LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Yacouba Traoré, directeur de la TNB : Ma maison n’est pas une boutique"

Publié le mercredi 6 juillet 2005 à 07h58min

PARTAGER :                          

Yacouba Traoré dirige la Télévision Nationale du Burkina (TNB) depuis février 2005. L’homme qui se définit volontiers comme étant un « pur produit de la télévision » s’est lancé dans l’innovation qui se traduit entre autres par la création de nouvelles émissions et l’ouverture très matinale de la chaîne à partir de 9 h .

Ce journaliste réputé bosseur qui semble avoir un faible pour la culture ne revendique pourtant pas outre mesure un quelconque mérite pour cet élan de redynamisation qui a cours chez « la chaîne du plaisir partagé ». Sans doute parce que la connexion de la TNB sur satellite, effective depuis novembre 2004 a constitué un facteur contraignant. « Ce n’est pas la peine d’aller sur le satellite avec des productions étrangères » se dit-il.

Mais la télévision étant un média stratégique pour tout système de communication de d’influence, la TNB n’échappe pas à des critiques émanant essentiellement d’une frange considérable des télespectateurs mais surtout de la classe politique oppositionnelle.

Bref, la télévision comme il est de coutume à l’orée des élections, est au cœur du débat.
Quid des relations de ce média avec les politiques ? Quid de la « délinquance » autour des archives à caractères sensibles et historiques ? ... Autant de questions sur lesquelles Monsieur le Directeur de la télévision a tenu à s’exprimer.

Bendré : M. le directeur, ça fait déjà un bon bout de temps que vous avez marqué votre retour par la grande porte à la Télévision nationale du Burkina. Dans quel climat avez vous retrouvé la maison ?

Yacouba Traoré (Y.T) : Dans un bon climat. Je dirais même dans un très bon climat. Parce que les journalistes, les techniciens de la télévision ont toujours travaillé pas pour l’argent (j’ai l’impression) mais par amour de ce qu’ils font. C’est dans ce climat que je suis parti en 1996 pour l’ambassade en France et c’est dans ce climat là que je l’ai retrouvé en 2001 quand je suis revenu avant d’être nommé directeur de la télévision. Donc le climat est resté tel, ceux qui sont venus après ont pris le relais ; les aînés leur ont transmis en quelque sorte cet esprit de travail.

Bendré : La direction de la télévision est généralement confiée à des hommes de main. Seriez vous un homme du sérail politique ?

Y.T : Si j’étais un homme du sérail politique vous l’auriez su. Je ne pense pas non plus être l’homme de main de qui que ce soit et je ne ferai pas l’injure à ceux là qui m’ont précédé à ce poste de l’avoir été. La télévision c’est vrai, a toujours été à la fois et un pouvoir et un instrument de pouvoir. Entre ces deux caractéristiques, j’essaie de trouver le juste milieu, j’essaie d’être le plus professionnel possible. Et ne me demandez pas comment je m’arrangerai pour résister à d’éventuelles pressions du pouvoir, parce que l’opposition elle aussi exerce des pressions. La preuve, c’est quand certains ténors de ce camp nous accuser d’être une caisse de résonance des ABC.

Bendré : Les observateurs disent également que les personnalités issues de la maison n’ont pas tellement de difficultés à diriger la TNB !

Y.T : C’est discutable. Si on n’est pas de la maison, si on n’est pas journaliste ou si on n’est pas technicien de la télévision, on a des avantages aussi comme des inconvénients. Vous savez, quand on vient sans connaître la maison, sans connaître les hommes qui y travaillent on n’a pas d’état d’âme. Je pense que ça c’est un avantage aussi. C’est l’avantage qu’ont ceux qui viennent d’ailleurs. Quand on est de la maison et qu’on est nommé à la tête de la maison, il y a des avantages aussi parce qu’on connaît le milieu, on connaît la maison. Moi ça fait vingt ans que je suis de la télé. Je ne sais pratiquement faire que ça. Moi mon avantage, c’est que je suis un pur produit de la télévision .

Bendré : La TNB est maintenant connectée sur satellite, vous êtes doté d’équipements hi-tech avec le numérique en sus. Bref, vous avez pratiquement ce qu’il faut pour une télévision du 21ème siècle. Mais, est-ce que le contenu de vos programmes suit le rythme de votre évolution technologique ?

