Vente de médicaments de la CAMEG à des terroristes : Il n’en est rien, selon l’association
LEFASO.NET | Par Marcus Kouaman
Depuis quelques jours, l’affaire circule sur la toile. Un agent de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) aurait vendu des produits à des terroristes. Ce qui lui aurait valu d’être arrêté et déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Aussi du côté de la capitale économique, Bobo Dioulasso, seize agents de cette même CAMEG seraient en prison. Pour mieux situer l’opinion sur ce que revêtent réellement ces deux affaires, une conférence de presse a été animée par l’association à son siège ce vendredi 9 mars 2018.
Comme une trainé de poudre, la nouvelle s’est répandue sur la toile. « Un agent de la CAMEG déféré à la MACO pour vente de médicaments à des terroristes ». Il n’en est rien à en croire les conférenciers du jour. Le Directeur général de la CAMEG absent (en mission), cette conférence de presse a été animée par le Directeur de la communication et des relations publiques Mikaïlou Kéré, accompagné d’autres directeurs de services. Selon les explications de l’agent en cause (aide magasinier) suite à la demande d’explication a lui adressée par la CAMEG, il a été interpelé par la Brigade de recherche du Commissariat central de police de Ouagadougou pour affaire de médicament le12 février 2018.
Rendre service à un ami
L’aide magasiner affirme avoir été approché par un ami lui demandant de l’aider à trouver un produit pharmaceutique (Rivotril) pour son frère malade. Apres renseignements ledit produit était disponible dans une firme pharmaceutique privée de la place. Grâce une connaissance y travaillant, l’agent de la CAMEG recevait de l’argent de son ami demandeur et faisait la transaction avec sa connaissance de la firme pharmaceutique. Les trois ont tous été convoqués par la Police nationale, mais seul l’aide magasiner et sa connaissance ont répondu à l’appel. Après avoir été entendus, « ils ont été laissés libres de leurs mouvements le 23 février 2018 ».
L’ami demandeur du produit en question ne s’est jamais présenté au Commissariat et semble avoir disparu des radars pour l’heure. Sur ce point, la Centrale ne se sent ni concernée de loin, ni de près par cette affaire. Des sanctions seront prises puisqu’une lettre d’explication a été adressée à l’agent en cause et l’avocat conseil de la CAMEG a été saisi pour suivre le dossier.
Le second sujet abordé par les conférenciers est celui des circuits parallèles de ventes de produits pharmaceutiques dans la capitale économique Bobo Dioulasso. Des faits, il ressort qu’un manutentionnaire (travailleur journalier) a été interpellé le 21 février dernier par la Brigade anti-criminalité de la ville de Bobo. L’audition de ce dernier a permis l’interpellation de neuf agents de la CAMEG et un travailleur journalier, de quatre clients de la Centrale d’achat et deux personnes soupçonnées d’être complices. Soit seize personnes en tout. « Les agents de la CAMEG interpellés sont accusés d’alimenter un circuit de ventes parallèles de produits pharmaceutiques en dehors du circuit officiel », a laissé entendre le sieur Kéré.
Le circuit officiel oblige chaque client à disposer d’un compte (autorisation du ministère), avant toute commande. Donc, seules les structures publiques, les officines pharmaceutiques, les cliniques disposant d’une pharmacie hospitalière, les structures confessionnelles et associatives ayant une convention avec le ministère de la santé peuvent commander directement des produits avec la CAMEG.
Des pays voisins approvisionnés
C’est cette restriction qui a conduit des structures ou particuliers à trouver un circuit parallèle leur permettant de disposer des produits de la CAMEG par l’intermédiaire de clients agréés. Celui qui a un compte à la CAMEG passe la commande mais au lieu d’aller stocker les produits dans son entrepôt, va ailleurs (dépôt privé, infirmier des CSPS, commerçant). Selon les conférenciers, la police a déclaré qu’une des personnes mises en cause a reconnu avoir livré à plusieurs reprises des produits à des responsables de trente et une formations sanitaires d’une province de la région des Haut-Bassins, ainsi que dans d’autres régions du Burkina, à Korogho en Côte d’Ivoire et au Niger. A ce jour, deux agents sur les neuf (après une garde à vue d’une semaine) présentés au Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Bobo ont été déférés à la Maison d’arrêt et de correction de ladite ville.
De cette seconde affaire, l’on peut retenir que la CAMEG n’a subi aucun préjudice financier. Bien avant que l’affaire n’éclate au grand jour, dans une démarche d’anticipation, un toilettage des comptes de certains clients en particulier ceux des associations a été entrepris à cause du rythme de sortie de certains produits. L’occasion était bonne pour l’association d’inviter une certaine presse à aller à la source de l’information pour ne pas induire l’opinion en erreur.
Marcus Kouaman
Lefaso.net