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Projection cinématographique : "Kounandi", la mort en désespoir de cause

Publié le mercredi 29 octobre 2003 à 06h33min

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Le répertoire filmographique national vient d’enregistrer une nouvelle œuvre : Kounandi (bienvenue en dioula). Ce film dramatique réalisé par Appoline Traoré a été diffusé en exclusivité au ciné Neerwaya le 24 octobre dernier.

Ce matin-là, le chef Djougoutigi, magistrat suprême du village, a été saisi d’une affaire de la plus haute importance. En effet, Moussa accuse sa femme Myriam d’adultère, tandis que cette dernière proteste qu’"en vingt ans de mariage, son homme n’a jamais été efficace au lit, passant le plus clair de ses nuits à ronfler de façon tonitruante et caverneuse". La preuve la plus irréfutable qu’elle a fournie pour défendre sa cause (aller à la rencontre d’autres hommes) est qu’elle demeurait sans enfants et ne se sentait pas femme.

Pendant que l’heure était aux plaidoiries des différentes parties, une étrangère venue certainement de très loin ou son état de lassitude, troubla la tranquillité de la "cour" par ses hurlements guturaux. Sur ordre du chef, deux sages-femmes furent dépêchées à ses côtés. Celles-ci la conduisirent dans une case. Quelques heures plus tard, l’étrangère donna naissance à une fille, mais mourut aussitôt après. Le bébé ayant été présenté au chef, celui-ci décide de le nommer Kounandi.

Pour trancher le différend qui opposait Moussa à Myriam, Djougoutigi trouva sage de leur confier l’enfant. Ainsi décidé, ainsi adopté ! les années plus tard, Kounandi se révéla être une naine. Cette situation fit qu’elle fut ipso facto rejetée par tout le village. "Oh ! une femme sans seins !, aura-t-elle seulement un mari ?" Et c’était tout un inventaire à la prévert de railleries qui lui était administré. Et comme si cela ne suffisait pas, Moussa abattit froidement Myriam alors que cette dernière allait à la rencontre de son amant Koné. Pris de schizophrénie, il battait à plate couture Kounandi restée seule et sans défense, il finit même par la chasser sans aucune forme de procès. Comprenant sa souffrance, Karim, un cultivateur, la reçut chez lui. Très vite, Kounandi tomba amoureuse de Karim mais celui-ci était malheureusement déjà marié. En essayant en vain de le séduire, Kounandi se sacrifia en donnant sa vie à la femme malade de Karim pour l’amour de ce dernier.

Comme on le constate, Kounandi s’est donné la mort en désespoir de cause. Personne ne voulant d’elle, elle s’est alors sentie déshonorée. Or, l’homme est un être doué de raison et d’intelligence. Ces qualités mi generis, il les vit dans sa peau. Il exige des autres qu’ils le voient en homme. Et chaque fois que quelqu’un le verrait autrement, il aurait dénaturé ce qu’il ressent dans sa peau, sa chair et porté du même coup, atteinte à son honneur. "Kounandi" invite donc l’homme à ne pas être un "étiquettiste" qui qualifierait Pierre ou Paul de puissant ou misérable et ce, au nom de critères purement subjectifs.

Arsène Flavien BATIONO
(Stagiaire)
Sidwaya du 28/10/03

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