Y.T : Nous n’avons pas tout ce qu’il faut. Nous sommes sur satellite c’est vrai mais on a des difficultés au niveau des équipements. Ça c’est une réalité. Les responsables se battent c’est vrai mais je veux que nous soyons écouté davantage et compris surtout. Nous avons 28 reportages par jour. Des fois nous allons à 35 reportages par jour pour un nombre de caméras qui ne dépassent pas dix. Ça aussi, il faut le dire.

Pour le montage des éléments, les journalistes se mettent en rang pratiquement, en colonne couvrée. Ça aussi, il faut le dire. Donc, je ne pense pas que nous soyons une télévision qui dispose de moyens pour rentrer dans le concert des images qui inondent les satellites dans ce 21ème siècle. Pas pour le moment. Nous avons la volonté c’est vrai, nous avons la détermination de faire changer les choses mais il faut mettre l’accent au niveau des moyens. Encore davantage. Si vous avez 28 reportages par jour et que les 3/4 de ces reportages se déroulent hors de Ouaga, qu’est-ce que vous faites ? Je ne sais pas. Je dis souvent que ceux qui travaillent ici sont des magiciens.

Bendré : A-t-on donc mis la charrue avant les bœufs ?

Y.T : Non, on n’a pas mis la charrue avant les bœufs. Ailleurs comme en Europe ce sont les machines qui travaillent. Ici, c’est l’homme par son génie qui fait le travail. Moi quand je suis arrivé, je me suis rendu compte qu’il y avait des hommes et des femmes dans cette télévision qui avaient envie de s’exprimer mais qui n’avaient pas peut-être l’opportunité.

Je vous donne un simple exemple : Je pensais par exemple, qu’au niveau de l’infographie il n’y avait que France 2 et TF1 qui pouvaient intégrer des cartes au niveau des journaux télévisés. Mais quand je leur ai demandé ce travail, ils m’ont produit pratiquement une cinquantaine de spécimen de cartes en l’espace d’une semaine. C’est extraordinaire. Sur quoi on se base ici, c’est sur la compétence et la volonté des hommes à l’image de mes reporters, cameramen et journalistes qui, peinent à avoir un seul jour de repos par mois. Et à ce niveau là, honnêtement je ne suis pas déçu.

Bendré : Certains téléspectateurs se plaignent toujours de votre grille de programme qui ne répond pas à leurs attentes. Comment comptez vous faire pour qu’ils zappent moins ?

Y.T : Nous, on part d’un constat. Moi, je dis qu’ au Burkina on n’a pas de pétrole . Mais on a notre culture. Et je pense que le premier credo, c’est l’exploitation de notre culture, la valorisation de notre culture et de nos hommes de culture. Vous remarquerez que nous avons mis en chantier une dizaine de nouvelles émissions qui portent sur la littérature, le cinéma le théâtre la santé etc.. Parce que je dis que ce n’est pas la peine d’aller sur le satellite avec des productions étrangères. Il faut que nous y allions avec notre identité propre. Avec nos produits culturels, avec des valeurs culturelles. Il faut que celui qui est aux Etats Unis qui réussit à nous capter sache que c’est la télé du Burkina.

Bendré : Justement, parlant d’émissions on a remarqué que vous avez ressuscité certaines émissions qui existaient dans le temps. Mais qu’en est-il de Presse Dimanche ?

Y.T : Ce n’est pas moi qui ai ressuscité les émissions. Ce que je peux dire c’est que j’ai essayé de libérer les initiatives des journalistes et des réalisateurs. Toutes les nouvelles émissions que vous voyez, c’est leurs initiatives.

Maintenant, pour ce qui est de Presse Dimanche, j’ai un certain nombre d’observations à faire et il faut que ces aspects là soient corrigés avant qu’on ne pense à une émission du genre Presse Dimanche qui ne va pas forcément avoir le titre de Presse Dimanche au niveau de la télé. Au niveau de Presse Dimanche, je vous dit honnêtement ; j’avais le sentiment à un moment donné que des confrères se retrouvaient pour défendre les positions de telle ou telle formation politique. Si Presse Dimanche doit reprendre, il faut que ça soit beaucoup plus ouvert. C’est une des conditions principales que je pose.

