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« Aujourd’hui, la justice a pris en otage la paix, le pardon et alimente la haine », (président du RSEEP, Joël Aimé Ouédraogo)

Publié le mercredi 21 février 2018 à 12h07min

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« Aujourd’hui, la justice a pris en otage la paix, le pardon et alimente la haine », (président du RSEEP, Joël Aimé Ouédraogo)

Officiellement lancé en juillet 2017, le Rassemblement des sentinelles pour l’Epanouissement économique et politique (RSEEP), qui se distingue aussi par la jeunesse de ses dirigeants, a opté d’avoir la révolution comme repère ‘’idéologique’’. Convaincus que seul un retour aux valeurs chères à la révolution, dont l’intégrité et l’ardeur au travail, peuvent faire l’affaire du Burkina, Joël Aimé Ouédraogo, président du parti, et ses camarades entendent se donner les moyens de porter les aspirations du peuple, malgré les difficultés auxquelles ils font face. Dans le feu de l’actualité…, nous avons échangé avec le premier responsable sur divers sujets… Interview !

Lefaso.net : Quelle est l’actualité du côté du RSEEP ?

Joël Aimé Ouédraogo : Dans sa posture révolutionnaire, le parti tente, autant que faire se peut, d’apporter sa pierre à l’édification de notre pays. Mais, comme vous le savez également, nous sommes à nos débuts, et pour nous, c’est d’abord user de certains canaux de proximité pour partager nos idées ; parce que nous n’avons pas encore la force de frappe qu’il faut pour nous entourer de tous les médias. Vous n’êtes pas sans savoir que les médias sont comme des montagnes pour nous politiques et que sur ces montagnes on est vue et entendu de tous. Donc, à travers déjà notre page Facebook officielle, nous partageons nos idées et nous critiquons, dans le sens d’améliorer.

Lefaso.net : Jeune parti qui se caractérise également par la jeunesse de ses dirigeants, vous avez été officiellement révélé au public en juillet 2017. Pour le peu de temps parcouru, quelles sont les principales leçons que vous tirez déjà de la vie sur la scène politique nationale ?

Joël Aimé Ouédraogo : La scène politique... Il n’y a pas une scène plus dangereuse que cette scène. On y découvre toutes les facettes du jeu politique dans ses péripéties les plus incroyables, c’est le lieu des guépards, le lieu où les gros poissons bouffent les alevins, c’est le lieu où on parle de justice, tout en se pratiquant l’injustice. C’est donc un milieu où se pratique à ciel ouvert l’injustice. Des gens ont sali le temple sacré la politique et en ont fait une caverne d’Ali Baba, si bien que la politique est devenue une affaire de milliardaires, voici aussi pourquoi les affairistes ; les voleurs et les corrompus s’y sentent bien à l’aise. Donc, il n’y a pas de place pour les petits comme nous, mais nous demeurons autant que ce peut fermes parce que nous pensons pouvoir réécrire la politique en d’autres mots plus sobres.

Lefaso.net : Vous avez marqué votre entrée sur la scène politique par une posture révolutionnaire. Est-ce un avantage ou un obstacle pour vous aujourd’hui ?

Joël Aimé Ouédraogo : Dire que c’est un avantage dans notre contexte national et international, serait se leurrer. Les peuples se sont habitués à la facilité, laquelle facilité a été enseignée par nos leaders politiques ; depuis l’après-révolution de Sankara. On nous a bernés avec un système dit démocratique, où l’on dit que chacun peut parler comme il veut.

C’est dans ce parler comme on veut que s’invitent tous les tares possibles. Et pour sevrer les peuples et les gouvernants de cette politique illusoire et destructrice, il faut installer le système révolutionnaire. Mais, comment installer ce système quand les gens sont pourris jusqu’aux os ? Je ne cesserai de le dire, la révolution est au travail ce que la démocratie est au repos. Le Burkina Faso est pourtant un vaste chantier qui a besoin de plus de sueurs que de salives. Donc, notre position n’est pas du tout un avantage, mais pour la cause, il faut se battre et nous nous battrons. Si nous parvenons, tant mieux ; si nous ne parvenons pas, au moins, nous aurons eu le mérite d’avoir essayé.

