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Aperçu historique du peuplement de Tansila : De Tissala à Tansila

Publié le jeudi 10 mai 2018 à 22h12min

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Aperçu historique du peuplement de Tansila : De Tissala à Tansila

Le village de Tansila est divisé en deux par une rivière appelée Djodou(qui veut dire « Là où tout le monde se ravitaille en eau »). Cette rivière, qui vient du Mali,traverse plusieurs villages du Sud au Nord. En outre, la quasi-totalité des rivières se jette dans le Djodou. Bouo Douba Dioma en est le chef de terre. Il serait né vers 1928 et est le 26e de sa lignée. Son nom de famille, Dioma, signifie « la fierté » ; Bouo signifie « a vu le jour » et Douba incarne le nom d’un fétiche important qui aurait beaucoup contribué à réguler les comportements sociaux dans le village. Aujourd’hui, frôlant 90 ans, le garant des coutumes de Tansila scrute l’avenir avec une certaine inquiétude qui se lit sur son visage. Il se demande si après sa génération, les successeurs pourront garantir la quiétude des mannes.

Mince, taille moyenne, visiblement fatigué par la maladie et l’âge, le vieux Bouo Doubaa fait des efforts pour répondre à nos préoccupations avec intérêt et précision. Selon lui, la chefferie de Tansila est réservée à la famille Dioma et se transmet de père en fils. Le quartier bobofing, depuis sa création, comporte des maisons en banco juxtaposées les unes sur les autres, avec des touffes d’herbes sur les toits, donnant l’impression d’un site abandonné. Mais un détour dans ces semblants de ruines fait remarquer la présence de vieilles personnes qui refusent de rejoindre les nouveaux quartiers créés par leurs enfants. Ces sexagénaires n’entendent passe séparer des traces de leurs ancêtres,d’autant plus que les maisons en banco abritant les fétiches du village y sont. Ce site ancestral est d’office exclu du projet de lotissement envisagé par la mairie.
Sur ces lieux, nous avons vu le premier puits creusé par le fondateur,Koutiè. Il est toujours exploité pour les besoins ménagers des riverains et surtout pour l’adoration des fétiches. A côté de cette source d’eau intarissable se trouve le palais des 25 chefs de terre et du village qui se sont succédé jusqu’au 26e. Dans ce village bobofing, on rencontre les grands arbres qui ont marqué l’histoire. Il s’agit des fromagers, des baobabs et des caïlcédrats auxquels des rites périodiques sont dédiés. Les us et coutumes sont toujours en vigueur dans ce village.Ce qu’on peut dire de ce site, c’est que c’est un paysage pittoresque et touristique.

Le 26e chef de terre de Tansila

Le responsable coutumier nous raconte l’histoire de Tansila : « Bien avant la colonisation, il y avait trois frères de la même famille qui habitaient dans le village de Sagweta (dans la commune voisine de Sami). A la suite d’une mésentente, ces trois frères à savoir Kounoun, Koutié Et Koyaquittèrent Sagweta avec leurs épouses. Après un séjour d’une année à Badinga, ils se déplacèrent à Gwara où ils passèrent neuf années. A la suite d’une autre mésentente, ils prirent de nouveau la fuite. La femme de Kounoun étant enceinte, il fut obligé de s’installer avec elle à Kira, tandis que les deux autres frères décidèrent de poursuivre la fuite. A la suite d’un long parcours,Koutié et Koya, épuisés, furent obligés de s’arrêter. Ils créèrent alors le village de Tawé qui veut dire « la fin de la course ou la fin de l’aventure ».Koutié eut un enfant du nom de Wrokalé. Ce dernier était un grand chasseur.
Un jour il décide d’aller à la chasse. Il prit la route et longea la rivière. Il rencontra une forêt dense. Une biche en sortit. Wrokalé tira et rata sa cible. C’est ainsi qu’un petit génie surgit et lui demanda la nature de la cible. Sans hésiter, il répondit que c’était une biche. Le génie lui reposa la question : l’as-tu eue ? Non ! répondit Wrokalé. Le génie retira alors le fusil et entra avec lui chez son père dans la forêt. Le petit génie expliqua la scène à son père. Ce dernier prit le fusil du chasseur et fit quelque chose au fusil avant de la remettre à Wrokalé en disant : tiens, ton fusil est béni, s’il plaît à Dieu, tu ne rateras plus jamais ta cible. Sorti de la forêt, il vit de nouveau une biche. Il tira et la biche s’écroula. Le chasseur reprit son chemin, tout fier. Il alla trouver son père Koutiéà qui il raconta son aventure.

Le tout 1er puits du fondateur et le palais royal

Le lendemain,Koutié accompagna son fils avec une poule blanche dans la forêt pour voir le petit génie qui accepta de les recevoir. Ce dernier les conduisit chez son père. Koutié s’adressa au vieux génie pour exprimer sa satisfaction puis lui demanda l’autorisation de s’installer auprès d’eux dans la forêt. Les génies répondirent : « Nous sommes favorables mais la condition c’est qu’on puisse vous trouver un site. C’est ainsi que Koutié découvrit un site à l’ouest de la forêt. Il répartit chez les génies pour leur faire part de sa découverte. Ces derniers donnèrent leur accord. Koutié et sa suite s’installèrent. On appela cette forêt « Tieyi » c’est-à-dire dire « la grande forêt ». Les génies devinrent ainsi leurs protecteurs. Koutié et Wrokalé retournèrent à Tawé. Ils passèrent l’information aux habitants du village de Copinnê. Ceux-ci décidèrent de rejoindre les autres dans la forêt. Ce fut donc la création d’un nouveau village qui porta le nom de Tissala que le colonisateur transforma en Tansila. Au milieu de cette forêt se trouvait une source d’eau. Cette source d’eau était le plus grand puits du village. Il est toujours fonctionnel et est aujourd’hui appelé « Kirecama-dourou » qui veut dire « le puits des autochtones ».

Le tout 1er bâtiment de l’école créée en 1955 avec pour directeur Norbert Ki.

Rappelons que le village de Tansila est érigé en commune rurale depuis 2006 avec l’avènement de la décentralisation.La localité compte 26 villages administratifs.Cette commune est passée de 23 258 habitants en 1996 à 27 714 âmes en 2004 pour atteindre 30 600 habitants en 2006. Elle s’est retrouvée avec 37 981 habitants en 2013. Si cette tendance est maintenue, selon les projections, la population de la commune pourrait atteindre 44139 âmes en 2018. Les autochtones de Tansila sont constitués de l’ethnie bobofing et les noms des principales familles sont Dioma, Kiénou, Coulibaly, Cissé et Sanou. La commune a accueilli par la suite une importante population de migrants majoritairement des Mossé. Trois religions y sont pratiquées à savoir le christianisme, l’islam et la religion traditionnelle. Ces trois religions cohabitent en symbiose. Salif Ouédraogo et son frère Adama seraient les premiers Mossé musulmans à s’installer sur le sol de Tansila. C’est ainsi que la première mosquée a été construite dans le quartier Coco qui signifie « derrière le marigot » en langue dioula.
Parlant d’infrastructures administratives, on peut dire que tous les services déconcentrés de l’Etat existent et fonctionnent. Sur le plan socio-économique, la commune de Tansila compte 34 boutiques de rue, ce qui témoigne de la vitalité de l’activité commerciale. Pour ce qui est du volet socio-culturelle, vue l’importance de la tradition dans la plupart des villages de la commune, on assiste régulièrement à des cérémoniaires coutumières : descente de masques, initiations à certaines périodes de l’année.

Le CSPS

Dans un passé récent, des vieux étaient doués dans les soins des morsures de serpents et d’autres étaient des rebouteurs renommés. Mais ce que l’on déplore, c’est que ces spécialistes sont morts sans léguer leur secret à la progéniture. On note aussi la disparition de certaines plantes médicinales avec la dégradation progressive de la nature. La commune de Tansila regorge de beaucoup d’intellectuels disséminés dans l’administration. On peut citer entre autres Jean Claude Dioma, ministre de la Culture sous la Transition et Jean Bosco Kiénou, actuel directeur général de la Police nationale. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

David Demaison NEBIE

Portfolio

  • L'église catholique
  • La grande mosquée
  • Le marché
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Vos commentaires

  • Le 11 mai 2018 à 07:15, par ouedraogo Halidou En réponse à : Aperçu historique du peuplement de Tansila : De Tissala à Tansila

    bonjour,
    j’ai aimé l’histoire comme toutes les histoires des peuples que je dévore à travers tous les médias. seulement pour celle de Tansila, j’ai essayé vainement de localiser le village sur la carte du Burkina Faso.

  • Le 17 mars 2022 à 20:09, par ONADJA En réponse à : Aperçu historique du peuplement de Tansila : De Tissala à Tansila

    Après avoir lu l’histoire de ce village, j’ai beaucoup appris de ses peuples. Et cette histoire nous montre clairement que l’Afrique en générale et le Burkina en particulier a toujours des valeurs ancestrales à préserver et transmettre aux générations futures. Par ailleurs j’ai remarqué qu’en dépit de la modernisation les autochtones sont restés attachés aux premières constructions. Enfin la présence massive des étrangers montre l’hospitalité de ce village. Malheureusement, les détenteurs de la science ancestrale meurent avec. Il appartient donc à la jeune génération de faire leur faire des approches afin de connaitre et de sauvegarder l’histoire de cette partie du Burkina.

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