J’ai dit à ma rédaction que je n’interdis pas aux uns et aux autres d’avoir une appartenance politique. Mais ce qui compte, c’est la carte de presse et non la carte du parti. Si on est d’accord sur ces principes, on reprendra Presse Dimanche ! Mais on ne reprendra pas Presse Dimanche en direct , dans le souci d’éviter les dérives. Je pense que ce ne doit pas être un lieu de règlement de comptes mais plutôt un cadre qui doit permettre aux téléspectateurs de comprendre l’actualité.

Et en attendant Presse dimanche, nous avons créer « Les grands rendez-vous de la rédaction ». Elle est ouverte à tout le monde. Nous essayons autant que faire se peut d’équilibrer l’accès des invités.

Bendré : Revenons à Presse Dimanche. On sait que chaque journal a sa ligne éditoriale tout comme chaque journaliste aussi a sa sensibilité. Mais si la sensibilité d’un journaliste se recoupe ou a peut-être des similitudes avec la position d’un parti politique. Est-ce pour autant qu’il joue au porte-parole de ce parti politique là ?

Y.T. : Non, non écoute. Nous sommes des journalistes. Ça fait 20 ans que je fais ce métier. Ces journalistes là je ne les ai jamais vus à une réunion politique ou à un meeting en tant que tel. Je ne leur reproche rien. C’est la manière de mener l’émission. C’est la manière d’intervenir dans l’émission. On sait tous lire entre les lignes. Essayons de recadrer les choses. C’est très important. Ce qui unit les burkinabè est plus important que ce qui peut les diviser.

Bendré : Il y a très longtemps que la TNB a diffusé des séries d’inspiration nationale ou africaine. Vos téléspectateurs pourront-ils suivre un jour des séries comme « Ma famille » ?

Y.T : « Ma famille », on le projète à partir du mois de juillet. Je donne ma parole. En plus de ma famille, il y aura « le nouveau royaume d’Abou ».
On ne va pas supprimer les télénovelas. Mais on va essayer d’équilibrer avec la production nationale en matière de série, en matière de sit-com. Je veux quand même qu’on sache qu’au Burkina ou autour de nous on a des produits similaires qui sont de qualité et qui sont plus proches de nos réalités. Et là, ce n’est pas un tel qui va avec sa belle mère etc., tout ce qui est contraire à nos valeurs culturelles, mais ce qui offre des produits qui sont construits en tenant compte de nos valeurs. Pour moi, les séries doivent contribuer à éduquer.

Bendré : Avec la fièvre des marches meetings qu’on enregistrait il n’y a pas longtemps, la TNB a été maintes fois accusée d’être l’organe de relais ou de soutien des ABC.

Y.T : Moi je ne sais pas sur quoi ils se basent pour dire ça. Nous, nous sommes aussi les amis de Bénéwendé ou de Ali Lankouandé ! De quoi nous accuse t-on ? Les amis de Blaise Compaoré marchent et demandent à Blaise Compaoré de présenter sa candidature. C’est une marche qui se déroule un peu partout au Burkina. La télévision s’est étendue. Tous les Burkinabé suivent la TNB aujourd’hui grâce au satellite. A-t-on le droit de ne pas aller à Tougan parce qu’on a couvert les marches des ABC à Ouaga ? A-t-on le droit de ne pas aller à Fada parce qu’on a couvert les marches des ABC à Nouna ? Je ne le pense pas.

Moi je pense qu’on aurait pu nous reprocher de ne pas couvrir les manifestations de l’opposition. Alors que à ma connaissance, je ne pense pas qu’il y ait une seule demande de couverture d’une manifestation de l’opposition que je n’ai pas pu satisfaire. En tout cas depuis que je suis là. Mais si certains font plus et que d’autres font moins, est-ce que c’est à nous d’équilibrer au niveau des nombres de manifestations. Je ne pense pas. Ce n’est pas mécanique .

Le jour où Me Bénéwendé a décidé de démissionner de l’Assemblée, c’est cette information qui est venue en première position au journal alors qu’il y avait un élément sur le voyage du président en Italie. Les gens ne voient pas ça. Je trouve que c’est injuste de chercher un bouc émissaire ; et tout le temps ce bouc émissaire c’est la presse et notamment la télé.

