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Le chef de file de l’opposition soutient le candidat de la majorité

Publié le lundi 4 juillet 2005 à 10h12min

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« Joe Ouéder », réveilles-toi !, il se passe au pays des choses qui dépassent l’entendement. Comme en 1978, le RDA a décidé d’aller pêcher son candidat aux élections présidentielles en dehors de la maison. Hier, c’était le général Sangoulé Lamizana, aujourd’hui, c’est le capitaine Blaise Compaoré.

Burkinabè résidant en France, nous ressentons ce jour comme un jour de deuil pour la démocratie. Ce qui vient de se passer ce 3 Juillet 2005 est autrement plus grave que la trahison qui t’avait fait sortir de ses gongs, au point de t’amener à créer le Front de Refus RDA.

Le coup qui vient de se rééditer aujourd’hui est le fait du premier parti de l’opposition (!), ayant à sa tête un chef de file déclaré de cette opposition, et nous ne comprenons pas ce qui explique que Gérard Kango Ouédraogo, même si on reconnaît qu’il est prêt à tout pour conquérir le pouvoir, ait accepté de brader le parti et avec lui, l’avenir de son fils. Faut-il que le « deal » ait rapporté !

Mais demain, comment pourront-ils, lui et son fils, affronter les regards des Burkinabé qu’ils ont outragés ?
Nous, nous ressentons cela en terre de France, comme un coup de tonnerre qui devrait faire remuer toutes les rédactions, toutes les radios. Ici, quelques amis français en rigolent, proposant d’inscrire ce haut fait dans le Record des « Guinness ». Un François Hollande qui soutiendrait un Jacques Chirac aux élections, si ce n’est pas de la démocratie à la sauce burkinabé, qu’est-ce que c’est, bon Dieu ?

Y a-t-il encore des hommes au pays des hommes intègres, des Thomas Sankara, des Norbert Zongo, pour témoigner que l’instinct de refus n’est pas mort ?

Nous avons HONTE pour notre pays le Burkina Faso. On peut encore comprendre que des opposants comme Me Wade, entrent dans des gouvernements d’ouverture, sur la base d’un accord de gouvernement mais qu’un chef de file de l’opposition soutienne un candidat de la majorité au pouvoir, c’est tout à fait indécent.

Et nous avons encore plus honte à la pensée que cette infamie de plus, puisse intervenir dans l’acceptation servile au pays. Comment peut-on accepter cela ? Comment la communauté internationale peut-elle encore fermer les yeux sur les dénonciations qui sont faites par rapport au bafouement de la démocratie au Faso ?

Nous pensons que les temps sont venus pour un réveil et à ce réveil, la presse a un rôle capital à jouer. Elle ne devrait pas se taire et laisser passer la ritournelle qui voudrait justifier ce coup d’Etat par le sursaut patriotique pour faire face aux périls internes et externes. Quel sursaut quand nous avons affaire à une forfaiture ? Quel péril, quand la mal-gouvernance est la cause de tous les drames que vit le pays ?

Ce serait malheureux si nous ne devions lire et entendre que des relations tamisées, édulcorées, voire arrangées, de l’indignation générale qui nous parvient jusqu’en terre de France. Mais nous nous demandons encore : n’y aurait-il plus d’opposants au Burkina Faso pour relever le défi ?
Les Philippe Ouédraogo, les Hermann Yaméogo, les Ali Lankoandé, les Me Sankara, les Issa Tiendrébéogo..., vont-ils se coucher ou se redresser pour faire front ?

S’ils ne le faisaient pas, ce serait comme une autre fin de l’Histoire, la fin de la politique. La perspective nous est insoutenable. Le basculement, toute honte bue du premier parti de l’opposition, avec son chef en tête dans les rangs des soutiens du candidat Blaise Compaoré, c’est la preuve des preuves que les mises en garde de l’opposition par rapport à la dérive de la démocratie étaient fondées. Elle doit, en rangs serrés, laver l’affront.

Ce qui est en jeu actuellement, c’est moins une question de compétition individuelle pour une élection présidentielle que le salut de la démocratie duquel tout nous viendra de surcroît. C’est le temps de la réelle union sacrée autour de la réhabilitation de la Démocratie et pour arrêter cette descente aux enfers. C’est cette seule sainte Alliance qui vaudrait la reconnaissance du Peuple. En ce triste jour à marquer d’une pierre noire, nous ressentons le vide immense de ton absence : réveilles-toi « Joe Ouéder » !

Ont signé :
- Emile Tapsoba
- Abdoulaye Cissé

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Vos commentaires

  • Le 4 juillet 2005 à 12:12 En réponse à : > Le chef de file de l’opposition soutient le candidat de la majorité

    C’est la plus grande honte que le peuple burkinabé vient de connaître. Je suis d’accord avec votre analyse. ADF/RDA tu viens de faire la plus grande bétise, tu as trahi le peuple burkinabé qui ne te pardonnera jamais. Il n’y a pas de démocratie et il n’y aura jamais de démocratie sans opposition crédible. ADF/RDA vient de remettre en cause la bonne marche vers la démocratie, ils viennent ainsi de nous montrer que loin de leurs ambitions politiques, ils sont motivés par leur propre intérêt qui est celui d’avoir des postes ministériels. Sinon comment comprendre que le premier parti d’opposition ne puisse pas se présenter aux élections et de pire il soutient son premier adversaire. C’est le comble du ridicule.

    PDP/PS la voie t’es ouverte, à toi d’en profiter largement. Je me demande si Herman Yaméogo ne vaut pas mieux que Gilbert OUEDRAOGO.

  • Le 8 juillet 2005 à 12:35 En réponse à : > Le chef de file de l’opposition soutient le candidat de la majorité

    Heureusement que le ridicule e tues pas ; sinon il nous aurait fallu importer dare dare des fours crématoires pour faire face aux conséquences de cette perfidie

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