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Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

Publié le mardi 27 février 2018 à 23h55min

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Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

Journée toute particulière, ce mardi 27 février à l’ouverture du procès du putsch manqué de septembre 2015. Fortement mobilisés pour la couverture médiatique de ce procès, attendu aussi bien par les familles des victimes, que par les accusés et leurs proches, les journalistes se sont vu refuser l’accès à la salle d’audience avec leurs outils de travail tels que les appareils téléphoniques, les dictaphones et les caméras. Retour sur un calvaire inattendu, atténué par la suite, aux environs de 13h à la première suspension du procès.

Nul besoin d’être dans le secret des dieux pour deviner que le procès du putsch mobiliserait des centaines de journalistes burkinabè et étrangers. D’ailleurs une commission presse a été mise en place et délivrait des accréditations aux médias à la justice militaire. Deux accréditations par média. Pas plus. Ces laissez-passer qui devraient permettre de faciliter le travail des journalistes mais aussi de la sécurité, qui en pareille circonstance est très débordée, ont-ils vraiment servi à grand-chose ?

« Ne nous créez pas de problèmes car on n’en a assez déjà »

La sécurité passe au peigne fin chaque personne désirant assister à l’audience

A l’ouverture du procès, la salle était accessible au public à partir de 6h. Quelle ne fut la surprise des journalistes, lorsqu’ils ont été accueillis, au niveau de la barrière de sécurité disposée près de l’hôtel Laïco, par les éléments de la sécurité avec des instructions claires. Pas d’appareils photos, pas de caméras, pas d’appareils téléphoniques encore moins de dictaphones dans la salle d’audience. « La décision ne vient pas de nous mais du ministère de la Défense nationale et des anciens combattants qui a publié un communiqué hier soir (…) Ne nous créez pas de problèmes car on en a assez déjà », nous a lancé un gendarme.

Ce que dit la loi

Des membres d’OSC et des journalistes rassemblés près de la barrière

Pourquoi cette interdiction des principaux outils de travail de la télévision, de la radio, de la presse écrite et de la presse en ligne dans ce procès ? Est-ce par mesure de sécurité pour éviter de probables perturbations ? Les journalistes connaissent la loi mais la question taraudait les esprits, car nul ne prévoyait faire des prises de vue de tout le procès, mais simplement d’immortaliser les premiers instants avant l’ouverture du procès et la lecture du règlement comme cela l’a été aux procès « Attaque de la poudrière de Yimdi » et « Madi Ouédraogo et 28 autres ». Rappelons au passage que la loi n°041-2017/AN du 29 juin 2017, portant organisation, fonctionnement et procédure applicable interdit l’usage des appareils « dès l’ouverture de l’audience » au risque de se voir infliger une amende de 150 000 F CFA à 5 000 000 de F CFA. Or, les journalistes ne demandaient qu’à faire leur job avant l’ouverture et non pendant le procès.

L’Armée autorisée à filmer

Les journalistes en route pour la Salle des Banquets de Ouaga 2000 pour les prises de vue

Les journalistes n’étaient visiblement pas les seuls à vouloir faire des prises de vue. Il y avait aussi les techniciens « du son et de l’image » de l’Armée. Venus avec leur « matos », ils ont dû poiroter un moment au niveau de la barrière avant de recevoir le feu vert. Le président de la chambre, sur réquisitions du Procureur général, leur ont-ils délivré une autorisation par ordonnance motivée, comme le prévoit la loi susmentionnée ? Nul ne le sait. Pour sûr, la Grande muette a réussi à immortaliser le premier jour du procès même si à un moment un avocat de la défense s’est plaint vigoureusement parce qu’il avait à un moment la caméra braquée sur sa personne. Au passage, les journalistes ont eu du mal à comprendre pourquoi les avocats, eux, ont eu accès à la salle avec leurs téléphones.