Moi je ne suis pas pour cette manière de voir les choses. Aucun responsable ne m’a appelé jusqu’à présent pour me donner des instructions par rapport à telle ou telle manifestation. Moi mon ministre ne m’a jamais appelé pour me dire « vas y ici, ne va pas là. » J’essais d’équilibrer. Mais les gens ont le droit de critiquer. De toutes les façons aucune œuvre humaine n’est parfaite.

Bendré : Ces manifestations sont-elles facturées ?

Y.T : Quand une manifestation politique se déroule à Ouaga ce n’est pas payant. De toute façon moi je ne gère pas les finances. Je gère l’information. Je suis comme un directeur de l’information. Moi il m’arrive souvent de supprimer des publi-reportages pour permettre à mes reporters de réaliser des reportages sur initiative.

Pour revenir au coût, c’est la direction commerciale qui gère les aspects financiers des reportages. Quand une manifestation politique se déroule à Ouaga (conférence de presse, meeting-marche...) ça c’est gratuit. Mais c’est quand c’est à l’extérieur, compte tenu du déplacement, de l’hébergement des journalistes qu’on demande une somme.

Mais mon souhait est qu’on arrive rapidement à ce jour où on va dire à la rédaction, « Prends tes initiatives, c’est la télé qui paye. Va là où tu veux, c’est la télé qui paye et non le demandeur ». Parce que à cette allure, on a comme une information qui marche sur la tête du client. Celui qui paye a droit à l’information. Et celui qui ne paye pas ?

Bendré : Mais vous êtes submergés parfois aussi par des coupes sportives de un tel ou de un tel ?

YT : Je consens avec quelqu’un qui disait que le rôle des préfets et des maires et autres ce n’est pas d’organiser les tournois, mais c’est de fournir leur département et leur localité en infrastructures sportives. Je ne veux pas donner de leçons mais je dis que nous n’avons pas la possibilité de couvrir les manifestations à caractère national. Il faut que nous ayons cette possibilité là.

Si nous avons cette possibilité et que en plus de ça on peut couvrir les matches dans d’autres contrées, il n’ y a aucun problème. De toutes les façons, nous sommes en train d’étudier la question. Et moi je pense que la solution, c’est de créer une émission qui s’appelle « inter-régions » où on va passer les coupes de Haut commissaires et autres et le magazine des sports va se consacrer, aux différents championnats des fédérations nationales que ce soit le volley-ball, le basket-ball, le foot-ball. Le Magazine de sport va se consacrer à cela. A côté il y aura une émission qui va se consacrer aux compétitions organisées par les politiques, les sociétés, etc.

Bendré : Mais en se situant sur la logique commerciale, il m’a tout l’air que ces hauts commissaires, et ces préfets payent !

YT : Ce n’est pas ma préoccupation. Ma maison n’est pas une boutique. Ce qui m’importe à mon poste, c’est l’audimat, c’est à dire réunir le maximum de téléspectateurs possible autour des programmes de ma chaîne. Quitte au directeur commercial d’en profiter pour engranger des sous. ça, ce n’est pas mon rôle. Je n’ai pas les moyens de faire autrement aujourd’hui, mais j’ai mon idée là-dessus. En général, une maison de télé relevant du service public, généralement ça bénéficie de subventions, ça bénéficie de soutiens de la part de l’Etat. Aujourd’hui nous avons ces soutiens : les salaires par exemple sont supportés par l’Etat burkinabé, certes.

Mais j’ai besoin d’autres subventions pour être libre, pour être plus libre. Pour faire mon travail correctement, j’ai besoin de soutien. Il faut plus de moyens , plus d’argent. J’ai envie d’aller en Italie pour voir comment est-ce que les ressortissants Burkinabé notamment de la province du Boulgou vivent là-bas. J’ai envie d’aller au Ghana pour voir comment les 4,5 millions de personnes d’origine burkinabé y vivent par exemple. Mais je suis limité par les moyens .

Bendré : On dit que certains directeurs de la communication (Dircom) de certaines institutions ne vous rendent pas la tâche facile. Est-ce vrai ?

