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Sites aurifères de Safané, Bagassi, Zinigma : plus de 100 cas d’affections pulmonaires

Publié le jeudi 23 juin 2005 à 07h19min

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Des recherches menées sur l’utilisation du mercure dans les
sites d’orpaillage ont démontré que pour chaque gramme d’or
obtenu par amalgamation, environ deux grammes de mercure
s’échappent dans le milieu ambiant, polluant directement les
sols, les eaux, sans compter l’inhalation de gaz par les
utilisateurs et leur voisinage.

Face à la vulgarisation de
l’utilisation de produits chimiques par les orpailleurs
burkinabé, le ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie
a initié des études sur les 11 grands sites aurifères du pays.
Les résultats de ses travaux ont laissé entrevoir qu’il y a péril en
la demeure.

Seule à assurer la production d’or au Burkina depuis 1999,
l’activité minière artisanale (ou encore l’orpaillage) est
aujourd’hui devenue une activité de lutte contre la pauvreté.
De 1989 à nos jours , elle a pu injecter dans l’économie
nationale plus de 100 milliards de F CFA ; une contribution très
significative à l’économie nationale et à la balance commerciale.

Mais sur les sites d’orpaillage, les conditions de vie des
travailleurs sont précaires. En plus d’être exposés aux
problèmes sociaux tels que le banditisme, la prostitution, les
IST/SIDA, ils font face aujourd’hui à la destruction de
l’environnement, la contamination des sols et des eaux.
Principale cause : l’utilisation non maîtrisée de produits
chimiques comme le mercure.

L’état rudimentaire et précaire de leurs instruments d’extraction,
de traitement mécanique du minerai et des méthodes
gravimétriques utilisées ne sont pas toujours suffisants pour
permettre une bonne récupération de l’or contenu dans les
"concentrés".
Pour pallier ces insuffisances et difficultés, les orpailleurs ont
dû introduire, dans leurs procédés de travail, une technique
artisanale de traitement chimique de l’or par l’amalgamation au
mercure.

Cultivée par l’ignorance des orpailleurs, cette pratique
s’est généralisée sur l’ensemble des sites. Et les travailleurs
des mines, sans aucune formation en la matière, s’exposent
quotidiennement aux méfaits du mercure, polluent les eaux et
les sols.

Le projet de renforcement de capacités nationales du secteur
minier et de gestion de l’environnement (PRECAGEME), en
synergie avec le Comptoir burkinabè des métaux précieux
(CBMP), a mené une étude sur les 11 sites les plus importants
du pays, du 26 août au 22 octobre 2004. Les résultats de ces
travaux mettent à nu le visage caché du mercure.

Résultats des études menées

Sur l’ensemble des onze sites visités, 1090 personnes ont été
examinées, 767 radiographies pulmonaires ont été réalisées,
93 personnes ont donné des échantillons d’urine pour le
dosage du mercure urinaire. Ces études ont observé une
variation de l’intensité d’intoxication en fonction des sites.
Celle-ci semble plus importante à Safané, Moussobadougou,
Zinigma, Fandjora III et Bagassi.

Situation qui pourrait être en
rapport avec l’importance de l’activité de traitement de l’or avec le
mercure. Selon le rapport de synthèse des travaux, la plupart
des maladies sont dues au fait que les équipements de
protection individuelle sont utilisés de façon négligeable sur le
terrain. D’où la hausse de la prévalance de l’intoxication
professionnelle et l’exposition à de nombreuses maladies
(44,3%) des 1090 examinées sont atteintes de céphalées ; 37,
9% atteintes de douleurs thoraciques ; 22,9% de troubles de
visions et 20,3% de toux persistante).

Au nombre des pathologies déterminées à l’examen clinique,
20,2% de la population examinée ont présenté une albuminurie
( présence d’albumine dans les urines), 15% ont au moins un
chiffre anormal de la tension artérielle et 3,8% ont une baisse
de l’acuité visuelle.

Sur le total de 767 radiographies pratiquées (727 ont été
interprétables) 117 ont présenté des anomalies
(bronco-pulmonaires et pleurales, affections cardio-vasculaires,
diaphragmatiques et hépatiques. Les acheteurs d’or sont, selon
le rapport, les plus intoxiqués par le mercure car ils sont les
plus exposés aux vapeurs de mercure lors de certaines
opérations particulières telles que le brûlage de l’amalgame, le
reconditionnement, la conservation du mercure dans les
vêtements et la distribution du mercure.

Les travaux menés sur le terrain auront permis la
sensibilisation de 6000 personnes au total sur les onze sites.
Onze retorts ont été mis à la disposition des orpailleurs des
onze sites ; plus de 1200 personnes ont été initiées à leur
utilisation et plus d’une quarantaine d’agents de l’administration
locale des zones des sites sensibilisés ont été imprégnés des
conséquences de l’utilisation du mercure.

Par Alain DABILOUGOU
Source : Rapport CBMP
Le Pays

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