Lefaso.net : A ce jour, comment jugez-vous l’engouement (surtout de la jeunesse) pour le parti ?

Joël Aimé Ouédraogo : Nous avons pu constater qu’il y a de l’engouement, les jeunes s’y intéressent. Mais, entre la parole et l’action, il y a toujours un fossé. Quand vous écoutez le peuple dans son ensemble, il veut la révolution, mais ; il n’est pas prêt à payer le prix de la révolution. Thomas Sankara qui a eu son époque et son temps a su avec ces compagnons mettre en marche leur révolution et vous voyez comment ils ont impacté le monde entier en son temps ?

Aujourd’hui, nous avons nos réalités et si cette génération veut s’en sortir nous devons nécessairement mener notre révolution, une révolution qui se marie à notre époque et à nos réalités, je précise ainsi pour faire la part des choses. Ici, je ne parle pas de la révolution Sankariste, parce que beaucoup sont devenus des esclaves et des saprophytes de Sankara, parce qu’il y en a qui pensent que révolution est synonyme de Sankara. Notre père Sankara veut des hommes libres et non des esclaves.

La jeunesse doit rompre avec la peur pour enfin apporter une révolution qui puisse solutionner radicalement notre triste réalité. La jeunesse quitte Sankara partout et toujours en ces termes : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte n’est pas digne que l’on s’apitoie sur son sort ». Pourtant, elle oublie qu’elle est elle-même esclave d’un système duquel elle doit se défaire. Sankara parlait sans doute en prophète de cette génération quand il citait cette pensée. Nous avons l’avantage d’avoir hébergé Feu Thomas Sankara. Sur ces erreurs nous prendrons leçons et nous construirons un édifice meilleur.

Lefaso.net : L’actualité est marquée par le remaniement ministériel, comment avez-vous accueilli l’équipe Thiéba III ?

Joël Aimé Ouédraogo : D’abord, quand les bruits courraient, comme quoi remaniement il devait y avoir, nous étions déjà contents, nous disant que c’était peut-être une occasion pour le président Roch Marc Christian Kaboré de se rattraper et de se relever de sa défaite parce que, pour avoir écopé d’une note de 4 sur 10 (enquête CGD), c’est triste. Pour nous, c’était donc une occasion pour lui de relever le défi. Mais grande fut la surprise, quand nous avons vu ce gouvernement Thiba III.

Ce gouvernement ressemble bien trop au gouvernement Thiéba II qui, lui également, ressemble au premier gouvernement (Thiéba I). Que dire donc, c’est juste un jeu de dame, ce sont les mêmes pièces qui changent juste de place. Donc, faut-il s’attendre à grand-chose ? Non, je n’y attends pas grand-chose. Je me serais attendu à l’extraordinaire, si véritablement il y avait une nouvelle équipe. Mais, une équipe que je connais ne peut pas me surprendre. Je leur souhaite plein succès, mais je suis sûr qu’ils ne peuvent rien faire de plus que ce qu’ils ont déjà fait.

Lefaso.net : Pourtant, le Premier ministre y voit un nouveau dynamisme avec l’arrivée de jeunes !

Joël Aimé Ouédraogo : Quand on parle de questions générationnelles, les gens le calculent en termes d’âge. Pourtant, ce dont il est question ici, c’est de génération de classe politique ; il faut un renouvellement de classe politique. Les jeunes qui ont intégré le gouvernement (je n’aime pas trop critiquer), j’ose croire qu’ils ont donné leur preuve à la société (c’est-à-dire la preuve de leur intégrité, de leur dignité, la preuve qu’ils sont inébranlables, qu’ils sont incorruptibles, qu’ils peuvent agir bien pour le peuple) et ce dans le carcan politique comme en dehors du carcan politique. Sinon, ils ressembleraient bien à des gens qui courent derrière le pain. Mais, si ce sont des jeunes engagés et qui portent le nom du Burkina Faso (qui veut dire pays des hommes intègres), je suis convaincu qu’ils pourraient faire beaucoup de choses à l’honneur de la jeunesse.

