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Assèchement du barrage de Loumbila : L’Agence de l’eau du Nakanbé tire sur la sonnette d’alarme

Publié le dimanche 25 mars 2018 à 13h43min

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Assèchement du barrage de Loumbila : L’Agence de l’eau du Nakanbé tire sur la sonnette d’alarme

Le barrage de Loumbila est menacé d’assèchement. L’agence de l’eau du Nakanbé a initié le mercredi 14 mars 2018 un atelier à Ziniaré qui a réuni les usagers, les collectivités et l’administration afin de prendre des mesures urgentes pour sauver le barrage.

« Le barrage de Loumbila est dans une situation très critique », foi des techniciens de la ressource en eau. En effet, selon eux, avec une capacité de 42,2 millions de m3, le barrage de Loumbila n’a recueilli en 2017 que 27.74 millions m3 de Volume maximal stocké soit 65.74%. Pourtant en 2016, soulignent-ils, le barrage a accueilli jusqu’à 48.33 millions m3 de Volume maximal stocké soit 114.53 %. Le déficit de volume maximal stocké est donc évalué à 20,59 millions m3.

En plus de ce déficit criard, le barrage de Loumbila subit de très fortes pressions anthropiques. Notamment les prélèvements d’eau par les entreprises de Bâtiments et des travaux publics (BTP), les travaux maraichers dans le lit du barrage etc. Toute chose qui fait que le barrage peine à remplir sa fonction d’approvisionnement en eau potable de la ville de Ouagadougou.

Selon le Directeur général de l’Agence de l’eau du Nakanbé (AEN) , Ghislain Anselme Kaboré, si rien n’est fait pour prioriser les usages de cet ouvrage, il sera frappé inévitablement d’assèchement. C’est ainsi que sous la houlette de l’Agence de l’eau du Nakanbé, les différents acteurs du Barrage de Loumbila se sont retrouvés le mercredi 14 mars 2018 à Ziniaré dans le cadre d’un atelier de réflexion sur la menace d’assèchement du barrage de Loumbila.

A l’issue de cette journée de concertation qui a regroupé les usagers de l’eau, les collectivités territoriales et les autorités administratives, plusieurs recommandations ont été formulées. Il s’agit urgemment d’interdire le prélèvement d’eau par les entreprises de BTP jusqu’à la saison hivernale. Et cela à travers un arrêté pris soit par le Ministre de l’Eau et de l’assainissement (MEA), soit par le Gouverneur. Quant aux maraichers, les participants ont décidé de les laisser prélever l’eau jusqu’à la maturation des cultures déjà mises en terre. Toutefois, il leur sera interdit les prélèvements d’eau après la récolte de ces cultures.

Dans 10 ans si rien n’est fait, on ne parlera plus du barrage de Loumbila.

A moyen terme, les participants ont recommandé la mise en place d’un comité de gestion du barrage. Ce comité devra élaborer un cahier de charges en collaboration avec les services techniques de la ressource en eau. Ils ont aussi recommandé la tenue d’une rencontre pour actualiser la feuille de route de Loumbila, l’aménagement d’un canal en aval du barrage pour les activités maraichères. Les participants ont invité l’Agence de l’eau du Nakanbé à mener des investigations approfondies au niveau du bassin pour voir si les travaux de l’aéroport de Donsin n’ont pas eu d’impact sur la situation actuelle du barrage.

Sur le long terme, les participants à l’atelier de réflexion sur la menace d’assèchement du barrage de Loumbila ont recommandé la mise en place d’une station de pompage pour le prélèvement d’eau pour les BTP. Ils ont invité l’AEN à appuyer le financement de la police de l’eau pour le suivi de la mise en œuvre des recommandations. « Si ces recommandations ne sont pas suivies d’engagements fermes, dans 10 ans on ne parlera plus du barrage de Loumbila », a averti le Directeur général de l’Agence du Nakanbé, Ghislain Anselme Kaboré.

Ibrahima TRAORE
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 26 mars 2018 à 08:31, par Paul En réponse à : Assèchement du barrage de Loumbila : l’Agence de l’eau du Nakanbé tire sur la sonnette d’alarme

    Cette catastrophe est annoncée depuis des années mais personne n’a rien fait car l’état a démissionné. Le code de l’environnement n’est pas respecté avec la distance de 100 mètres de protection des berges. Plus grave, les mauvaises utilisations des pesticides dans le lit du barrage ne font qu’aggraver la situation en polluant l’eau. A quand un plan Marshall pour l’agroécologie dans ce pays ?

  • Le 27 mars 2018 à 12:12, par Gérard En réponse à : Assèchement du barrage de Loumbila : L’Agence de l’eau du Nakanbé tire sur la sonnette d’alarme

    Il devient urgentissime de mettre en place un moratoire sur la pression immobilière qui devient hyper-destructrice en stoppant sans délai toute nouvelle implantation. Encore très récemment un homme d’affaires tente d’acquérir une superficie de 1ha, directement sur l’emprise du barrage de Loumbila. Son projet serait de remblayer à coup de milliers de m3 de terre pour pouvoir construire une élévation d’eau moins 2 metres afin d’y construire une maison hors d’eau destinée à passer les Week End. Ce projet, s’il se réalise, va non seulement contribuer à bouleverser significativement l’équilibre du fragile écosystème du barrage de loumbila, créer un précédent qui à terme finira par bétonner les berges sur le pourtour du barrage, mais aussi jeter dans les pires difficultés de survie la trentaine de familles de maraîchers qui vit de cette activité saisonnière depuis plus de trente ans, à cet endroit. Ces familles n’ont eu aucun droit à la parole. Nous ne devons pas avoir de doute que ces combats sont les nôtres parce qu’ils concernent nos enfants.

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