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Réfugiés togolais : Le bon choix de l’Union européenne

Publié le jeudi 30 juin 2005 à 07h37min

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L’Union européenne a annoncé le 28 juin dernier sa décision
d’accorder son aide financière aux réfugiés togolais via le
haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). Cette annonce fait
suite aux propos d’Edem Kodjo, Premier ministre du Togo, le 26
juin 2005 de retour d’une mission à Bruxelles, au siège de l’UE.

"Le commissaire européen pour le développement et à l’action
humanitaire, Louis Michel, a décidé de mettre à la disposition du
gouvernement togolais, la somme de 1,5 million d’euros (1
milliard de F CFA) pour faire face (...) à la question des réfugiés",
avait déclaré M. Kodjo. Il faut le dire, la volonté affichée de l’UE
de confier ses fonds à l’organisme humanitaire des Nations
unies, contrairement aux dires du Premier ministre, porte un
coup dur au pouvoir encore fragile de Lomé.

Les autorités
togolaises entendaient, sans doute, se servir de cette aide pour
redorer leur blason tant au plan interne qu’externe. En effet, une
mise directe de ce fonds à la disposition du gouvernement allait
être, s’il ne l’était pas déjà, pour le pouvoir de Lomé, une preuve
tangible de la reprise de la Coopération avec l’UE ; un geste qui
semble visiblement être la priorité de l’équipe Kodjo.

Or, aux
yeux de Bruxelles, la reprise des relations avec le Togo reste
assujettie à la mise en oeuvre effective de tous ses
engagements du 14 avril 2004. Ce qui est loin d’être le cas, à
l’heure actuelle. D’où cette réaction de l’Union européenne
décidée à mettre les pendules à l’heure et qui constitue un
camouflet pour le régime de Faure Gnassingbé.
Mais, au-delà de ce camouflet politique infligé au pouvoir
togolais, l’acte de l’UE est, en lui-même, plein de lucidité, au
regard de certains précédents en Afrique.

En effet, rien n’indique
que l’aide en question, une fois dans les caisses de l’Etat
togolais, allait parvenir à ses destinataires que sont les réfugiés
togolais au Bénin et au Ghana. Le HCR les estime à plus de 22
500 pour le seul Bénin. Dans ces conditions, laisser l’argent
entre les mains des tenants du pouvoir, qui n’ont pas forcément,
à coeur la question des réfugiés, aurait été une preuve de
légèreté de la part de Bruxelles. Certes, les organismes non
gouvernementaux ne sont pas toujours exempts de critiques en
matière de mauvaise gestion de deniers.

Mais, comparés aux
administrations publiques africaines, caractérisées par la
corruption et les détournements, ils offrent plus de garantie et
d’indépendance dans la gestion des aides destinées aux
populations. C’est pourquoi, ce choix de l’Union européenne de
confier au HCR son soutien financier, pour aider au retour des
Togolais réfugiés dans les pays voisins après les violences de
l’élection présidentielle contestée du 24 avril dernier, revêt une
importance capitale, en ce sens qu’il rompt avec certaines
pratiques mafieuses des partenaires occidentaux qui ont
souvent composé avec des structures ou individus peu
crédibles dans l’exécution des projets.

Cette attitude de
laisser-faire pose même le problème de la bonne foi de ces
partenaires, qui pour la réalisation d’un projet en Afrique,
débarquent avec leurs experts, du matériel et des matériaux
commandés chez eux. Ainsi, les 3/4 des fonds investis
retournent d’où ils viennent. Il y a visiblement une absence réelle
d’aider les populations africaines à sortir de leur pauvreté, à se
passer de l’aide occidentale. Dans ce contexte, il n’est pas
étonnant qu’il n’y ait pas de véritables mécanismes de suivi et
d’évaluation dans la mise en oeuvre de bon nombre de projets
en Afrique, puisque cette situation de non-transparence profite à
tout le monde : les partenaires du Nord et leurs interlocuteurs du
Sud.

Il est donc temps de mettre en place de véritables structures
de suivi des investissements en Afrique. A ce niveau, une
société civile bien organisée, responsable indépendante et
ayant à coeur le développement des Etats, pourrait bien jouer un
rôle de premier plan. Bien sûr, insister sur le rôle primordial de
la société civile africaine dans ce jeu de transparence, ne
signifie pas exclure, forcément les Etats. Au besoin, leurs
représentants pourraient en être parties prenantes. Mais il existe
aussi des domaines où la présence de l’Etat n’est pas
nécessaire.

Dans ces cas, on pourrait s’en passer et recourir
seulement à des structures de la société civile, à même
d’asurer une transparence dans la gestion.
En tout état de cause, l’impératif de transparence n’est pas
exclusif. Il est plutôt inclusif. Dans cette perspective, la bonne
gestion ou la bonne gouvernance devrait être le souci de tous
les acteurs du développement en Afrique, qu’ils soient de la
société civile ou de l’administration publique.

Le Pays

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