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Peste porcine africaine : Dr Joseph Savadogo en parle…

Publié le mercredi 10 janvier 2018 à 14h35min

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Peste porcine africaine : Dr Joseph Savadogo en parle…

La peste porcine sévit au Bénin, a-t-on appris par le truchement des médias il y a quelques temps. Face à cette épizootie, quelles sont les dispositions prises par son voisin, le Burkina Faso ? Pour en savoir, nous avons approché le docteur Joseph Savadogo, directeur général des services vétérinaires du ministère des Ressources animales et halieutiques. A travers l’interview ci-après les explications du spécialiste. Lisez !

Lefaso.net : Présentez-nous votre structure !

Joseph Savadogo : La direction générale des services vétérinaires est une direction qui relève du ministère des Ressources animales et halieutiques. Elle est composée de trois directions techniques : la santé animale, le laboratoire nationale d’élevage, la santé publique vétérinaire et de la législation. Nous nous occupons principalement de la conception et de la mise en œuvre de la politique en matière de santé animale et de santé publique vétérinaire au Burkina Faso.

Depuis quelques temps, la peste porcine a resurgi au Bénin. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette pathologie animale ?

La peste porcine africaine(PPA) est une affection virale très contagieuse des porcins. Elle se caractérise par des taux de mortalité atteignant 95-100% lors des épizooties dans des zones nouvellement atteintes. La transmission de la maladie à un animal sain se fait par contact direct avec des animaux infectés et celle indirecte intervient par la nourriture contaminée, la litière et le matériel d’élevage souillé. Il faut cependant noter qu’un animal guéri reste porteur du virus. Elle est une maladie transfrontalière, persistante au Ghana, Togo, Côte d’Ivoire et le Bénin.

Le Burkina Faso a-t-il déjà connu une telle épizootie ?

L’apparition de la peste porcine africaine(PPA) dans notre pays a été confirmée pour la première fois le 21 août 2003 dans la province de la Kompienga. La deuxième apparition a eu lieu en 2007, à Ouagadougou. Ce qui signifie que la maladie est présente, mais se déclare de manière sporadique.

Quelles ont alors été les conséquences ?

Pour le premier foyer, la Kompienga, l’application des mesures sanitaires qui a permis de contrôler la maladie pendant plusieurs années a consisté à l’abattage et à la destruction de tous les porcs de la zone infectée. Ce sont en tout 1 260 porcs abattus avec une indemnisation des éleveurs à plus de 5 000 000 FCFA. Le coût total de l’opération a été estimé à 10 000 000 FCFA. A Ouagadougou(deuxième apparition), par manque de moyens financiers et du fait de l’évolution rapide de la maladie sur le reste du pays, il n’était pas possible de faire l’abattage sanitaire. Dès lors(2007), chaque année l’on notifie la maladie au Burkina Faso et ce, dans différentes régions.

Existe-il un traitement préventif, un vaccin ?

Il n’existe pas de vaccin contre la peste porcine africaine. Le seul moyen de lutte est l’application des mesures sanitaires. L’éradication de la maladie passe par l’abattage et la destruction de tous les porcs de la zone infectée. Les élevages porcins voisins doivent être mis en quarantaine et complètement isolés pour les protéger de l’infection.

Des mesures sont-elles prises pour éviter que la peste ne passe nos frontières ?

La peste porcine africaine est transfrontalière. Elle est persistante au Ghana, au Togo, en Côte d’Ivoire et au Bénin. La maladie est enzootique au Burkina Faso depuis 2008. Pour ce qui est des mesures, nous avons des postes de contrôles vétérinaires aux frontières(PCVF), et des postes vétérinaires(PV) chargés de la surveillance épidémiologique afin d’empêcher toute introduction de la maladie dans les zones indemnes de notre pays.

Avez-vous des conseils à donner aux populations et principalement aux éleveurs ?

Sachant que la maladie est enzootique au Burkina Faso, j’invite les éleveurs à mettre l’accent sur la biosécurité, la protection de leur ferme. Veuillez à isoler tout animal étranger à sa ferme en le mettant en quarantaine afin de prévenir toute introduction de la maladie. Il faut aussi s’assurer de la provenance des aliments qui doivent être donnés aux animaux. Pour le reste, nous sommes à leur disposition pour diagnostiquer précocement la maladie et leur donner les conseils pour qu’ils puissent préserver le statut sanitaire qu’ils ont.

Un mot pour terminer ?

C’est inviter les populations surtout les éleveurs face à de telle situation, à approcher les services vétérinaires pour les conseils pratiques. Egalement, de signaler tout cas de mortalité de porcs aux services compétents du ministère.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net

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