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Extrémisme violent : Comment donner l’information sans en faire l’apologie

Publié le mercredi 15 novembre 2017 à 14h14min

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Extrémisme violent : Comment donner l’information sans en faire l’apologie

Dans le cadre du programme CVE (Medias countering violence and extremism) de l’ONG Internews, des journalistes ont été formés sur les mesures sécuritaires à prendre pour réaliser des reportages en zones de conflit. C’était ce vendredi 10 novembre 2017, à Ouagadougou.

Les questions sécuritaires et l’extrémise violent sont des problèmes récurrents de nos jours. Ce sont des réalités qui rendent souvent la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, difficile sinon impossible pour les reporters. C’est dans ce sens que le programme CVE a initié cette formation en sécurité sur le thème : « Reportage dans les zones de conflit : la problématique de la sécurité du journaliste ». Cela pour soutenir les médias burkinabè dans la production et la diffusion d’articles d’investigation sur les activités extrémistes. Il s’est agi également d’aider les journalistes à savoir comment se déplacer dans les zones de conflits.

Le module dispensé par le journaliste Ouezzin Louis Oulon a porté sur les comportements à adopter dans une zone de conflit et comment aborder les personnes ressources sur le théâtre des attaques terroristes. Pour le formateur, il n’y a pas de méthode statique car la réalité est toute autre d’un conflit à un autre. Ce qui fait que le journaliste dans sa quête de l’information prend des risques et peut y perdre la vie, car « on ne peut pas être reporter et vouloir éviter le risque ». Ces risques en réalité ne sont pas connus par ceux qui lisent les articles, écoutent ou regardent le reportage, en ce sens que ces derniers se demandent rarement comment le reporter collecte l’information pour leur faire parvenir. Selon les statistiques, en 2016, 57 journalistes sont morts dans l’exercice, ou à l’occasion de l’exercice de leur fonction et c’est la Syrie qui détient la palme d’or avec 19 journalistes tués.

La protection des sources

Faire son travail sous le bruit des canons, courir la mort et s’en sortir, se révèle comme un parcours de combattant. Mais le reporter n’a d’autre choix que de s’adapter à son milieu pour avoir la bonne information et la diffuser. Le formateur Oulon a rappelé que le journaliste n’est ni un espion ni un manipulateur des propos des interlocuteurs. Il a l’obligation de protéger ses sources et se doit d’être prudent pour ne pas diffuser une information qui n’est qu’une simple rumeur, d’où le recoupement des informations (plusieurs témoignages) et l’assurance de la fiabilité des sources. Il faut surtout qu’il fasse attention pour ne pas être taxé de faire l’apologie du terroriste.

Quant à l’intervention du Capitaine Hervé Yé, chargé de communication et des relations publiques de la Gendarmerie nationale, elle a porté sur le type de coopération entre forces de sécurité intérieure et journalistes, dans un contexte sécuritaire difficile. Selon lui, les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont une certaine crainte des journalistes car toute information divulguée peut compromettre une opération en cours, sinon mettre fin à la vie ou à la carrière du militaire tout simplement parce que ce dernier aura donné une information.

A son entendement le journaliste malgré l’obligation de protéger sa source a le devoir de coopérer avec les services de sécurité dans l’intérêt supérieur de la nation. Une collaboration qui peut permettre d’appréhender ceux qui attaquent le Burkina Faso par exemple. « Pour lutter efficacement contre le terrorisme, il faut une bonne collaboration entre les journalistes et les forces de l’ordre ». a-t-il insisté.

Et la hiérarchie militaire de plus en plus s’attèle à communiquer et à donner la juste information aux journalistes. Toute chose qui ne peut que renforcer la confiance entre les deux entités. Toujours dans ce soucis d’une bonne collaboration, les journalistes ont été conduits sur un terrain d’entrainement de l’Unité d’intervention spéciale de la Gendarmerie nationale pour assister à une simulation d’attaque terroriste. Sur place les uns et les autres ont pu apprécier la difficulté de la tâche pour venir à bout d’une attaque.

Marcus Kouaman
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2017 à 15:00, par kato En réponse à : Extrémisme violent : Comment donner l’information sans en faire l’apologie

    Le problème ne vient pas forcément des journalistes. En effet, nous sommes dans un monde de spectacle et de mise en scène permanente où le politique pense tirer bénéfice de toute actions ou activité. Ce faisant, la mort des soldats fauchés par des terroristes donne lieu à un spectacle médiatique où les acteurs principaux sont des politiques, accompagnés des journalistes. Or en de pareille situation, les morts doivent être enterrés sans grand spectacle médiatique, mais cela ne voudrait pas dire que toutes les actions de solennité ne doivent pas y être. Seulement un peu de discrétion, de retenu . Autrement, nous fournissons aux terroristes des contenu de press-book. Regardez sur les chaînes étrangères comment un attentat terroriste donne lieu des dizaines d’invités sur les plateaux qui vont commenter l’ évènement pendant 2 à 3 jours. Et quand vient l’heure de rendre hommage aux victimes, les politiques entrent en scène avec de longs discours.

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