Lefaso.net : A l’issue de la séance de prise de contact, le Premier ministre a insisté sur la nécessité pour les Burkinabè de se donner la main. Un discours nouveau qui prône l’unité dans la différence d’opinion. Comment analysez-vous cet appel au relent de feuille de route pour la nouvelle équipe ?

Joël Aimé Ouédraogo : Je suis pour l’unité nationale et j’apprécie fortement cet esprit du Premier ministre. Cependant, je crains que cela ne soit illusoire ; parce que pour parler d’unité, il faut déjà parler des principes. Mais, je ne vois rien de nouveau qui puisse m’amener à espérer une unité nationale ; parce que déjà, je ne vois pas le CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso) dans le gouvernement (ceux pour la plupart que j’y vois sont de la majorité).

Moi, je vois plutôt une guerre déclenchée ; des hommes qui se sont réunis pour espérer et préparer 2020. Or, pour réussir, il faut pouvoir dépasser la notion de 2020. Il faut pouvoir dépasser cette conquête du pouvoir. Il faut que pour une fois, le politique oublie un tant soit peu le pouvoir, oublie 2020 pour ne se rappeler et garder seulement en mémoire, le besoin ultime du peuple. Malheureusement, ce qui nous est donné de constater, c’est plus une préparation de 2020 qu’une préparation pour relever les défis actuels.

Lefaso.net : Pensez-vous vraiment que ce gouvernement devrait s’ouvrir à d’autres forces comme l’opposition ?

Joël Aimé Ouédraogo : C’est ce que je pense, il faut un gouvernement d’ouverture (je ne sais pas si ça a été proposé au CFOP-BF et qu’elle a refusé). J’aurais proposé que l’opposition ait une place, que nous, les révolutionnaires, ayons une place, que la majorité ait une place et que dans la cohésion, nous pensions ensemble penser le développement du Burkina. Dans un tel gouvernement si nous nous départissions de la ruse, de l’hypocrisie, du mensonge, de la haine, de l’égoïsme et de tous les tares de cette famille, je suis convaincu qu’avec le zèle de la révolution, les critiques de l’opposition et les bonnes grâces de la majorité, ces trois tendances conjuguées pouvaient créer un consensus et dégager l’unanimité pour le bien de la nation. Sinon, ici, on ne peut que constater la guerre du pouvoir ; tous se battent pour 2020, et non pour le peuple.

Lefaso.net : Vous parliez de renouvellement de la classe politique, pour ne pas dire d’alternative. Le Burkina dispose-t-il de nouvelles forces capables de remplacer celle qui est aujourd’hui aux affaires (au pouvoir comme à l’opposition) ?

Joël Aimé Ouédraogo : On peut espérer une autre alternative et même une alternance. Malheureusement, la vieille classe politique constitue une barrière, elle ne permet pas une relève, elle est d’ailleurs contre la relève. Autrement, le gouvernement serait descendu bas, aurait consulté jusqu’aux petits avant de se constituer. Ceux qu’ils ont pris dans le gouvernement, vivement, qu’ils posent de bonnes actions. Autrement, ce sera des morts qui dirigent des morts vivants et quand ce sont les morts qui gouvernent une nation des vivants, les vivants ne peuvent que devenir des morts vivants. Avec notre génération, je pense que l’alternance viendra, nous naitrons certainement, nous ne serons pas des avortons parce qu’à maintes reprises l’alternance a échoué.

Lefaso.net : On remarque aussi l’entrée dans le gouvernement d’universitaires (enseignants). Est-ce une option pour le pays ?

Joël Aimé Ouédraogo : Pour ma part, je pense que ce n’est pas vraiment la meilleure option, parce qu’intellectuels pour intellectuels, le gouvernement est bourré d’intellectuels. Or, je ne pense pas que la place des intellectuels soit toujours dans les bureaux, il y a le terrain qui est là. Mais, on a l’impression qu’on fait comme si ce sont seulement les intellectuels qui peuvent conduire et développer le Burkina Faso, je suis désolé, ils sont souvent même en déphasage de nos réalités.

