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Atelier 2iE-CRDI : l’irrigation de complément comme solution aux poches de sécheresse

Publié le lundi 14 mai 2018 à 21h59min

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Atelier 2iE-CRDI : l’irrigation de complément comme solution aux poches de sécheresse

La salle de conférence de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) a abrité, ce lundi 14 mai 2018, l’atelier de lancement du projet « Mise en valeur et gestion durable des bassins de collecte des eaux de ruissellement pour l’irrigation de complément au Burkina Faso et mise à l’échelle au Mali et au Niger ». Un projet financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada.

L’agriculture au Sahel et plus particulièrement au Burkina Faso est largement dominée par les cultures pluviales. Une agriculture soumise donc aux aléas climatiques, notamment aux caprices de la pluviométrie qui a souvent de fortes irrégularités spatio-temporelles, causant ainsi régulièrement des poches de sécheresse. Ce qui limite la productivité agricole et du même coup les revenus des paysans. Pour y faire face, la maîtrise de l’eau s’avère nécessaire. Pour ce faire, des initiatives sont prises à tous les niveaux en vue de résoudre un tant soit peu cette question de la maîtrise de l’eau. C’est dans cette logique que s’inscrit le projet « Mise en valeur et gestion durable des bassins de collecte des eaux de ruissellement pour l’irrigation de complément au Burkina Faso et mise à l’échelle au Mali et au Niger ».

le directeur général de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE), Pr Mady Koanda

Selon le directeur général de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE), Pr Mady Koanda, c’est une fierté pour son institut d’assurer la coordination de ce projet, parce que la technologie née des recherches menées au 2iE permet de faire face aux poches de sécheresse de plus en plus récurrentes. Elle permet en effet aux agriculteurs de disposer dans leurs champs individuels d’un plan d’eau qu’ils utiliseront pour irriguer en cas de sécheresse. L’objectif étant à terme de « contribuer à renforcer la résilience des agriculteurs du Sahel face au changement climatique par une gestion durable et optimisée des bassins de collecte des eaux de ruissellement ».

le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques, Emmanuel Ouédraogo

Ce présent projet, prévu pour durer trois ans, constitue, selon le Pr Mady Koanda, une application à grande échelle d’un précédent projet pilote sur la même thématique et qui avait permis la réalisation de 10 000 bassins de collecte d’eau de ruissellement pour l’irrigation de complément. Ce qui a permis l’augmentation des rendements de maïs qui est passé de deux tonnes à trois tonnes dans la province du Bam et de 1 à 2,2 tonnes dans la province du Yatenga, selon le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydrauliques, Emmanuel Ouédraogo.

Des résultats encourageants donc, qui motivent le gouvernement à accorder « une importance particulière à ce projet qu’il souhaite être un projet exemplaire dans la sous-région pour la maîtrise des poches de sécheresse par l’irrigation de complément », affirme Emmanuel Ouédraogo.
Ce projet financé par le Canada à travers le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) « permet au gouvernement d’atteindre ses objectifs tels que définis dans le Plan national de développement économique et social », foi de l’ambassadeur du Canada au Burkina Faso, Edmond Dejon Wega. C’est pourquoi son pays se félicite du lancement de ce projet qui s’étendra aussi au Mali et au Niger.

Bientôt mis en œuvre au Mali et au Niger

Après la phase pilote relativement réussie au Burkina Faso, le projet doit être mis à l’échelle au Mali et au Niger, ce qui comporte des contraintes. Pour donc une mise en œuvre réussie, une méthodologie doit être élaborée et respectée, d’où l’intérêt de cet atelier qui réunit trois jours durant au 2iE, des participants venus du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Ils devront s’imprégner des contextes et contraintes liées à chaque pays et aux zones ciblées, afin de trouver la méthodologie adéquate pour une mise à l’échelle réussie.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

Portfolio

  • l'ambassadeur du Canada au Burkina Faso, Edmond Dejon Wega
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Vos commentaires

  • Le 15 mai 2018 à 13:52, par KONE En réponse à : Atelier 2iE-CRDI : l’irrigation de complément comme solution aux poches de sécheresse

