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Liberté et éducation, les deux faces d’une « véritable » indépendance, selon des habitantes de Gaoua

Publié le lundi 11 décembre 2017 à 23h59min

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Liberté et éducation, les deux faces d’une « véritable » indépendance, selon des habitantes de Gaoua

Gaoua, capitale de la région du Sud-Ouest a brillé de mille feux, dans la nuit du 11 décembre 2017 à l’occasion du 57e anniversaire de la fête de l’indépendance. Quelques heures plutôt, dans la matinée, les populations vivaient en live le défilé civil et militaire. Ouédraogo Thérèse et Traoré Céline y étaient. L’une est ménagère et l’autre, institutrice. Mais, toutes deux ont presque la même définition du mot indépendance.

Pendant que les débats s’amplifiaient dans les cabarets sous l’effet de la bière de mil capiteuse, que les embouteillages se créaient sur les grandes artères de Gaoua avec ses nouveaux feux tricolores et que la brocante attirait beaucoup de curieux à la foire de l’indépendance, Ouédraogo Thérèse et Traoré Céline, elles, admiraient les défilants civils et militaires marcher au pas cadencé, au son de la fanfare. Ce 11 décembre, date d’anniversaire de l’indépendance du pays, est un jour unique pour ces deux femmes qui participent à leur première célébration en live.

Liberté. Tel est le sens que Thérèse, la ménagère, donne à l’indépendance du Burkina Faso (ex Haute-Volta). Cette signification, selon elle, est importante et elle rajoute qu’un homme qui n’est pas libre de ses mouvements, qui n’est pas libre de penser et de s’exprimer, ne peut travailler. « Et sans travail, il n’apportera aucun développement dans son pays. Pire, il fera du mal autour de lui », soutient-elle. Tout en saluant les efforts consentis par l’Etat pour apporter un nouveau visage à la ville de Gaoua, Mme Ouédraogo pense qu’il peut mieux faire en facilitant l’accès des populations défavorisées à l’électricité et à l’eau. Le Burkina Faso est-il indépendant ? Sans ambages, la ménagère répond par l’affirmative en insistant sur la notion de liberté.

Quant à l’institutrice, Traoré Céline, le Burkina Faso ne sera pas indépendant tant que « le colon aura une mainmise sur la gestion des affaires d’Etat ». « On aimerait que le Burkina arrive à voler de ses propres ailes sans l’aide des Occidentaux, qu’on exploite les potentialités de notre pays et qu’on promeut un développement endogène. Si nous le faisons, nous serons capables de les dépasser », pressens l’institutrice. Mais avant, elle a invité le gouvernement à investir dans les infrastructures socio-éducatives et à faciliter l’accès des populations des zones rurales à l’information.

C’est à Gaoua, ville dans laquelle il a passé une partie de son enfance, que le père de la révolution d’août 83, Thomas Sankara, a prononcé son célèbre discours sur la qualité de l’enseignement. Dans ce discours baptisé « l’appel de Gaoua », le capitaine « rebelle » se livre à une critique du système éducatif. Du 17 octobre 1986 à nos jours, le système éducatif a bien changé de visage et pour la voisine de Céline, aussi enseignante, l’indépendance du Burkina devrait passer par une indépendance au niveau de l’éducation à travers la prise de mesures fortes. Selon elle, les autorités doivent prêter une oreille attentive aux cris des acteurs de l’éducation, en grève ces derniers jours. « Tout développement part de l’éducation et nous espérons que les autorités prendront le problème à bras le corps, ce qui permettra de mettre fin à l’incivisme et aux comportements déviants de la jeunesse. Si nous considérons l’éducation au rabais, l’incivisme ira crescendo », a-t-elle prévenu.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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