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11e anniversaire de la disparition du Professeur Joseph Ki-Zerbo : Le Comité International Joseph Ki-Zerbo pour l’Afrique et sa Diaspora rappelle ses combats

Déclaration

Publié le mercredi 6 décembre 2017 à 23h55min

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11e anniversaire de la disparition du Professeur Joseph Ki-Zerbo : Le Comité International Joseph Ki-Zerbo pour l’Afrique et sa Diaspora rappelle ses combats

C’est en 1974, lors d’une conférence à Ndjamena au Tchad, que le professeur Joseph Ki-Zerbo a décliné l’une de ses inoubliables formules ou expressions magiques, à l’endroit de la jeunesse scolarisée africaine, alors méprisante à l’égard du monde rural, considéré à tort comme « arriéré ». Il recommandait alors aux jeunes une bonne potion de « vitamine H » : H comme histoire. Oui le Professeur avait une bonne dose de vitamine H : H comme humour.

En ce 4 Décembre 2017, onzième anniversaire de sa disparition, nous faisons œuvre de mémoire pour celui que le président Macron a, assez difficilement d’ailleurs, appelé un des grands historiens africains. Pour nous il est plus que cela.

Pour l’éducateur patriote et enseignant émérite qu’il fut, pour une Université qui porterait plus que son nom mais aussi sa pensée, pour le peuple dont il est issu et pour le Continent qui l’a vu naitre, il doit être plus que cela.

Il est le baobab qu’on ne peut mettre entre parenthèses. Il est aussi la mémoire des luttes burkinabé et africaines. Il est celui qui a ciselé la formule insurrectionnelle « N’an lara, an sara ! », aux temps forts de la lutte du collectif contre l’impunité demandant justice pour le journaliste Norbert Zongo. « Si nous nous couchons nous sommes morts ».

Si l’on est habité par cette injonction, il faut bien se demander s’il y a lieu de s’évertuer à disséquer les discours des présidents de la république française sur l’Afrique comme si, fondamentalement, notre salut en dépendait. Les intellectuels choisis, doivent-ils consacrer tant d’énergie pour rédiger des adresses aux Présidents de la France, comme si la marche de l’histoire du Continent en dépendait ?

Ou faut-il, à l’instar de Joseph Ki-Zerbo reconnaître ceci : « On ne peut séparer les deux pieds de l’histoire, l’histoire- nécessité et l’histoire- invention, de même qu’on ne peut séparer les deux pieds de quelqu‘un qui marche : les deux sont combinés pour avancer ».

L’histoire-nécessité exige que la jeunesse africaine fasse de son nombre plus qu’une masse ou un fardeau : un peuple en mouvement, parce qu’organisé pour parachever la longue marche du mouvement panafricain. Le basculement de l’Afrique vers une situation de fort peuplement-relativement faible vu l’immensité du Continent-, doit être perçu comme un aiguillon pour concrétiser une vision souveraine et ambitieuse de transformations sociales transfrontières.

Dans une telle vision, la femme africaine constitue la cheville ouvrière du destin de la jeunesse de demain. Lui rendre toute la considération qui découle de son rôle historique d’amazone d’hier à demain, exclut des discours moralisateurs d’où qu’ils viennent. Ceci est encore plus significatif après le scenario vécu à Ouagadougou le 28 novembre 2017, tout particulièrement au sujet de la politique malthusienne visiblement proposée comme issue par le Président Macron aux femmes africaines.

Il appartient à notre continent de forger les concepts de son développement au regard de sa propre évolution et de celle du reste du monde, et non pas à partir d’une vision façonnée par des puissances étrangères.

A cet égard, on ne soulignera jamais l’importance de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, document de référence que le président de la république française M. E. Macron, a royalement ignoré durant sa tournée africaine à l’occasion du Sommet Union Européenne-Union Africaine.

Mais une telle attitude de la France, se comprend aisément en 2017 : bien évidemment, les propositions opérationnelles mentionnées par M. Macron – Maison de la jeunesse, rayonnement académique français, Business France- ne sont que l’expression du déploiement français en Afrique.

Les priorités africaines ont été formulées récemment lors de la Conférence africaine des humanités organisée sous l’égide de l’UNESCO à Bamako en juin 2017 : décolonisation des curricula, promotion massive des langues africaines et tant d’autres.

Oser inventer son avenir pour cette jeunesse, c’est effectivement faire œuvre de mémoire comme ces authentiques panafricains aux abords de l’Université Joseph Ki-Zerbo(Ouagadougou), refoulés par les forces de l’ordre le 28/11/2017 alors qu’ils exprimaient leur engagement pour la devise « N’an lara en sara » et pour le principe « oser inventer l’avenir ».

Malgré les détours qu’a pris l’histoire nationale, Ki-Zerbo et Sankara sont aujourd’hui associés dans la mémoire collective du peuple du Burkina Faso, avec Norbert Zongo et d’autres artisans d’une maturation démocratique progressive. À ce propos le Comité International Joseph Ki-Zerbo salue la mémoire de feue Augustine Zongo, mère de l’illustre disparu.

Il est alors pour le moins singulier, d’entendre un élève du philosophe Paul Ricoeur, l’auteur de La mémoire, l’histoire et l’oubli, -il en serait quasiment co-auteur- vouloir extirper de la mémoire collective africaine et universelle l’héritage objectif du colonialisme, matérialisé dans ces visées hégémoniques qui, encore récemment, ont entrainé la destruction de l’Etat libyen et l’assassinat de Kadhafi par des forces coalisées venant des pays membres de l’OTAN.

Dix ans après sa première rencontre sur la Conférence panafricaine des peuples convoquée par Nkrumah en 1958, le CIJKAD commémorera à nouveau la fièvre fédéraliste de cette année-tournant en Afrique parce que la mémoire est pour nous et l’Afrique un levier et un levain pour son futur. L’Afrique ne peut ignorer sa propre historicité si elle veut être souveraine.

L’histoire-liberté : face au Président Macron, le président du Ghana, Nana Akufo-Addo a souligné à juste titre le principe du développement endogène et souverain de l’Afrique, plus conforme aux rêves de libération effective de la jeunesse africaine : comme il le dit, celui de « marcher sur ses deux jambes ». La pertinence et la substance de cette nécessité d’indépendance véritable, réside dans cette célèbre formule du Professeur : « on ne développe pas, on se développe ! ».

Non de mourir dans un exode suicidaire ou d’être une jeunesse censurée, infantilisée quand elle reste au pays, mais une jeunesse consciente, debout, mise au travail dans des grands chantiers panafricains : « We want young African to stay in Africa ! ».
Cette jeunesse africaine ne restera pas dans des pays sous perfusion et sans vision, mais dans des pays véritablement en action.

Des pays où ces jeunes seront éduqués dans des langues qu’ils maîtriseront et où ils exerceront des métiers qui serviront l’économie, la société et la culture de l’Afrique dans sa diversité. Des pays qui constitueront un espace panafricain intégré où les jeunes circuleront en toute confiance, conscients de leur rôle de bâtisseurs d’un continent maître de son destin et ouvert au reste du monde à travers une véritable coopération tenant compte de nos besoins et doté d’un robuste contenu local.

Pour le CIJKAD, le Président
M. Cruz Melchor EYA NCHAMA

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