« C’est tout de même déplorable »

A l’entrée de la salle d’audience

Après trois heures d’attente à arracher des mots au simple quidam et aux responsables d’OSC qui arrivaient au compte-goutte à la Salle de Banquet de Ouaga 2000, les journalistes ont tenté, par l’entremise du Coordonnateur du centre national de presse Norbert Zongo, Abdoulaye Diallo, une nouvelle offensive juste à la recherche de la denrée rare, l’image. Pour ce dernier, la justice a certainement ses raisons d’interdire l’accès des caméras mais « c’est tout de même déplorable de voir autant de journalistes dehors avec leurs appareils ». Et l’activiste Smockey du Balai Citoyen de laisser entendre qu’une retransmission en direct aurait été préférable. En attendant, un journaliste a tenté d’ironiser en lançant « Dans la salle d’audience, il y a tous les pouvoirs sauf le quatrième ».

Entrée flash

Un photojournaliste dans l’attente

La tension devenait immense et des propositions de boycott du procès ont effleuré les lèvres de certains confrères qui n’en pouvaient plus de griller sous le soleil. Mais, aux environs de midi et demi, à la suspension du procès, les journalistes ont « enfin » été invités à se diriger dans la salle d’audience. Trois vagues furent constituées. Chacune avait droit à deux minutes. Pas plus. Après un léger tohubohu, les preneurs d’images eurent accès à la salle. A peine rentrée, la dernière vague fut aussitôt empêchée à l’intérieur de « bien » faire son job. Impossible d’avancer au-delà de l’emplacement réservé aux avocats, près de l’entrée. Qu’à cela ne tienne, le laps de temps a été utilisé à bon escient.

La première journée du procès n’a pas été de tout repos pour les journalistes, surtout pour les férus du live en radio ou en presse en ligne. Aussi dure soit la loi, elle doit être respectée. Nul n’est au-dessus d’elle, certes, mais espérons que ses garants seront moins rigides à la prochaine audience en permettant des prises de vue juste avant l’ouverture du procès. Ce n’est pourtant pas si compliqué que cela.

HFB
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Vos commentaires

  • Le 27 février 2018 à 23:49, par nebié En réponse à : Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

    Ce procès est avant tout militaire. C’était a l’armé de tout prendre sérieusement en charge puisque elle est témoin de tout ce qui s’est passé . il n y aura pas de procès équitable parce que les deux généraux ont tenu ce pays militairement et économiquement pendant 30 ans et ils continuent de diriger ce pays économiquement parce rien de leurs fortunes colossales n’a été nationalisés et même militairement parce ils sont tjrs des généraux de notre armés. Donc très influent Croyez moi un chef Moaga vivant ne couronne jamais quelqu’un qui le remplace. Pas même son fils.

  • Le 28 février 2018 à 01:19, par konfe En réponse à : Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

    Bien dit mon frère..il y a eu des crimes de sang et des crimes économiques. A quoi sert notre loi de la peine de mort ?? Juste pour empêcher l’extradition de François Compaoré ?

  • Le 28 février 2018 à 06:24, par Sidbéwendé Zoungrana En réponse à : Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

    Eh oui ! Comme on l’entrevoyait, déjà les couacs se sont présentés. Beaucoup de personnes avaient déjà tiré sur la sonnette en relevant cet impair des Organisateurs du Procès et notamment la fameuse Commission de la Presse. Comment peut-on réussir un Procès d’un tel ampleur d’importance politique et nationale sans possibilité de couverture médiatique étant donné l’intérêt général que le pays et surtout la population lui accorde ? Les Organisateurs ont raté la marche et semblent donner de la matière à mâcher aux saboteurs potentiels connus. Mais ceci reste rattrapable avec la suspension annoncée de l’Audience. Jusqu’au 14 Mars, il y a et il y aura suffisamment de temps pour procéder à une amélioration des choses. Des sélections de journalistes nationaux et internationaux et pourquoi pas, la diffusion publique et permanente par voie de Radios et Télé au profit de tout le peuple. Les moyens, quoique l’on dise, ne manquent certainement pas pour le faire. Ce n’est ni Simon Compaoré, ni le Premier Ministre qui diront le contraire quand on voit les gâchis qui se font çà et là pour financer les Ateliers et Conférences qui budgétivores, sont organisés à la pelle et ce, tous les jours. En économisant sur ces dépenses qu’on peut considérer comme des "Non-sens", on financerait aisément la diffusion tant attendue des Audiences du procès. A moins que........

