’est important que la confiance se rétablisse assez rapidement avec la population. Je pense que dans ce cadre aussi, la justice doit jouer un rôle, c’est-à-dire savoir effectivement ce qui s’est passé de manière à ce que les coupables soient punis afin d’éviter, au niveau de la population, un sentiment d’impunité ».

Siaka Coulibaly, analyste politique

« Je connais bien Human Rights Watch. Ils ne travaillent pas sur la base des rumeurs. Ils ont dû faire des relevés d’informations et de données sur le terrain avant de publier ce rapport. Par ailleurs, nous étions déjà au courant qu’effectivement les FDS avaient des manières un peu énergétiques pour ne pas dire violentes vis-à-vis de la population avant que Humain Rights Watch n’en parle. Ce rapport ne m’étonne pas ».

Hervé Ouattara, président de Citoyens africains pour la renaissance (CAR)

Hervé Ouattara, président de Citoyens africains pour la renaissance (CAR)

« A priori, je dirai que la question du terrorisme concerne presque tous les pays de la sous-région africaine, voire au-delà. Au Burkina, nous vivons la même situation que pas mal de pays. C’est déplorable surtout au niveau de la partie nord de notre pays. Aujourd’hui, ces questions de terrorisme, d’extrémisme violent et de radicalisme religieux doivent être appréciées à plusieurs niveaux. C’est pourquoi nous pensons à notre niveau qu’au-delà de la riposte militaire, nous, la population, devrions mettre la main à la pâte afin d’apporter, autant que nous pouvons, des solutions à la résolution de cette problématique, qui est transversale. Pour ce qui concerne les exactions sur les civils, il faut proscrire.

À notre niveau, nous n’allons jamais cautionner les exactions. Si cela est avéré, je pense qu’il appartient au gouvernement de travailler avec les FDS et la population à renforcer la confiance sur le terrain afin de permettre une lutte efficace contre le terrorisme dans cette zone. Tant que cette confiance ne sera pas renforcée, il sera assez difficile voire impossible de faire face à cette réalité parce qu’au lieu de fuir les terroristes, nos différentes populations doivent fuir nos propres FDS, donc cela devient encore plus compliqué. Je crois que le gouvernement doit rapidement se saisir de cette question, apprécier réellement le niveau d’exaction sur les civils et voir dans quelle mesure travailler à ce que la population soit rassurée de la bonne foi de nos FDS ».

Marcel Tankoano, président du mouvement M21

« Après avoir appris ces agissements, pour nous, c’est d’abord une déception parce que lorsqu’on prend tous les organismes internationaux placés dans nos pays, ils ont des missions souvent inavouées. Ça veut dire que ce sont des organisations dont on ne connaît pas en réalité le rôle. Je vous prends un exemple. Quand on prend les droits humains, on a une situation que la population burkinabè n’arrive pas à comprendre. Lorsque des bandits abattent la population, on a l’impression que les droits humains en ce moment n’interviennent pas.

Mais lorsque la population elle-même veut se défendre, c’est en ce moment qu’ils sortent pour dire que non, il y a droit de l’Homme, alors qu’il y a des exactions de la part des bandits à l’endroit de la population. Donc ce rapport qu’on vient d’apprendre nous déçoit parce qu’en réalité, c’est une façon de décourager nos FDS qui sont sur le terrain. C’est pour dire que ceux qu’on a envoyés pour combattre les bandits ne sont pas honnêtes. Alors que non. Toutefois, cela est interpellateur parce qu’il faut que nos dirigeants cherchent à comprendre le véritable rôle que ces organismes jouent dans notre pays ».

Propos recueillis par Cryspin Masneang Laoundiki
Lefaso.net

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