Y.T : A quel niveau, je ne sais pas. Moi je n’ai pas de problèmes avec les Dircoms mais ce que je vais leur demander, c’est de dire à leurs responsables de jouer véritablement leur rôle. Un Dircom n’est pas fait pour venir demander une couverture d’une clôture d’un séminaire à la télé et quand la télé ne vient pas, on dit que c’est le Dircom qui ne fait pas son travail. Un Dircom, c’est pour penser la communication, c’est tout autre chose. Quand vous réunissez 3 personnes dans un salon et vous dites qu’il y a un atelier sur machin et puis on dit de venir couvrir, ça sert à quoi ?

Bendré : Avec le décès du général Lamizana, la TNB a ressorti des images du moment où il était aux affaires. Les archives de la TNB sont -elles suffisamment disponibles ?

YT : Oui la TNB dispose d’archives mais pas suffisamment. On a perdu beaucoup d’archives. Nombre de pays africains ont ce problème ; ce n’est pas le Burkina seulement. l’Afrique n’a pas connu l’importance des archives. Aujourd’hui si nous on veut faire une émission à caractère historique à la Télévision, on est obligé d’acheter des archives en France. Voici le problème. Mais je pense que aujourd’hui on est en train de prendre toute la mesure et l’importance du problème et il est question maintenant à la Télé de numériser les archives. On a un problème de local pour stocker toutes ces cassettes, ces kilogrammes, ces tonnes de cassettes. Il y en a (les archives) qui sont battues par la pluie parce qu’il n’ y a pas de local. Il y en a qu’on vole parce que ce n’est pas bien gardé. Il y en a qui se détériorent parce que ce n’est pas bien climatisé. En numérisant, on gagne de l’espace.

Bendré : Qu’en est-il des archives du temps de la révolution ?

YT : Il y a des archives de la période révolutionnaire bien entendu, mais il y a beaucoup qui ont disparu par le fait de l’intempérie. Vous savez, à un moment donné on était dans le même local que la radiodiffusion ; quand il a fallu déménager il y a beaucoup d’archives qui ont été perdues parce que les gens n’en voyaient pas l’importance.

Comme il y a des archives qui ont été volées pour être données à des personnes extérieures, étrangères même au Burkina, qui devaient faire des films sur la période révolutionnaire, notamment sur Thomas Sankara. Ils ne sont même pas passés par la voie officielle pour demander les archives de la Télévision. Ils sont passés par des intermédiaires clandestins qui souvent avaient des ramifications au niveau de la Télévision Nationale. Et ces archives dès qu’elles sortent, elles ne reviennent plus .

C’est pourquoi je dis qu’ il est difficile pour nous aujourd’hui de mener ou de mettre en place une émission à caractère historique. A un moment donné, ce serait les images de Lamizana qu’on ne va pas retrouver, à un autre moment ce sera les manifestations de Sankara ou de Blaise Compaoré qu’on ne vas pas retrouver etc. parce qu’on n’a pas saisi tôt l’importance des archives.

Bendré : Quelles sont vos ambitions pour la télévision nationale du Burkina à l’heure actuelle ?

Y.T : Que la télévision nationale du Burkina soit la télé du Burkina. Je n’aime pas ce slogan là : « La chaîne du plaisir partagé ». Parce que ce n’est pas ça seulement. Pour que la TNB soit la télé du Burkina, il n’y a pas que la joie mais il y a des questions, des préoccupations qui intéressent les Burkinabé . Ce n’est pas un plaisir pour moi d’ouvrir mon journal par des morts d’hommes. Mais c’est une préoccupation des Burkinabè.

Je veux que la télé soit également la télé des Burkinabé . Pas pour moi, pas pour notre génération, mais pour la génération future. J’aime le RAP, ( genre musical) même si ma génération n’aime pas le RAP, et je veux par exemple qu’il occupe une place au niveau de la télé. Le Burkina n’est pas que politique. Le Burkina est aussi culturel. Le fauteuil de 20h ( le journal télévisé : NDLR) n’est pas réservé uniquement aux hommes politiques. C’est pour tous ceux qui peuvent servir d’exemples aux filles et aux fils de ce pays. Je veux que chacun ait son compte, que chacun se retrouve à travers le programme de la télé.

Interview réalisée par Bangba Nikiéma
Bendré

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique