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Campus numérique francophone de Ouagadougou : Francis Paré réfléchit sur la question de l’éducation des acteurs politiques au développement durable

Publié le mardi 10 octobre 2017 à 17h01min

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Campus numérique francophone de Ouagadougou : Francis Paré réfléchit sur la question de l’éducation des acteurs politiques au développement durable

« Education des acteurs politiques au développement durable : quelles compétences à développer et quelles stratégies didactiques à mettre en place pour réussir une telle éducation », c’est le sujet du mémoire de Master 2 de recherche, soutenu au campus numérique francophone de Ouagadougou par Francis Paré, par ailleurs Directeur général de la Fonction publique du Burkina. Après deux années de travail avec l’Université Blaise Pascal de Clermont- Ferrand, en France, l’impétrant était face au jury, le 29 septembre 2017 pour la présentation de son travail. Nous l’avons accosté, juste après la soutenance pour en savoir davantage.

Lefaso.net : veuillez-vous présenter, s’il vous plait !

Francis paré (F. P.) : Je m’appelle Francis Paré, je suis étudiant au 3è cycle à l’Ecole supérieure du professorat et de l’Education de l’Université Blaise Pascal de Clermont Ferrand.

Lefaso.net : pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette soutenance ?

F. P. : La formation subie durant ces deux ans est intitulée « formation des formateurs en éducation au développement durable ». Nous sommes une diversité de compétences dont des enseignants titulaires d’Université qui font cette formation en vue de construire une chaire mondiale plus ou moins harmonisée en matière de développement durable. Nous sommes une dizaine au niveau de l’espace francophone mondiale dans la formation, constitué de six nationalités.

Pour le fond, vous savez qu’en matière de développement durable, chacun y va de son commentaire, soit de façon écolo-centrique, soit de façon économico-centrique, soit de façon anthropocentrique... Ainsi, comment articuler cette vision complexe dans les politiques publiques, c’est ce qui a attiré mon attention dans le cadre mon travail.

Lefaso.net : Quelle est la particularité du choix de ce thème ?

F. P. : La particularité du choix de ce thème, c’est d’abord mon contexte. En effet, je suis par ailleurs le directeur général de la fonction publique et nous sommes sous le feu de l’action de façon régulière depuis un certain temps, ce qui éprouve sérieusement la dynamique de développement de notre pays. Que ce soient les acteurs qui réclament de meilleures conditions de vies et de travail, que ce soit les autorités qui sont en face et qui doivent répondre à ces réclamations, l’on doit avoir une vision harmonisé de ce que nous voulons de la dimension prospective pour notre pays.

Le choix du thème a d’abord été inspiré par notre contexte burkinabè, mais aussi en prenant en compte les difficultés de développement, les échecs de certaines politiques publiques de développement dans notre pays. Nous ne pouvons pas continuer à percevoir le développement de façon purement économiciste, car dans ce cas, nous ne le percevrons pas dans sa globalité. En réalité, il n’y a pas de développement, il n’y a qu’un développement durable qui doit être la finalité de toute politique ou action publique.

Parce que si vous faites de l’accroissement de richesse, quel est l’impact de cette richesse sur les populations en matière de bien être ? Quel est le prix à payer par notre environnement de vie pour parvenir à cet accroissement de richesse ? Quelle est la part des générations futures ? Quelle est le niveau de prise en compte des incertitudes, des tribulations du futur ? Est-ce que nous avons toute cette vision complexe lorsque nous voudrions faire du développement ?
Pour nous, pour avoir toute cette vision complexe, il faut inéluctablement avoir une éducation subséquente.

Ici, il faut plutôt percevoir l’éducation c dans son sens noble, c’est-à-dire dans son acception de véhicule des savoirs, des savoir-être, des savoir-faire, et de plus en plus, on parle de savoir-agir, de savoir-faire faire et de savoir-devenir. Il faut donc outiller suffisamment les acteurs politiques en la matière pour mieux orienter leur choix parce qu’on ne peut bien agir que sur la base d’une information et/ou formation pertinente.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous dire succinctement ce que c’est que le développement durable ?

Le développement durable, c’est le fait de satisfaire à nos besoins d’aujourd’hui tout en ne compromettant pas les générations futures à satisfaire les leurs. Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. C’est d’ailleurs la définition donnée par le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations-unies, dit rapport Brundtland. Il s’agit, lorsque nous voulons poser un acte, de nous poser régulièrement la question suivante : est ce que nous avons pris en compte la dimension globale et systémique, les compétences collectives à mobiliser, le principe de la responsabilité des acteurs, l’éthique, la dynamique du changement et surtout, la dimension prospective ? Ce sont là les méta-compétences ou clés stratégiques du développement durable.

Lefaso.net : A vous entendre, vous avez presque survolé tous les contours du thème. Sachant également qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, quelles ont été les commentaires du jury ?

F. P. : C’est essentiellement des difficultés liées aux conditions d’études. La formation se faisait en France, en présentiel. Nous avons dû faire un séjour là-bas, mais l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand a aussi bien voulu, envoyer une mission scientifique et d’enseignement au Burkina Faso, précisement précisément à l’Université de Koudougou. Ce qui a permis de minimiser les coûts.

En dehors de cela, nous sommes responsables administratifs avec beaucoup de charges de travail, et il n’est jamais facile d’allier les deux. C’est là, quelques difficultés qui ont du dû nous contraindre à avoir un choix méthodologique raisonné.
Nous ne pouvions pas faire une étude de grande portée, nous avons donc considéré un échantillon relativement restreint ; ce qui forcement va nous amener à être modeste par rapport à la généralisation des résultats auxquels nous avons abouti. Des aspects purement épistémologiques, nous ont un peu limités. Nous aurions pu avoir un échantillon de trois cent, quatre cent acteurs mais c’était difficile dans un laps de temps de le faire.

Le jury a bien apprécié cette modestie de la démarche et des résultats qui peuvent être approfondies pour la suite parce que cette formation s’inscrit dans un processus doctoral. Nous poursuivrons toujours dans la même lancée et nous osons croire que nous pourrions approfondir ces aspects, et éventuellement sortir à terme un document de guide d’utilisateur de la formation des acteurs politiques au développement durable qui pourrait être un référentiel ou un guide pour nos autorités ou acteurs publics du Burkina ou d’ailleurs en matière d’écriture de vision ou de politiques publiques.

Lefaso.net : Vos sentiments au sortir de cette soutenance

F. P.  : Je suis satisfait d’un devoir accompli et d’avoir tenu le pari, et surtout de ne
l’avoir pas fait au détriment de mes obligations professionnelles. Aujourd’hui c’est un grand soulagement, même si le chemin se poursuit.
Le jury n’a pas manqué de faire savoir son satisfecit. Il ne délibère pas automatiquement, mais après le passage de toute la dizaine d’étudiants de la promotion. Je reste confiant.

Je n’oublie pas de remercier ma hiérarchie, l’Université de Koudougou pour son ouverture au monde et tous ceux qui m’ont soutenu d’une manière ou d’une autre. Je dis aussi un grand merci à ma famille qui m’a compris. Certes je suis à ma quatrième soutenance, mais il n’est jamais simple d’allier obligations familiales, obligations professionnelles et études d’un certain niveau. Mais bon, tout se passe bien, grâce à Dieu !

Interview réalisée par Tambi Serge Pacôme Zongo (Stagiaire)
Lefaso.net

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