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Economie informelle : "Le refuge de la débrouillardise"

Publié le mardi 16 décembre 2003 à 11h32min

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Désormais, il faudra parler d’économie informelle au lieu de
secteur informel. Ainsi en a décidé le Bureau international du
travail. Pourquoi cette évolution de concept et que recouvre la
nouvelle appellation ? Soumaïla Lingani, membre de la
Commission de l’action professionnelle de la CNTB et
collaborateur extérieur du BIT nous en parle.

Le Pays : Vous rentrez de Belgique où se tenait une rencontre
sur l’économie informelle. De quoi a-t-il été question ?

Soumaïla Lingani : Il s’agit d’un forum mondial qui a regroupé
l’Afrique, l’Amérique, l’Europe et l’Asie autour du thème de
l’économie informelle. Cette activité s’est déroulée à Ter Nood,
une commune proche de Bruxelles.

Dans notre pays, on est
habitué au terme "secteur informel". Le nouveau concept
d’"économie informelle" veut montrer que le "secteur informel"
en tant que tel n’existe pas. C’est du fait de la fragilisation de
l’économie formelle qu’est né le volet informel. D’où la nécessité
de le dénommer "économie informelle". Et le BIT a adopté ce
concept depuis la conférence internationale de juin 2001.

Pour
en revenir au forum de Ter Nood, disons que c’est la
Confédération mondiale du travail (CMT) qui a invité la
Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB), son
affiliée, compte tenu de l’expérience de la CNTB dans ce
domaine. Depuis les années 50, notre centrale travaille avec les
commerçants de Ouagadougou et d’autres agents de
l’économie informelle. A Ter Nood, nous avons partagé
l’expérience burkinabè.

L’économie informelle recouvre-t-elle la même réalité d’un
continent à l’autre ?

Le phénomène de l’économie informelle est diversement perçu.
Si en Afrique cette économie s’est imposée de fait et constitue le
plus grand pourvoyeur d’emplois pour la population active, au
niveau de l’Europe, elle est assimilée au travail au noir. D’où une
différence fondamentale entre les conceptions africaine et
européenne de l’économie informelle. Au niveau de l’Europe de
l’Est, du fait de la dislocation du bloc socialiste, l’économie
informelle commence à émerger. Pour ces pays, cette forme
d’économie doit être combattue car il appartient à l’Etat de créer
des emplois. En Amérique Latine, la restructuration des
entreprises, due à la mondialisation, a provoqué un boum au
niveau de l’emploi.

Mais aujourd’hui, les entreprises
délocalisées qui ont créé ce boum ne respectent pas les
normes internationales du travail. Au niveau de l’Asie,
l’économie informelle est très développée, surtout en Inde. C’est
dire que les conceptions selon les continents varient mais le
phénomène demeure le même, à savoir que l’économie
informelle est le refuge de la survie, de la débrouillardise.

A partir de la réunion de Ter Nood, quelles orientations seront
données à votre action en direction des agents de l’économie
informelle ?

L’expérience burkinabè, à travers la CNTB, couplée à celles
d’autres organisations syndicales de 1998 à 2001, est bien
édifiante. Au Burkina, nous sommes sur la bonne voie et nous
devons poursuivre dans notre lutte en faveur des travailleurs de
l’économie informelle. Lorsque les centrales syndicales
s’intéressent au secteur informel, les politiques ne doivent pas
voir cela en terme de récupération.

Mais ils doivent savoir qu’il
s’agit d’un travail de complémentarité parce que nous avons le
droit, en tant que travailleurs syndiqués, de nous intéresser à
d’autres travailleurs en difficulté. Si nous prenons l’exemple de
la protection sociale des travailleurs de l’économie informelle,
nous voyons que l’Etat n’en fait pas une préoccupation. Alors
que tous ceux qui travaillent dans ce milieu ont droit à un emploi
décent.

C’est cette lutte que nos organisations mènent, de sorte
que l’emploi y soit garanti ; que les travailleurs qui y évoluent
aient un cadre juridique ; qu’ils puissent avoir une protection
sociale pour assurer leurs vieux jours. Si ces trois conditions
sont réunies, elles permettront aux agents de l’économie
informelle de participer davantage au développement. De nos
jours, on évalue à plus de 30% la contribution du secteur
informel au PIB. Si ce secteur est bien organisé, il peut
constituer un grand pourvoyeur d’emplois décents pour les
générations montantes.

De façon concrète, comment va se dérouler cette deuxième
phase de vos activités ?

La deuxième phase du programme est intitulée "Renforcement
de l’action syndicale dans l’économie informelle". Nous allons
donc consolider les acquis obtenus au bout de trois ans
d’activités. Nous allons, au cours des deux prochaines années
(2004-2005), essayer de mettre l’accent sur le renforcement des
capacités.

Les travailleurs de l’économie informelle sont déjà
organisés en groupements professionnels nationaux. Et nous
avons créé une mutuelle de prévoyance sociale. Il s’agira, en
2004, d’évoluer de la structure associative au syndicat pour
mieux intégrer les travailleurs dans les organisations syndicales
afin qu’ils sachent qu’ils sont des travailleurs à part entière.

En
second lieu, il s’agit de démarrer les prestations de la mutuelle
de prévoyance sociale. Nous allons aussi mettre en place des
micro-crédits pour soutenir les travailleurs de l’économie
sociale. A l’issue de tout cela, l’on va tendre vers une
auto-gestion, par les travailleurs, de leurs projets mutuels.

Propos recueillis par Mahorou KANAZOE
Le PAys

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Vos commentaires

  • Le 21 mars 2006 à 02:26, par vilmeus vergnaud En réponse à : > Economie informelle : "Le refuge de la débrouillardise"

    partant de la definition operatoire de l’economie informelle l’emble d’actes marchands qui echarpent aux normes legales en matiere legale juridique fiscale ou d’enregistrement statistique.

  • Le 11 mars 2015 à 10:58, par Sung Giles En réponse à : Economie informelle : "Le refuge de la d

    Perhaps the phrase which sums up the importance of royal revolt two hack to politics is actually

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