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Bonne gouvernance : L’Afrique du sud indique la voie

Publié le vendredi 17 juin 2005 à 08h45min

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Encore une fois, un pays anglophone vient de confirmer tout le bien qu’on dit de "ceux qui ont été colonisés par le pays de Shakespeare" : pays pragmatiques, pays réellement indépendants, pays plus proches de la morale politique, etc.

A l’issue d’une semaine de tractations et de rumeurs, Thabo Mbéki, chef de l’Etat d’Afrique du sud annonçait, le 14 mai, qu’il avait démis de ses fonctions, son vice-président, Jacob Zuma.

Raison avancée : il aurait été éclaboussé par cette affaire de corruption qui a dû coûter 15 ans de prison ferme à son
conseiller financier Shabir Shaik. Rêve ou réalité ? Cette
question mérite d’être posée. Et ce, pour plusieurs raisons.
Jacob Zuma n’est pas n’importe qui.

En plus d’être le numéro 2
sud-africain et le successeur naturel de Mbéki, il est aussi très
populaire au sein de l’ANC (le premier parti sud-africain), ainsi
qu’auprès de la puissante centrale syndicale "Cosatu".
L’éviction de Jacob Zuma ne doit pas être considérée comme
une simple sanction. Comme l’a fait savoir Paul Graham, de
l’Institut sud-africain pour la démocratie (IDASA), cela est plutôt
"un signe important" pour la "jeune démocratie" du "pays des
Bafana-Bafana".

Ce genre de sanctions sont légion et sont devenues de plus en
plus perceptibles dans les pays d’Afrique anglophone et dans
une certaine mesure, lusophones
En 2004 par exemple, Joachim Chissano, le président
mozambicain livrait son fils à la justice, parce que ce dernier
était impliqué dans une histoire de meurtre. Cette année même,
le président nigérian, Olusegun Obasanjo, démettait de leurs
fonctions deux ministres et un officier de haut rang, accusés de
corruption.

Les pays anglophones africains tendent à être le plus proche
possible de la morale politique comme la plupart des pays de
l’Occident. Ceux qui ont su et pu adopter le système de la
transparence politique oeuvrent aujourd’hui à le maintenir. Pour
ces pays, l’indépendance ne se décrète pas, elle s’acquiert et se
mérite. Et les résultats sont révélateurs.

Aujourd’hui, sur le
terrain, de manière générale, les pays anglophones, pour avoir
su se forger, sont sans complexe et sont économiquement en
avance sur ceux francophones.
Des pays comme l’Afrique du sud, et même le Nigeria, ont voix
au chapitre devant la communauté internationale.

Ce sont des
pays qui ont une forte personnalité et qui ne s’embarrassent pas
de dire non à l’ancien colonisateur quand leurs intérêts sont
menacés. Le fait qu’un homme comme Nelson Mandela (en son
temps président de la République Sud-africaine) fustige
l’attitude des USA pour une raison ou pour une autre, n’a rien de
surprenant.

Ces pays anglophones ont su se gérer, s’affirmer et s’imposer.
Ils sont confortés dans leur position par un commonwealth qui,
contrairement aux organisations francophones, sait séparer le
bon gain de l’ivraie : les pays qui s’écartent des règles de l’Union
sont sanctionnés.

Ici, on est relativement plus proche de la
morale politique, aussi bien dans le domaine des élections que
celui de la bonne gouvernance. En Afrique francophone, être
éclaboussé par un scandale n’a rien d’extraordinaire. Si Jacob
Zuma avait été un francophone, il n’aurait jamais été démis de
ses fonctions.

Pourtant en Occident, même francophone, les cas de scandale
qui ont poussé à des démissions ou à des suicides sont légion.
Pierre Bérégovoy (ancien premier ministre sous Mitterand),
Hervé Guemard (ancien ministre de l’Economie sous Chirac),
Alain Jupé (ancien maire de Paris sous Chirac), etc.

Pourquoi
l’Afrique francophone qui aime pourtant prendre des exemples
sur son ancienne puissance de tutelle, ne le fait-elle pas quand
il s’agit de morale politique ?
A la décharge de l’Afrique francophone, on peut cependant noter
des exceptions (que confirment certainement la règle).

Ce sont
notamment le Mali et le Bénin qui ont cette année même, pris
des sanctions exemplaires contre de très hauts cadres et
personnalités de l’Etat, dans le domaine de la gouvernance.
En tout cas, l’exemple sud-africain est un cas patent. Comme l’a
écrit le quotidien sud-africain "The Sowetan", "en limogeant
Jacob Zuma, Mbéki a clairement indiqué que l’Afrique du sud
n’était pas une république bananière". Pour le salut de l’Afrique
francophone, puisse cet exemple indiquer la voie à suivre.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2005 à 09:37, par Madiba En réponse à : > Bonne gouvernance : L’Afrique du sud indique la voie

    Bien dit. C’est ça qui est la vérité. Sur le plan de moralité politique, il n’y’a pas photo entre les pays francophones et les pays anglophones. Ils sont nettement en avance sur les pays francophones.

    Lorsque nous faisons une analyse simple de la situation, on remarque comme leur colonisateur, les pays francophones parlent trop et ne font rien, absolument rien en ce qui concerne les avancées democratiques dans leur pays. La situation est lamentable, je dirai même honteuse dans nos pays.

    Faisons abstraction de la politique, sur le plan comportemental, on constate que les anglophones se battent mieux que les francophones et sont plus indépendants. Regardons le Ghana voisin. Un diplômé ghanaen n’hésite pas à faire des petits boulots pour se procurer de quoi survivre. Il s’en fout de l’état. Mais au Burkina, tout le monde veut faire les concours de la fonction publique. Après les concours de la fonction, c’est le retour autour du thé pour attendre la prochaine échéance. C’est lamentable. De même quand ils commencent à travailler, le plus important c’est sa moto, avoir sa bière et avoir une petite copine à côté. Après vient une TV, un lecteur de CD et la vie est belle.

    Bref, nous avons été mal colonisés. Après une mauvaise colonisation, la plupart des pays francophones sont mal dirigés. L’exemple de la côte d’Ivoire, Togo pour ne citer que ceux là. Regardons Mobutu, Bongo, Sassou, Deby les mots me manquent. Ils amassent les richesses nationales sans se preoccuper du sort de leur peuple. Et ça, c’est plutôt fréquent dans les pays francophones. Et puis, seuls les dirigeants francophones financent les partis politiques étrangers tels que en France.

    J’encourage les dirigeants anglophone, leur comportement servira de leçon pas pour nos dirigeants mais pour nous. Quand l’heure de la verité va sonner, soit ils changent de comportement, soit nous prenons notre destin en main.

    Je dis ces mots,en Afrique, beaucoup de personnes regrettent la revolution, mais ceux qui veulent son retour n’ont pas de tête. Mais avec le comportement de certains dirigeants comme au Togo, la revolution est à nos portes. Et c’est la fin de tout espoir.

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