Tout comme en 2016, c’est l’hôtel Laico qui a accueilli les « amis » de la République de Chine à l’occasion de son anniversaire, le 106e. Membres du gouvernement, hommes politiques, diplomates, entrepreneurs, officiers de l’Armée, etc. Tous étaient présents pour se remémorer avec le peuple taiwanais, ce fameux 10 octobre 1911 où « le Docteur Sun Yat-sen et des partisans se sont sacrifiés pour mettre fin au despotisme de l’Empire du Milieu, et fonder au 1er janvier 1912 la première république d’Asie ».

Un « géant » qui vient de loin

Une vue des invités dont quelques membres du gouvernement

Dans son discours, l’ambassadeur Shen Cheng-Hong a indiqué que son pays a connu des périodes troubles jusqu’en 1949, après la seconde guerre mondiale. « Taiwan n’avait d’autre choix que de travailler avec ardeur et détermination pour son développement économique et social », a expliqué le diplomate. Pays essentiellement agricole, l’île de Formose est aujourd’hui un géant d’Asie dans le domaine des technologies et des services, une prouesse qu’elle doit à ses hommes et femmes. La dynamique est lancée et selon Shen Cheng-Hong, la présidente de la République, Tsai Ing-wen, a entrepris de vastes chantiers notamment dans les domaines de l’informatique, l’intelligence artificielles, la biomédecine, la justice, la diplomatie, etc.

Bientôt l’évaluation à mi-parcours de 26 projets

Shen Cheng-Hong, ambassadeur de la république de Chine au Burkina Faso

Les relations d’amitié et de coopération entre Taiwan et le Burkina Faso sont au beau fixe, à en croire l’ambassadeur taiwanais. Et ce n’est pas la soixantaine de jeunes formés au Centre de référence de Ziniaré, et qui passeront bientôt 12 mois de stage au sein d’entreprises taiwanaises, qui s’en plaindront. Chaque année, ce sont près de 25 millions d’euros qui sont injectés par l’île de Formose dans l’exécution de ses projets qui touchent pour l’essentiel à l’Agriculture (riz pluvial), la formation professionnelle, l’assistance médicale, les énergies renouvelables, l’environnement et la sécurité. Le taux d’exécution physique et financière des projets reste satisfaisant, selon l’ambassadeur taiwanais, qui note qu’il avoisinerait les 90%. Il a d’ailleurs mentionné dans son discours, la tenue prochaine d’une réunion pour l’évaluation à mi-parcours des 26 projets retenus, en septembre 2016, lors de la 11e session de la Commission mixte de coopération entre les deux pays.

Même si satisfaction il y a dans l’exécution des projets, l’ambassadeur Shen Cheng-Hong note quelques retards observés dans la mise en œuvre de certains projets, des retards, pense-t-il, qui sont dus à la lourdeur administrative dans les appels d’offres, l’arrivée tardive des marchandises ou le désistement de certains fournisseurs. Ces difficultés entrainent, à l’en croire, plusieurs désagréments et retours à la case départ. « Mais, assure-t-il, le comité de suivi à mi-parcours fera un diagnostic complet de la situation afin d’y apporter des solutions ».

« Rester vigilant »

L’ambassadeur discutant avec quelques invités

Une reconnaissance de Taiwan sur la scène internationale, le 1er Vice-président de l’Assemblée nationale, Me Benewendé Sankara, y croit. Au regard du droit international, il estime que rien ne devrait s’opposer à une reconnaissance officielle de ce pays déterminé et qui a eu le temps de se faire connaitre par de nombreux Etats souverains. Pour lui, le vrai débat, « ce ne sont pas les frontières mais plutôt l’intégration des peuples ». Et de soutenir « Il ne faudrait pas des arguties, des artifices fondés sur une domination politique pour refuser à des Etats leur indépendance ».

Le Vice-président de l’assemblée nationale, Me Bénéwendé Sankara (droite), et le ministre de la sécurité, Simon Compaoré (gauche)

En attendant, Shen Cheng-Hong dit être satisfait du soutien du Burkina Faso, notamment en matière de diplomatie, pour que son pays fasse son entrée dans le concert des nations et dans les agences spécialisées de l’ONU. Et même si plusieurs accords ont été signés avec la Chine continentale, dans le cadre de la préservation du statu quo, l’ambassadeur taiwanais estime que son peuple doit rester « vigilant et ne pas se laisser distraire ».

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net