J’ai l’impression que le gouvernement est devenu un ring de compétition ou chacun vient exhiber ses diplômes pour des rivalités et rire de l’ignorance du bas peuple.... Pour avoir passé beaucoup de temps à l’étranger, beaucoup d’actions de nos intellectuels trahissent nos réalités, Ils ont souvent ce problème de réadaptation. Beaucoup de nos intellectuels pour parler de nos professeurs sont très souvent pleins dans la tête, mais très pauvres dans le cœur, autrement il n’aurait pas déserté les salles de classe et les champs d’action ensoleillé au profit des salles climatisées des ministères. Donc, Il faut des hommes pleins dans le cœur et plein dans la tête, pour que le progrès puisse être réaliste et réalisable.

Autrement, ce n’est pas possible. Mais, ce qu’on voit le plus, on a des gens pleins dans la tête seulement, qui ne tardent pas à exhiber leur diplôme. Je pense que ce qui serait bien pour nos professeurs, serait de continuer à enseigner nos étudiants pour donner de l’espérance encore à nos jeunes ; parce qu’on n’a même pas assez de professeurs au Burkina. Alors, si on les envoie en si grand nombre dans le gouvernement, que deviendront nos étudiants ? Si au problème d’infrastructures et du grand retard que l’université accuse aujourd’hui, sans oublier le système LMD auquel les étudiants ont du mal à s’adapter doivent s’ajouter un déficit en personnel d’enseignement, cela est regrettable, c’est vraiment donner la preuve que l’éducation n’est pas une priorité au Burkina Faso. Je pense donc que cette idée n’est pas ingénieuse.

Lefaso.net : Quel est votre gouvernement idéal ?

Joël Aimé Ouédraogo : J’aurais proposé au président du Faso de mettre en place un gouvernement révolutionnaire, (à défaut d’être un président révolutionnaire, que le président Roch Kaboré permette cela). Au-delà de la réduction du train de vie de l’Etat, de la réduction des postes ministériels, il y a un problème de fond. Ce qui nous rend pauvre, c’est moins le train de vie de l’Etat que ces institutions qui surexploitent les peuples avec la complicité des gouvernants. C’est, ce qu’il faut dénoncer.
Il existe deux formes de corruption, la corruption illégale qui engage les petits fonctionnaires et les paysans et la corruption légale qui engage les gouvernants et les gourous de ce pays et bien sûr avec la bénédiction du capitalisme international.

Par exemple, les institutions bancaires qui nous endettent, plus de 90 % des fonctionnaires sont endettés. Comment ces institutions nous exploitent ? Pour un prêt en banque, les taux d’intérêts sont très élevés et encore sur ton gaie problématique, on te coupe une assurance, la carte bancaire se paye, et même pour consulter ton solde on paye. Sur toute la ligne, le pauvre paie lourd, nous avons endetté nos enfants et même nos petits-enfants, si nous ne prenons garde, nous risquons d’être dans la même situation que le Tchad. Idem pour les compagnies d’assurance ou par exemple il faut forcement assurer sa voiture et même si tu n’as pas subi de dommage, l’an prochain tu débourse la même somme (sans aucune réduction). Le mal est profond, les spécialistes vous en diront mieux et plus.

Que dire des opérateurs économiques sans humanités et des commerçants véreux qui peuvent payer un article à 1000 francs à l’extérieur pour le revendre à 5000 francs à l’intérieur. Et ces grandes entreprises locales et étrangères qui emploient nos jeunes sans pouvoir les assurer le minimum de protection sociale.

C’est ça qui nous tue. Pire, au lieu d’investir dans le potentiel humain, nos gourous préfèrent garder leur argent dans les banques. Malheureusement, le système a été scellé depuis les hautes sphères internationales. Il nous revient de dire courageusement NON. Vous comprenez pourquoi les riches construisent et élèvent des châteaux pendant que les pauvres creusent des tombes pour dormir. Il y a une nécessité impérieuse d’humaniser ces institutions nationales et étrangères. La révolution est ici porteuse d’espoir.

