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Mort de l’artiste Jeanne BICABA : Adieu à la princesse du Mouhoun

Publié le jeudi 23 juin 2005 à 07h41min

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Partie en Côte d’Ivoire le pays qui l’a vu naître et où elle a fait ses premières armes, Jeanne BICABA en est revenue dans un cercueil. Cruel destin, elle a été victime d’un grave accident de la circulation qui prive ses nombreux fans, ses parents et ses amis de sa présence physique.

Désormais celle qu’on avait surnommée à juste titre la princesse du Mouhoun repose au cimetière de Gounghin-Ouagadougou.

Elle a été accompagnée à sa dernière demeure le samedi 18 juin par une foule nombreuse. Ses collègues artistes musiciens venus lui rendre un dernier hommage étaient inconsolables. Oui, ca fait mal de voir partir à jamais un être cher avec lequel on a partagé les bons moments et ceux difficiles. Car on retient surtout de Jeanne qu’elle était tout simplement très humaine ; cette qualité qui fait d’un homme un être sociable et prêt à apporter son soutien à son prochain. Sur ce point, Jeanne n’aura pas vécu inutilement et sur le plan artistique, sa vie professionnelle était tout naturellement celle d’une star pas de elle qui est inaccessible, mais une artiste proche des gens, de son public.

Son credo n’était-il pas d’ailleurs d’être à « Devandougou » ce néologisme ivoirien qui signe aller toujours de l’avant.
Jeanne a joué pleinement sa partition pour pousser la musique burkinabè vers l’avant. Et c’est pour ces raisons qu’elle a mérité du monde artistique et culturel qui s’est mobilisé depuis l’annonce de la nouvelle de son décès aux encablures de Katiola nord de la Côte d’Ivoire.

Sa dépouille mortelle a traversé le Burkina où, à chaque grande ville, les autorités politiques, administratives et culturelles n’ont point hésité à lui rendre hommage. Jeanne BICABA n’est plus mais un artiste ne meurt jamais ; elle a laissé des œuvres de grande valeur qui vont perpétuer sa mémoire. Elle nous fait danser tout en nous prodiguant des conseils pratiques dans le combat qui était le sien à savoir l’émancipation de la femme burkinabè.
Après avoir joué pleinement sa partition et tiré sa révérence, Jeanne BICABA nous laisse un grand message post mortem sur la crise en Côte d’Ivoire.

Comme pour dire qu’entre le Burkina et la Côte d’Ivoire il ne doit pas y avoir le feu. Elle avait une partie d’elle au bord de la lagune Ebrié et une autre au Faso. Elle a quitté notre monde en Côte d’Ivoire et a été inhumée au Burkina. Un signal fort des liens historiques qui existent entre les deux pays et que pour rien au monde on ne doit rompre. Nous espérons que les politiciens comprendront ce message de paix et de bon voisinage de Jeanne.


Ils ont dit

Alexis KONKOBO (président de l’AJSB)

C’est une grosse perte. Jeanne BICABA était aux côtés des journalistes sportifs, non seulement à travers la nuit des champions mais aussi lors de certaines sorties récréatives. Elle avait été adoptée par les journalistes sportifs et on pouvait même la confondre à l’ensemble de la presse sportive du Faso. Je garde d’elle l’image d’une femme gentille, celle d’une femme qui avait de l’ambition. On sentait en elle une grosse envie d’aller toujours de l’avant. A deux jours de sa mort, nous étions ensemble à la TNB et Jeanne me disait qu’elle était en train de préparer son prochain album.

Malheureusement la mort nous l’a arrachée, mais comme on dit, un artiste ne meurt jamais. Ce que Jeanne a produit comme œuvres artistiques restent dans l’histoire, et, se positionnent comme des réalisations de grande facture. Jeanne est partie mai elle reste dans notre cœur et notre mémoire comme une grande dame qui a vraiment œuvré pour la promotion de la musique burkinabè et qui a su intégrer avec art culture et sport.

Fousseny TRAORE, D.G Seydoni Production Mali

Jeanne était une artiste pleine de joie, beaucoup engagée dans l’avancée de son art, et surtout très respectueuse. Quand on m’a annoncé la nouvelle de son décès, je n’y ai pas cru. C’est à la veillée funèbre que j’ai réalisé qu’effectivement Jeanne est partie pour toujours. On avait tué Jeanne par la rumeur et elle est revenue de plus belle. Je pensais dans mon for intérieur que c’était encore les mauvaises langues qui s’en prenaient encore à Jeanne. Malheureusement cette fois-ci Jeanne nous a quittés pour toujours. C’est une grosse perte.

A Seydoni-production nous avions de très bonnes relations avec l’artiste Jeanne BICABA et elle était dans nos studios pour préparer la sortie de son prochain album. Les maquettes sont faites malheureusement elle n’a pas placé sa voix ; on a que des voix témoins. Jeanne est partie au moment où elle commençait à être la diva de la musique burkinabè du point de vue chant, du point de vue présence scénique en un mot du professionnalisme.

Verra-t-on un album post-mortem de Jeanne puisqu’elle était en studio ?

F.T : Cela va être difficile. Elle a fait les compositions mais nous n’avons pas les cassettes de ses chansons. On a que les voix témoins qui ne sont pas celles des chansons. C’est des mimes comme on dit. Pour que l’album sorte malgré la disparition de l’artiste, il faut retrouver les textes et proposer cela à une autre chanteuse. Comme cela, on pourra sortir un album au nom de Jeanne bien qu’elle ne vive plus.

Boureima DJIGA, président de l’Association des communicateurs culturels

J’ai été très bouleversé par la nouvelle du décès de Jeanne BICABA. En moins d’une année, nous avons perdu 4 artistes. La toute première impression que j’ai eue est d’avoir cru que c’était cette méchante rumeur qui s’acharnait encore sur Jeanne. Le choc fut grand pour nous lorsque nous avons eu la confirmation que c’était des suites d’un accident de la circulation en terre ivoirienne. J’avoue être toujours dans l’émotion et j’ai du mal à croire qu’il y a moins d’un mois, nous étions ensemble au BBDA dans le cadre d’un cercle de réflexion pour trouver les stratégies de lutte contre le piratage artistique. Jeanne avait fait des propositions très pertinentes pour des actions de communication et de terrain pour lutter contre le piratage.

Avec sa mort, Jeanne, laisse un grand vide dans la grande famille de la culture burkinabè. Elle était très bien partie après un temps de flottement. Car il faut souligner qu’elle avait eu la chance d’avoir fait ses armes aux côtés des grands noms comme Meiway, Alpha Blondy à l’image des I threes de Bob Marley, puis elle a rencontré un producteur guadeloupéen qui a placé sa carrière sur une pente ascendante. C’était la première fois qu’on entendait une artiste burkinabè exceller dans le genre Zouk.

Elle a fait chanter et danser une grande partie du continent. Puis il y a eu un bémol ; mais Jeanne à force d’abnégation a pu revenir aux premiers plans en s’installant définitivement au Burkina. Ces derniers temps je la voyais sur une moto J.C dont l’apprentissage de la conduite lui avait causé quelques égratignures. Je m’amusais en lui disant ... « ma bobo, tu aurais dû apprendre à rouler à mobylette dès l’enfance ». On a rigolé.

Mais la mort est venue arracher « ma bobo » qui s’est rendue en Côte d’Ivoire pour voir un de ses enfants qu’elle n’avait pas vu il y a longtemps. Paix et repos pour son âme.

par Issa SANOGO
L’Opinion

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