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Nouvelle hausse des prix du carburant : Encore le cours du dollar et le coût du baril

Publié le mercredi 22 juin 2005 à 07h44min

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Depuis le 17 juin 2005, les prix des hydrocarbures connaissent une hausse de 1 à 5 F CFA à la pompe. Un phénomène auquel le consommateur devrait s’attendre chaque mois, car du côté de la société nationale burkinabè des hydrocarbures l’on explique ces variations par le coût élevé du baril de pétrole (56,95 dollars US) et la hausse du cours du dollar (540 F CFA).

Le litre du Super 91 est passé de 575 à 577 F CFA, ceux du gasoil de 508 à 509 F CFA et du mélange de 585 à 590 F CFA. Dans l’ensemble, les prix des hydrocarbures ont connu, vendredi 17 juin dernier une hausse variant de 1 à 5 F CFA. Une fluctuation du coût de carburant à laquelle les consommateurs burkinabè devront apprendre à s’habituer chaque mois. En effet, le directeur commercial (DC) de la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY), Oula Traoré explique que les prix des hydrocarbures tiennent compte d’une formule de tarification adoptée en février 2001.

Celle-ci révise les prix à la pompe selon les fluctuations du coût du baril de pétrole et du cours du dollar sur le marché internationale. « En principe, le consommateur doit s’attendre chaque mois soit à une hausse, soit à une baisse du prix du carburant. Malheureusement, depuis des mois, les cours du baril et du dollar ne font qu’augmenter. D’où le phénomène actuel » a-t-il soutenu.

Pour M. Oula, aucun pays n’a intérêt à vouloir faire de la surenchère sur le commerce des hydrocarbures car cela contribuerait au contraire à freiner l’élan du développement. « Tous les Etats sont dépendants du marché mondial des produits pétroliers. Seulement, ce sont les frais de transport qui font la différence entre les prix pratiqués par les pays côtiers et ceux de l’hinterland » indique le DC de la SONABHY. Aussi, à la date du 17 juin 2004, le coût du baril était de 35 dollars US et le cours de la monnaie s’élevait à 536, 04 FCFA. Un an plus tard ceux-ci sont respectivement de 56, 95 dollars US et 540 F CFA. Soit une hausse de 62, 86% en 12 mois.

Oula Traoré révèle que des efforts considérables ont été consentis par le gouvernement pour alléger la répercussion réelle de l’augmentation des prix des hydrocarbures sur le consommateur.

Il s’inscrit également en faux contre ceux qui estiment que la hausse du prix du carburant est due à une surtaxation des produits pétroliers. « Bien que les hydrocarbures soient considérés comme un secteur pourvoyeur de recettes, l’Etat n’appliquent que trois taxes sur les produits : les droits de douane fixés par l’UEMOA, la TVA (18%) et la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TPP) Il n’y en pas d’autres », rappelle-t-il. M. Traoré soutient que des pays à littoral et producteurs de pétrole comme la Côte d’Ivoire ne sont pas mieux lotis que le Burkina Faso , car le litre du super 91 coûte 585 sur les bords de la lagune Ebrié. Et le Mali dont les prix n’ont subi aucune fluctuation depuis trois mois commercialise le Super 91 à 605 F CFA, le gasoil à 460 F CFA et le pétrole à 410.

Tout en reconnaissant que « comparaison n’est pas raison », le directeur commercial de la SONABHY laisse entrevoir son septicisme face à une éventuelle baisse des prix des hydrocarbures dans le monde et singulièrement au Burkina Faso.

Encore une fois, la République populaire de Chine est montrée du doigt. « Les pays de l’OPEP ne sont pas prêts à augmenter leur production car le cours actuel du baril les arrange. Et puis il y a la Chine populaire, grande consommatrice d’énergie qui demande l’or noir quelqu’en soit le prix pour sa croissance économique et ses 1, 3 milliard d’habitants », confie Oula Traoré d’un air impuissant. Aussi, la baisse des prix du carburant se fera encore attendre au pays des Hommes intègres tant que le coût du baril et les cours du dollar n’en disposeront pas autrement.

Jolivet Emmaüs


Les consommateurs expriment leur ras-le-bol /B>

Serge Bado, pompiste station Mobil Mandela :

« La hausse des prix du carburant handicape considérablement les ventes. Les consommateurs ne s’attendaient pas à une hausse aussi brutale car le litre du Super 91 était déjà à 575 FCFA et le gasoil à 508 FCFA. Ils se plaignaient déjà de ces prix. Maintenant qu’on leur dit qu’ils ne peuvent plus avoir la même quantité de carburant avec ces mêmes sommes, il arrive que certains réagissent violemment sous le coup de l’énervement. Des clients rebroussent parfois chemin car ils n’ont rien pour compléter. Les pompistes ne font que recevoir des injures comme si ce sont eux qui fixent les prix pour se remplir les poches ».

Mahamoudou Kanazoé, transporteur axe Ouaga-Pouytenga :

« Les transports interurbains subissent considérablement les effets néfastes de la hausse des prix du carburant. Le tarif Ouaga-Pouytenga coûte 2 000 FCFA. Certains clients n’arrivent même pas à payer cette somme. Les coûts des hydrocarbures connaissent sans cesse une hausse pendant que les tarifs des transporteurs sont fixes. Les autorités de ce pays doivent intervenir pour alléger le fardeau des transporteurs en commun. Ils ne peuvent aujourd’hui réaliser aucun bénéfice de leurs activités car tout s’évapore dans les assurances, les taxes routières, le carburant.

Mme Aminata Compaoré, fonctionnaire à la retraite :

« Le Burkina Faso ne dispose certes pas de puits de pétrole, mais ses dirigeants ont tout de même le devoir d’empêcher la hausse des prix du carburant car ils savent l’importance des hydrocarbures dans la vie des populations. Ces mesures ont été prises pour le riz, pourquoi pas le carburant ? Tout laisse croire que la lutte contre la pauvreté et la bonne gouvernance sont des slogans vains ».

Mme Bibata Tapsoba, vendeuse de fruits :

« L’augmentation du prix du carburant empêche les pauvres de survivre. Cette situation diminue nos bénéfices car les transporteurs vont aussi augmenter leurs tarifs. Outre cela, les prix de toutes les denrées vont connaître une hausse. C’est un cycle infernal qui entraînera plus de misère dans les familles ».

Propos recueillis par Jolivet Emmaüs
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 22 juin 2005 à 18:08 En réponse à : > Nouvelle hausse des prix du carburant : Encore le cours du dollar et le coût du baril

    En effet, comme vous le savez, c’est tout le tissus économique qui prend un coup, surtout le transport , et le transport aérien en particulier.
    Personnelemnt, cette situation m’empeche de rentrer au pays car toutes les compagnies aériennes ont flambé les prix (du simple au double, je vous dis ).
    En tout cas, notre developpement passe par l’énergie ; si vous nos opportunités énergetiques sont réduites,c’est notre developpement qui connaitra certainement la dérive.

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