« Pour faire exister les enfants invisibles », c’est le slogan du programme Birth registration for all oblivion (BRAVO), de la Communauté de Saint’Egidio. Selon la responsable de BRAVO au Burkina, Colette Guiébré, c’est un programme qui intervient dans l’enregistrement des naissances, prioritairement celui dans le délai, c’est-à-dire les soixante (60) jours suivant la naissance. « Le programme existe au Burkina Faso depuis 2009 mais surtout dans la province du Sanguié, dans les communes de Godyr et de Reo. Depuis le début de l’année 2018, le programme intervient sur la commune de Ouagadougou, particulièrement dans les arrondissements 5 et 11 », a-t-elle commenté.

Ainsi, dans chaque arrondissement, il y a la création d’un Centre secondaire d’état civil au sein d’un Centre de santé et de promotion sociale (CSPS). Dans l’arrondissement 11, ce sont les CSPS de Yamtenga, Dagnogo, Balkuy et Nongtaaba qui sont bénéficiaires de ce programme. Pour l’arrondissement 5, c’est le CSPS de Wemtenga qui abrite le centre. A en croire Colette Guiébré, l’objectif est de « rapprocher l’état civil aux usagers afin de réduire les distances et favoriser l’enregistrement des enfants à l’état civil dans le délai requis ».

Avantages du programme

Pour les responsables, le programme BRAVO est présent au Burkina avec des actions de soutien direct à l’enregistrement dans les maternités publiques.
Avant le lancement officiel des activités, nous avons rencontré monsieur Hubert Zoungrana accompagné de son épouse qui venaient de faire enregistrer leur enfant né il y a 4 semaines. « On nous a dit de repasser dans une semaine pour retirer les papiers de l’enfant. Et pourtant pour le cas de mon premier enfant où je l’ai fait ailleurs, il nous a fallu environ deux mois avant d’obtenir ses papiers. Cette initiative motive les parents à régulariser leurs enfants », a-t-il confié.

Maire de l’arrondissement 11, Ibrahim Maré

Selon le maire de l’arrondissement 11, Ibrahim Maré, cette initiative entre en droite ligne avec l’engagement du gouvernement burkinabè depuis 2009, année d’enregistrement universel et gratuit des actes de naissance. Cette politique avait pour but de « favoriser la prise de conscience des familles au sujet de la nécessité d’inscrire les enfants à l’état civil dès leur naissance », a-t-il rappelé. Et de poursuivre que selon les données officielles, sur 125 millions d’enfants qui naissent chaque année, 51 millions soit 40% du total ne sont pas enregistrés à la naissance.

BRAVO, un programme dans la continuité

« L’enregistrement des naissances constitue une reconnaissance officielle et l’existence légale d’un enfant. C’est un droit fondamental reconnu par l’article 7 de la convention de l’Onu sur les droits de l’enfant », a rappelé M. Maré.
Les activités humanitaires de la Communauté de Saint’Egidio s’exécutent également par l’implémentation de différentes actions en matière des droits et des libertés individuelles et collectives.

Francesco Di Domenicantonio

« Nous ne sommes là pour lancer un projet qui va finir un jour. On est là pour la continuité et la permanence », a déclaré le coordonnateur de l’équipe internationale de la Communauté de Saint’Egidio, Francesco Di Domenicantonio.
En rappel, la Communauté de Saint’Egidio est une association internationale née à Rome (en Italie) en 1968 dans le sillage du renouvellement du concile Vatican II. Elle rassemble plus de 60 000 membres dans plus de 70 pays du monde (en Afrique : Burkina Faso, Malawi et Mozambique), tous bénévoles.

Depuis 2010, dans le cadre du renforcement des capacités, BRAVO a organisé cinq ateliers nationaux à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, en collaboration avec les responsables du ministère en charge de l’administration territoriale. En décembre 2016, le programme BRAVO est fait « Chevalier de l’ordre du mérite de la justice et des droits humains » en considération de sa contribution à la promotion des droits de l’homme au Burkina Faso.

Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net