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Trafic d’enfants : L’UNICEF satisfait des actions sur le terrain

Publié le jeudi 7 juillet 2005 à 07h28min

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La représentante résidente de l’UNICEF au Burkina, Mme Joan French s’est dit très satisfaite du travail qui se mène sur le terrain pour juguler ces fléaux que sont le trafic et les pires formes de travail des enfants. Mme French a fait cette déclaration lors du passage de la caravane de presse sur ce sujet à Banfora, chef-lieu de la région des Cascades et de la province de la Comoé. C’était le 28 juin 2005. Sidwaya était là et a recueilli ses impressions.

Sidwaya (S.) : Comment jugez-vous l’état d’avancement des actions sur le terrain en matière de trafic d’enfants ?

Mme Joan Frech : Je suis très satisfaite du travail qui se fait sur le terrain pour aider ces enfants à s’épanouir et de pouvoir être comme tous les enfants. Je voudrais saluer les efforts de l’Action sociale, des autorités administratives (gouverneur, haut-commissaire, maire, préfet), des responsables coutumiers qui sont en train d’aider avec les Comités de vigilance et de surveillance (CVS). Et tout ça pour permettre de récupérer les enfants en situation de trafic ou dans les pires formes de travail. Mais plus que tout, je crois que les enfants eux-mêmes ont une appréciation positive de ce travail. On le remarque à travers la conversation avec les enfants victimes de trafic.

Ils disent à quelle situation ils font face et comment ils se débrouillent avec. Il n’y a rien de plus efficace que le témoignage d’un enfant qui a déjà subi le problème. Nous avons vu ce matin des garçons qui ont subi les pires formes de travail des enfants en Côte d’Ivoire et qui sont revenus.

Il y a aussi ces garçons qui sont dans des familles où la mère est décédée, qui étaient traumatisés et qui ont dû chercher du travail pour se débrouiller. Mais à travers les centres de formation de l’Association Munyu et de la Direction régionale de l’Enseignement de base, les enfants suivent une formation qui sera bénéfique pour eux. De plus, leur prise en charge psychologique est assurée par des encadreurs bien formés. Les enfants sont tous contents, et c’est la preuve de l’efficacité des actions menées ici.

Au centre de l’Association Munyu, nous voyons des filles en apprentissage et c’est là un très bon travail de récupération des filles qui n’ont pas pu continuer l’école et qui font face à des situations très difficiles. Certaines étaient parties pour faire un travail domestique mais ça n’a pas marché car elles étaient maltraitées. Elles ont été récupérées ici. Dans ce centre elles font quelque chose de bien pour elles-mêmes.

S. : Au-delà de toute action de sensibilisation, nous savons que l’UNICEF milite surtout pour une scolarisation des enfants. N’est-ce pas ?

J. F. : Oui. C’est vrai. Il faut amener les familles à comprendre qu’il n’ y a rien de plus efficace pour lutter contre la pauvreté et le trafic d’enfants que l’éducation.

Elles doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour retenir leurs enfants à l’école, afin qu’ils n’éprouvent pas le besoin de partir en Côte d’Ivoire, à Ouagadougou pour travailler, pour être maltraités, abusés. Car, il faut le reconnaître : il y a très peu de gens qui traitent bien les enfants qui leur sont confiés. Je crois qu’il faut les sensibiliser, c’est ce que vous faites à la presse. C’est ce que les associations font à travers les noyaux relais de communication pour le changement de comportement.

Nous espérons que les familles vont changer leur comportement et je crois que cela a déjà commencé. Aucune famille n’enverrait son enfant aller souffrir de la sorte si elle savait qu’en le faisant, elle nuirait à l’enfant. Maintenant les familles savent, ils commencent à comprendre qu’il faut amener les enfants à apprendre un métier et à faire leur éducation normale pour qu’ils puissent à la longue aider les familles à surmonter la pauvreté.

S. : C’est un programme qui va prendre fin, est-ce que l’UNICEF va continuer sur cette lancée pour permettre au plus grand nombre d’être sensibilisé ?

J.F. : L’UNICEF a une politique qui utilise la communication comme outil de sensibilisation partout où il agit. Il donne aussi des exemples, parce que c’est au pays, à travers les ministères, à travers le gouvernement, d’essayer de pérenniser ces actions sur le terrain. Donc l’UNICEF donne le bon exemple et s’attend à ce que les ministères puissent suivre.

Il attend aussi plus de volontariat parce que le Plan intégré de communication (PIC) est une activité qui coûte cher. S’il y a des acteurs qui peuvent faire du volontariat parfois, pour un petit quelque chose (parce qu’il faut que ces gens puissent se restaurer, se déplacer)... mais s’il y a un esprit de volontariat ça va aider le pays à mieux faire face aux demandes qui sont énormes. Prendre en charge une nation de 12 millions d’habitants n’est pas facile et le gouvernement n’a pas tous les moyens, l’UNICEF non plus. Il faudra donc se concerter sur la manière de faire, de sorte qu’on puisse faire le travail le plus efficace avec les moyens disponibles.

Vraiment nous travaillons avec des associations au niveau de la base. Nous comptons beaucoup sur les associations pour faire le relais sur le terrain. Nous les formons, nous les aidons avec les outils de sensibilisation, donc nous leur venons en appui. La caravane de presse, c’était pour renforcer les actions qui sont en train d’être menées sur le terrain. On attend d’elle la suite de ces actions.

Il y aura d’autres régions peut-être qui auront des problèmes où on aura besoin de faire une caravane de presse parce que le PIC ce n’est pas seulement la caravane de presse. Il y a d’autres éléments qui vont continuer sur la base des efforts au niveau local. Il n’est pas possible de faire un PIC tous les trois mois. C’est vraiment cher. C’est pourquoi nous venons en appui aux associations et aux communautés à des moments stratégiques.

Propos recueillis par Abdoulaye GANDEMA
Sidwaya

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