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Enlèvement du Dr Eliot : Deux ans après, un collectif s’organise pour sa libération

Publié le lundi 15 janvier 2018 à 23h40min

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Enlèvement du Dr Eliot : Deux ans après, un collectif s’organise pour sa libération

Dans le cadre des activités de sa campagne de plaidoyer, le Collectif pour la libération du Dr Eliot a animé une conférence de presse, dans la matinée du lundi 15 janvier 2018, à Ouagadougou. A l’occasion, Serge Bayala, le secrétaire exécutif a exprimé sa déception face à l’affirmation de la communauté internationale selon laquelle « elle est incapable de savoir où se trouve des groupes terroristes et les victimes de cette barbarie ».

15 janvier 2016-15 janvier 2018. Voilà deux ans jour pour jour que le médecin généraliste, Dr Eliot Kenneth Arthur a été enlevé dans la ville de Djibo par des hommes se réclamant de « l’émirat du Sahara ». Dans le souci d’obtenir sa libération, une organisation dénommée « Collectif pour la libération du Dr Eliot (CLDE) » a vu le jour, il y a à peine un mois. Ce lundi, le secrétaire exécutif, Serge Bayala, entouré de ses collaborateurs, a animé une conférence de presse à Ouagadougou. Cette sortie médiatique est l’une des activités inscrites au menu d’une campagne de plaidoyer pour la libération du Dr Eliot.

« Nous voulons interpeller les citoyens burkinabè, en premier, que nous n’avons pas un droit d’ingratitude à l’égard du Dr Eliot pour ce qu’il a fait dans le domaine de la santé et du social. Deuxièmement, nous voulons interpeller les autorités politiques, locales qu’elles ont tout le devoir de faire en sorte que cet homme qui a aidé le Burkina Faso dans la promotion de la santé au Nord, puisse avoir sa libération inscrite dans l’agenda de 2018 », a signifié le secrétaire exécutif du CLDE, Serge Bayala, qui estime également que « l’efficacité de la diplomatie burkinabè ne doit pas résider dans « la mendicité ».

« Nous pensons que si notre diplomatie a les moyens pour faire autant de voyages, elle peut aussi mettre un peu de cette activisme pour s’occuper de la question de Kenneth ».

Dr Eliot, le sauveur du Sahel

Pour lui, l’Australien de 84 ans est un médecin généraliste doté d’un savoir-faire « extraordinaire ». « Du Mali au Sénégal en passant par la Gambie, la Guinée-Conakry, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria, la Mauritanie, des millions de malades ayants perdu espoir, ont été sauvés par ses soins », a-t-il soutenu, rappelant au passage que depuis son installation à Djibo en 1972, il a ouvert un centre médical digne d’un hôpital. Excepté la chambre que le malade hospitalisé ayant les moyens qui était tenu de payer, rien d’autre n’était payant. Aussi, les patients pouvaient y rester durant des jours sans rien craindre », a-t-il déclaré.

Puis Daouda Sawadogo de confirmer : « Une fois, je ne me sentais pas bien et j’ai été au centre médical d’Arthur. Ce jour, un soignant du nom de Moussa m’a introduit dans son bureau. Et lorsqu’il est arrivé, il m’a demandé l’objet de ma visite, après les salutations d’usage. Je lui ai répondu que j’ai été piqué à l’œil par une abeille. C’est là, qu’il a ordonné à Moussa de me donner des bonbons. Je pensais que c’était réellement des bonbons mais non c’était des produits. Naturellement je lui ai demandé le prix des soins et il m’a dit de m’en aller. Et je suis parti sans avoir rien payer ».

Pas d’intervention militaire…

Au regard de ce qui précède, M. Bayala pense qu’il est de bon ton que la communauté internationale joue sa partition, car, convaincu que le Burkina Faso à lui seul ne peut résoudre le problème. « Si elle est encore internationale et si elle est représentative de tous les citoyens du monde, elle a le devoir de veiller, avec tous les moyens que la technologie lui offre, notamment les drones, les chars et les soldats que l’on envoie un peu partout en Afrique et dans la sous-région, à la libération de ceux qui sont déjà captifs des terroristes en général, et du Dr Eliot en particulier ».

Avant de marteler : « C’est une honte immense que l’Organisation des Nations Unies, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest se voient aujourd’hui incapables de sauver un citoyen pris en otage par des djihadistes ».

Par ailleurs, le CLDE a écarté l’idée de toute intervention militaire. « Notre souhait en faisant cette campagne, ce n’est pas pour récupérer un cadavre. Nous voulons récupérer Eliot vivant. Et pour nous, en employant la voie militaire, ça pourrait radicaliser ceux qui l’ont et ils pourraient passer à une exécution », a expliqué le SG.
Du reste, il entend saisir toutes les voies et moyens pour atteindre leur objectif. « S’il faut que nous faisions des meetings, nous le ferons. S’il faut que nous nous adressions aux autorités d’ici et d’ailleurs pour qu’elles puissent prendre en considération cette question et laisser de côté les soucis égoïstes ou le désir d’endetter le pays, nous n’hésiterons pas non plus », ont-ils dit.

Un projet de film documentaire en perspective

A l’issue de la conférence, le collectif prévoit une mission sur Djibo. Objectif : Apprécier l’impact de l’absence du Dr Kenneth. « A partir de ça, le film documentaire qu’on espère pouvoir monter avec le soutien et l’accompagnement de tous, pourra permettre d’amplifier cette campagne, d’appeler davantage les autorités politiques et internationales », a conclu le conférencier.

Le CLDE est composé de trois organisations, à savoir le « cadre 2h pour nous, 2h pour Kamita (Ndr plus de 300 membres), l’association Buùd-yam et le collectif lui-même (Ndr la majorité de la population de Djibo) ».

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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