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Burkina Faso : Des chercheurs burkinabè et suédois explorent les transformations socio-politiques de 2014-2016

Publié le vendredi 6 octobre 2017 à 15h51min

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Burkina Faso : Des chercheurs burkinabè et suédois explorent les transformations socio-politiques de 2014-2016

« Société civile, syndicalisme et politique ». C’est autour de ce thème que le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et l’Ambassade de la Suède au Burkina ont organisé, mardi, 3 octobre 2017 à Ouagadougou, un dialogue démocratique. Ce thème est inspiré par un ouvrage intitulé « Transformations socio-politiques burkinabè de 2014-2016 », fruit d’une recherche pilotée par Pr Sten Hagberg de l’Université d’Uppsala en Suède et Dr Ludovic Kibora, maître de recherche, directeur de l’Institut des sciences des sociétés (INSS) du Burkina.

C’est devant des participants et invités composés de représentants de partis politiques, de syndicats, d’organisations de la société civile, d’hommes de droit, de sociologues, de chercheurs, d’étudiants..., que s’est mené le débat autour de cet ouvrage : « Transformations socio-politiques burkinabè de 2014-2016 » et d’où a été tiré le thème du dialogue démocratique : « Société civile, syndicalisme et politique ».

Outre les auteurs, Sten Hagberg et Ludovic Kibora, qui ont campé le décor par la présentation de l’ouvrage, les panélistes étaient également composés du constitutionnaliste, Pr Augustin Loada ; le magistrat et secrétaire général du SAMAB, Antoine Kaboré et l’avocat et porte-parole du Balai citoyen, Me Guy Hervé Kam.

Tout était donc réuni pour un regard croisé sur un thème tant d’actualité qu’équivoque !

Le débat à proprement dit a été précédé par la présentation de l’ouvrage. De cette partie, on peut retenir que par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le Burkina marque une rupture avec son « passé autoritaire », des régimes d’exception et s’engage dans un « renouveau démocratique ». Par cette étude sur les « Transformations socio-politiques burkinabè de 2014-2016 », commanditée par l’Ambassade de la Suède, il s’agit de comprendre quels sont les facteurs de force et de risques pour la démocratie au Burkina.

« C’est de cette recherche globale qu’on a essayé de faire un ouvrage scientifique, à partir de ce que nous avons pu observer bien avant 2013 jusqu’à 2016 », a précisé Ludovic Kibora. Pour le chercheur, il ne s’agit donc pas d’une simple compilation d’écrits sur la période, de points de vue d’officiels ..., mais plutôt d’une recherche vers le bas de la société (différentes couches sociales de la population à la base) pour comprendre comment ces catégories sociales perçoivent-elles les changements intervenus (insurrection populaire et au putsch). Ce qui a conduit à l’analyse de plusieurs éléments relatifs aux femmes, aux jeunes, aux organisations de la société civile, aux syndicats, aux politiques. Selon M. Kibora, toutes ces problématiques ont été interrogées dans une perspective d’amélioration.

A en croire Pr Sten Hagberg, l’étude s’est également intéressée aux élections (dans la perspective des échéances à venir). D’autres études sont aussi annoncées. C’est le cas de celle portant sur la sécurité. « Il est nécessaire d’intégrer la sécurité avec la liberté de la population ; parce qu’on peut penser qu’avec l’insécurité, on peut se permettre de restreindre la liberté des citoyens », relève Pr Hagberg.

Après cette première partie, place a été faite aux débats à proprement dits sur le thème (« Société civile, syndicalisme et politique »).

Ainsi, Pr Augustin Loada a d’abord fait observer que cet ouvrage est l’une des productions scientifiques sur la situation qui a caractérisé le Burkina ces dernières années.

« Pas seulement de la recherche fondamentale, mais aussi de la recherche appliquée dans le cadre de la coopération entre la Suède et le Burkina », a-t-il apprécié. Le constitutionnaliste a ensuite confié que la lecture de l’ouvrage lui suggère des interrogations, notamment sur le ‘’secret’’ de la longévité du régime Compaoré, les conditions de la prise du pouvoir par Yacouba Isaac Zida après la chute de Blaise Compaoré, etc. Pour l’ancien ministre de la fonction publique, ce sont entre autres énigmes qui méritent d’être interrogées.

Des liens entre la société civile, les syndicats et la politique, l’enseignant s’est appuyé sur l’exemple du Bénin et du Burkina pour relever que les syndicats ne veulent pas être associés à la société civile. Pour Pr Loada, avec l’évolution de la situation socio-politique des dernières années au Burkina, il est, parfois, difficile de tracer une ligne de démarcation entre société civile, syndicat et parti politique. Si fait que la perception selon laquelle, « la société civile est instrumentalisée par des partis politiques » mérite d’être interrogée.

Le secrétaire général du syndicat autonome des magistrats du Burkina (SAMAB), Antoine Kaboré, précise dès l’entame de son analyse, que l’action des syndicats est essentiellement dans la construction de l’Etat. Aussi, poursuit-il, contrairement aux autres qui avancent avec des approches parfois très peu connus, les syndicats ont des méthodes longtemps connues de tous. A l’en croire, les syndicats se sont toujours engagés ou abstenus, quand il le fallait.

« Tout dépend des objets, des engagements, des méthodes utilisées et de la finalité des luttes », a-t-il soutenu avant de conclure que « si toutes les autres étaient si honnêtes, le Burkina aurait évité de nombreux maux ».

Le porte-parole du Balai Citoyen, Me Guy Hervé Kam, ne partage pas, quant à lui, certaines perceptions faites sur les organisations de la société civile. D’ailleurs, déclare-t-il, « au Burkina, il n’y a pas plus politiques que les organisations syndicales ». Il en veut pour preuve que dans la plateforme revendicative des organisations syndicales, les questions politiques sont plus prépondérantes.

Tout comme ces panélistes, les participants avaient également beaucoup à dire sur le thème. D’où les nombreuses réactions à travers questions d’éclaircissement, commentaires et autres apports au thème.

Selon le premier Conseiller de l’Ambassade de Suède, Mats Harsmar, cette démarche (l’étude) est importante pour orienter les interventions de son pays avec le Burkina en matière de coopération.

« Dans notre coopération, la démocratie est très importante. Nous soutenons les droits de l’Homme, l’égalité entre homme et femme, les libertés d’agir dans la société. Nous avons aussi voulu (par cette recherche, ndlr) avoir un approfondissement de notre propre analyse (…) et mieux voir les choses pour l’avenir », a précisé Mats Harsmar.

O.O
Lefaso.net

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