    Les méthodes d’irrigation de pointe
    En Israël, le secteur agricole est le principal consommateur d’eau. Pour réduire la consommation totale, la quantité d’eau allouée à l’agriculture fait l’objet d’un certain nombre de restrictions, notamment depuis le début des années 1990. Sur une consommation totale de 2 008 millions de mètres cubes en 1997, 1 264 millions (63%) étaient utilisés par l’agriculture, alors que les chiffres correspondants pour l’année 1985 étaient de 1 389 millions (72%) sur un total de 1 920 millions. Il ne fait aucun doute que l’utilisation efficace de l’eau d’irrigation est une priorité essentielle.
    L’une des innovations agro technologiques les plus importantes est probablement l’invention israélienne de l’irrigation au goutte-à-goutte par Simha Blass et son fils (le père avait conçu l’idée et le fils réalisa le dispositif).
    L’irrigation au goutte-à-goutte présente de nombreux avantages par rapport aux autres méthodes :
    • L’eau se déverse uniformément à partir de chaque distributeur adapté au tuyau latéral, même sur un terrain en pente modérée. En outre, la mise au point de distributeurs de compensation permet une irrigation uniforme sur des pentes plus prononcées et sur des distances plus importantes.
    • Des engrais peuvent être apportés à la plante en même temps que l’eau ( fertigation ).
    • L’eau et les engrais sont apportés directement à la racine plutôt que sur la superficie totale du champ, ce qui permet d’éviter le gaspillage des ressources.
    • La quantité d’eau apportée peut être optimisée en fonction des différents types de sols, tout en évitant l’infiltration au-delà de la racine. En outre, des sols sableux qui ne peuvent être arrosés par sillons ou par inondation, peuvent être efficacement irrigués par le goutte-à-goutte.
    • La pousse des mauvaises herbes est réduite au minimum.
    • Entre les rangées plantées, le sol à sec permet aux agriculteurs et aux machines d’accéder aisément et en toute saison.
    • Il est possible d’utiliser une eau de piètre qualité (saumâtre ou d’effluents) car :
    1. L’irrigation au goutte-à-goutte, à la différence de l’irrigation par aspersion permet l’utilisation d’eau saumâtre car le contact direct entre l’eau et les feuilles est évité, prévenant les brûlures.
    2. L’irrigation au goutte-à-goutte entraîne le lessivage permanent des sels autour de la racine, évitant l’accumulation de sels au voisinage immédiat des racines. C’est important lorsque l’irrigation porte sur des sols salins ou s’effectue avec de l’eau saumâtre.
    3. L’irrigation au goutte-à-goutte permet l’utilisation d’eaux usées à peine retraitées. En effet, l’eau étant délivrée à même le sol, les risques sont moindres pour la santé.
    • Des distributeurs réglés pour délivrer une quantité donnée d’eau (de l’ordre de plusieurs litres par heure) peuvent être installés avec l’espacement voulu en fonction des besoins de chaque culture.
    • L’irrigation au goutte-à-goutte est la méthode d’irrigation la plus efficace en termes d’économies d’eau. Comme les distributeurs émettent l’eau directement au sol, à proximité des racines qui l’absorbent immédiatement, l’évaporation est réduite au minimum. Cette caractéristique est particulièrement importante dans les zones arides. Dans l’irrigation par aspersion ou par des méthodes en surface, l’évaporation est renforcée par les vents, alors que leur impact est minime dans l’irrigation au goutte-à-goutte.
    • S’il est entretenu correctement, un dispositif d’irrigation au goutte-à-goutte de bonne qualité peut durer de quinze à vingt ans.
    Le ratio d’utilisation d’eau est le rapport entre la quantité d’eau absorbée par la plante et la quantité totale fournie. Les études ont montré que l’irrigation au goutte-à-goutte permet d’obtenir un ratio d’environ 95%, contre 45% pour l’irrigation en surface et 75% pour l’irrigation par aspersion. On peut donc en conclure que l’irrigation au goutte-à-goutte présente de nombreux avantages par rapport aux autres méthodes, et qu’elle est supérieure à l’irrigation en surface ou par aspersion, en matière d’économies d’eau, notamment quand il s’agit d’approvisionnement en eau limité.
    La situation actuelle
    Ces dernières années, l’approvisionnement en eau d’Israël a atteint un stade d’équilibre extrêmement fragile entre l’offre et la demande par suite de plusieurs facteurs :
    • Une série d’années de sécheresse, aboutissant à un remplissage insuffisant des réservoirs d’eau (aussi bien en surface que dans les nappes aquifères), associé à un pompage excessif des réserves en eau déjà en diminution.
    • Un rapide accroissement de la population du fait de l’immigration (4,8 millions d’habitants en 1990, 6,3 millions en 2000, soit une croissance de 31% en 10 ans), ce qui conduit à une consommation d’eau à usage domestique plus importante.
    • Des hésitations et des retards de la part des décideurs à allouer les ressources financières nécessaires pour des projets de grande envergure comme le recyclage et l’épuration des eaux usées et la construction d’usines de dessalement de l’eau de mer.
    Conclusions
    Cette étude décrit comment on a pu surmonter les contraintes imposées par des ressources en eau limitées et un environnement aride et semi-aride, lorsque les dirigeants ont été capables de définir les besoins futurs, d’identifier les solutions appropriées et de les mettre en uvre. Les technologies de pointe se sont avérées indispensables dans ce processus. Ces dernières années, cependant, la demande sans cesse croissante, principalement du secteur domestique, a créé une situation chronique dans laquelle l’eau provenant des sources naturelles est entièrement utilisée. La seule solution pour assurer un approvisionnement en eau fiable pour la consommation domestique et agricole implique l’adoption de plusieurs mesures simultanées : il faudra imposer des règlements sur l’économie d’eau et construire immédiatement de grandes usines de dessalement de l’eau de mer et de recyclage des effluents urbains.
    Applied Research Institutes
    Ben Gurion University of the Negev
    Be’er Sheva
    Tel : (972)-7-646-1967
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