Lefaso.net : Au lieu de la réduction du nombre d’institutions, on assiste à une augmentation. Pensez-vous donc qu’on s’enfonce ... ?

Joël Aimé Ouédraogo : Je trouve qu’on s’enfonce. C’est regrettable, et ça m’amène à dire que la sagesse n’est pas aux plus anciens, elle n’appartient pas qu’à la chevelure blanche et le discernement n’est pas qu’aux vieillards. C’est vraiment triste, parce que, pendant qu’il faut réduire, voici que nous multiplions les dégâts. Pour aller où ? Je ne sais pas. Je pense qu’il y a un problème de sagesse qui se pose, nos dirigeants n’écoutent pas les cris du peuple. Si c’était le cas, ils ne se seraient pas permis d’augmenter le nombre de portefeuilles ministériels, ce n’est pas acceptable. Je suis désolé de parler ainsi de mes pères, mais quand vient l’heure de leur dire la vérité, il faut la dire. Nos pères politiques ne sont plus des repères, voici pourquoi le gouvernail de la vie sociale tenaille.

Lefaso.net : On annonce le procès du putsch pour fin février. Quelles sont vos attentes ?

Joël Aimé Ouédraogo : Vivement, que le droit soit dit et que la justice finisse par convaincre le peuple burkinabè qu’elle est vraiment juste. La justice, telle que perçue aujourd’hui, personnellement, ne me convaincs pas, parce qu’imposer par un esprit occidental. C’est une justice qui crée plus de tort qu’elle ne répare, elle n’est pas en adéquation avec nos réalités. Moi, je suis pour une justice révolutionnaire. Dans une justice révolutionnaire, on avait déjà résolu tous les problèmes ; tous ceux qui sont de près ou de loin mêlés à ce coup d’Etat auraient été rapidement jugés ; parce que s’il y a trop de tâtonnements, ça veut dire qu’il y a du faux qui se prépare.

Lefaso.net : Oui, mais aller à l’allure que vous souhaitez ne va-t-elle pas empiéter les droits fondamentaux des mis en cause ?

Joël Aimé Ouédraogo : Le prétexte de prendre tout le temps pour bien faire que brandit souvent la justice ne peut convaincre que ceux qui oublient que c’est avec le même temps que le diable use pour affuter sa ruse afin de trahir la vérité. Dans notre système judiciaire, il y a manifestement une carence sévère de bonne volonté pour dire le droit. Président, j’aurais rapidement (pour qu’il y ait une cohésion sociale) installé des tribunaux populaires pour aller au jugement et le droit serait dit sans caresse. Après le jugement, j’aurais engagé une médiation traditionnelle où les différents chefs coutumiers, les chefs religieux, auraient touché les protagonistes pour une résolution à l’amiable et pour un pardon réel. Dès que les protagonistes s’entendent et que le pardon s’installe, et sur la base de l’entente entre les deux parties, nous levons le verrou du verdict de la justice et la paix est là.

Aujourd’hui, la justice a pris en otage la paix et le pardon et alimente la haine. Elle a prise en otage le développement du pays et nous fait tourner en rond. Aujourd’hui tous les « mise en cause » cherche des moyens pour se racheter, bien sûr pour ceux qui se savent coupables. Je pense qu’il faut les encourager à avouer leur crime après cela nos médiateurs tels que les religieux et les coutumiers pourrons entreprendre des démarches pour une réconciliation réelle et alors les verrous se lèveront et la cohésion s’invitera à la table de la fraternité.

Le Burkina a besoin d’une bonne base avant d’instaurer des règles strictes et unanimes aux gens et ou les prétextes seront effacés ; mais il faut d’abord une base. Il faut que les gens comprennent que Blaise Compaoré, Isaac Zida, Gilbert Diendéré, Djibril Bassolé et tous les autres mis en cause sont nos frères et non nos ennemis. Il faut que nous prenions conscience que notre guerre ne nous profite en rien sinon qu’à nos exploiteurs. Je suis convaincu que des hommes intègres tels que Norbert Zongo, Thomas Sankara, Boukary Dabo où qu’ils se trouvent voudrait plus voir l’union et le développement de la mère patrie que ce déchirement que nous vivons aujourd’hui. Ces hommes intègres ont donné la preuve par leur sacrifice, de leur amour pour la mère patrie.

Lefaso.net : Le message du parti à l’ensemble des Burkinabè, surtout à sa jeunesse, qui semble faire de moins en moins confiance à ses dirigeants !

Joël Aimé Ouédraogo : J’ai fait des recherches, et je me suis rendu compte que le Burkina Faso est le seul pays au monde, à porter un nom aussi grand et aussi moral : Pays des Hommes intègres. Malheureusement, nous avons trahi la terre du Burkina Faso, nous avons trahi les ancêtres du Burkina Faso. Il y a nécessité que l’on se réveille et qu’on le restaure. Aujourd’hui, les gens sont désespérés ; parce qu’ils se disent qu’il n’y a pas d’espoir, tous les politiciens sont les mêmes. C’est vrai, qu’il y a beaucoup de désolation en politique, mais nous n’avons pas le droit de baisser les armes, nous n’avons pas le droit de désespérer. Nous devons continuer, parce que dans une nation aussi grande, nous ne pouvons pas être tous corrompus. Je demande juste aux Burkinabè d’ouvrir l’œil et de se munir d’un esprit de discernement. Alors, ils comprendront qu’il y a encore des fils et des filles dignes, intègres, qui veulent réellement le bien du Burkina Faso.

Je voudrais aussi interpeller les jeunes sur les réseaux sociaux. Qui pour des raisons que j’ignore insultent. Dès que vous faites une publication pour apporter une critique, ils se mettent à injurier, à vous traiter d’aigri. Nous devons prendre conscience que hier des jeunes ont été payés pour saboter la révolution des hommes tels que THOMAS SANKARA, Patrice LUMUMBA... qui pourtant était salutaire. Les jeunes doivent changer de mentalité pour ne pas désarmer par leurs insultes l’ardeur des hommes sincères. L’heure n’est pas à la compromission, ni à la peur. L’heure est au courage et à la détermination pour un Burkina meilleur. La jeunesse ne devra plus animer le concert des pères oppresseurs, elle ne devra plus vendre son avenir au passé.

Lefaso.net : A vous de conclure l’interview ...

Joël Aimé Ouédraogo : J’ai des mots à l’endroit du président Roch Marc Christian KABORE ; j’aimerais juste lui dire que mes yeux ce sont ouverts sur cette réalité de plus de 30 ans et je ne voudrais pas qu’ils se referment sur cette même réalité.
Je suis convaincu que lui aussi, mais comment y arriver quand nous savons tous qu’il a contribué à construire l’édifice de la honte ?

J’ai écouté ses discours, j’ai suivi son raisonnement et j’ai pu entrevoir son désir de voir les choses bouger dans le bon sens, cependant, qu’il me permette de lui dire cette vérité : « monsieur le Président, Le ton et l’ambition que vous avez sont plus forts que votre âge et plus fort que votre histoire.

Plus fort que votre âge parce que vous n’avez plus cette force dans le corps qui puisse vous permettre de faire le tour et de vous assurer que le PNDES avance, vous êtes juste un bon lecteur de rapport et un homme obligé de croire à tout ce qu’on lui dit.
Plus fort que votre histoire parce que vos 27 ans avec Blaise Compaoré vous collent trop la peau, si bien qu’il vous est difficile de convaincre ce peuple qui a déjà gouté au fruit de la liberté tombé de l’arbre du soulèvement populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Monsieur le Président, il y’a nécessité de sacrifier vos compagnons d’âge sur l’autel du peuple car le Burkina est composé dorénavant d’une génération très exigeante et l’avenir du Burkina Faso ne se trouve pas dans votre passé. » Je demande aussi au Président d’instaurer un gouvernement révolutionnaire. Voici comment il sortira grand de l’histoire.

Pour terminer, mes remerciements vont à l’endroit de votre organe, lefaso.net, qui ne ménage aucun effort pour fouiller les coins obscurs et pour révéler des jeunes comme nous au grand public.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso !

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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