  • Le 28 février 2018 à 12:11, par YEUX ROUGES En réponse à : Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

    Même l’argument de la loi qui ne permet pas la diffusion du procès peut être levé ;il suffit de relire la disposition de la loi et le tour est joué.Le peuple a besoin d’un procès pédagogique et chacun prenne conscience que quel que soit sa position dans la société,s’il n’a pas bien agi, peut être appelé à rendre des comptes un jour.

  • Le 28 février 2018 à 15:49, par Africa En réponse à : Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

    Les faits tels que relatés désolent plus d’un citoyen de ce pays. Pourquoi vouloir tenir ce procès tant attendu dans un hui-clos partiel excluant toute couverture médiatique destinée au grand public ? Comme d’habitude, d’aucuns réciteront des articles de lois pour le justifier ; mais dire le droit n’est pas seulement une récitation des textes, sinon à l’heure de l’intelligence artificielle qui va bouleverser la société humaine dans quelques années, les robots remplaceraient magistrats et avocats. Le contexte de chaque affaire devrait déterminer les nuances à faire dans l’interprétation et l’application des règles de droit édictées, me semble-t-il.
    Si le caractère public se résume à l’accès de quelques citoyens dans la salle d’audience, la voie est ouverte pour la diffusion de fausses informations sur le déroulement du procès. Cela est porteur de fracture encore plus profonde de l’opinion nationale. Pour cette raison, la couverture intégrale par les professionnels de l’information est plus qu’indispensable.
    De quelle manière cette couverture devrait-elle se faire ? Comme le procès n’est pas un spectacle, le tribunal ne peut pas autoriser chaque organe de presse audio-visuel à accéder dans la salle avec tous ses moyens. Il faudrait donc que ce soit un seul organe qui produise le son et les images pour l’ensemble des médias publics et privés pour diffusion. Je pense que la TNB en tant que service public de l’Etat ou le service de l’information des armées pourrait jouer ce rôle. Ceci n’empêche pas la présence des correspondants dans la salle d’audience.
    Si ce procès se poursuit dans son format actuel à hui-clos partiel, il aura manqué l’occasion historique de contribuer à l’éveil des consciences sur la nécessaire recherche de vérité avant toute démarche de réconciliation nationale puisque le peuple n’aura rien ou peu d’informations sur ce qui s’est réellement passé. On ne peut pas aller à une réconciliation véritable en se posant les mêmes questions qu’avant le procès. Le général Diendéré est-il ce loup solitaire qui voulait s’emparer du pouvoir par la force comme on l’a présenté jusqu’à présent ? Qui a ordonné de tirer à balles réelles sur des populations civiles désarmées et quels sont ceux des soldats qui l’ont fait ? Etc.. Le peuple a besoin de comprendre ce qui s’est passé plus que de punir parce que la reconnaissance des torts commis à des familles et à la nation sont déjà une sanction morale incommensurable.
    Il faut donc autoriser la radiodiffusion en direct ou en léger différé de ce procès comme c’est le cas du procès du Président GBAGBO à la CPI. Les opinions publiques ivoiriennes et africaines s’en sortent très édifiées, ce qui n’empêchera pas le tribunal de dire le droit !

  • Le 28 février 2018 à 18:38, par Aol En réponse à : Couverture médiatique du procès du putsch de septembre 2015 : Quelle galère !

    La loi c’est la loi. pourquoi un groupe d’individus ou d’une classe de travailleurs se croient au dessus de la loi ? C’est ont dit pas de reproduction audio ou visuelle d’un procès. Contentez vous d’au moyen de faire votre reportage. Prise de notes et dessins

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