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Accord-cadre Gouvernement/Microsoft : Un accord à risque pour le Burkina Faso ?

Publié le vendredi 17 juin 2005 à 08h53min

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La semaine nationale de l’Internet et des TIC a été l’occasion pour le gouvernement burkinabè de signer un accord-cadre pour certains ministères avec la société américaine Microsoft. Cet accord, loin d’être une opportunité, semble être un choix à risque pour le Burkina Faso quand on sait qu’il y a une alternative à cet accord. Alors quelle est la motivation réelle qui a prévalu à la signature d’un tel partenariat ?

Les TIC ont révolutionné le monde, le transformant en un village planétaire. Dans ce village, l’information est devenue l’arme la plus puissante et la détenir, la maîtriser, confère à l’homme, à l’entreprise, ou au pays une force et une richesse inépuisable. Aujourd’hui, laisser cette force, cette richesse entre les mains d’un seul individu, d’une seule entreprise ou d’un seul pays, c’est lui conférer du même coup le droit de gouverner et de contrôler la terre tout entière.

Au Burkina, la semaine nationale des TIC a été une occasion pour les autorités du pays de marquer leur détermination à réduire la fracture numérique en faisant de la promotion des TIC une réalité à même de lutter contre la pauvreté. Ladite semaine a été également l’occasion pour le gouvernement burkinabè de signer un accord-cadre avec la Société Microsoft. Ledit accord permet à Microsoft de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement burkinabè pour équiper les salles de classe en matériel informatique selon des procédures adaptées à la situation locale. Ce protocole d’accord fournit également une plate-forme en vue du développement numérique, intellectuel et socioéconomique du Burkina. Cela n’est-il pas l’aspect visible de l’iceberg ?

« L’arnaque » de Microsoft

Il existe une alternative au partenariat avec Microsoft. Cette alternative, qui s’appelle les logiciels libres, est en train de se présenter au monde et représente un danger pour « les géants » de l’informatique comme Microsoft. C’est conscient de ce danger que depuis un certain temps Microsoft, Oracle, Cisco, etc. sont en train de mettre leur stratégie en place en signant des accords avec les pays pour non seulement essayer de freiner l’utilisation des logiciels libres, mais pire, continuer à vendre, et à maîtriser l’information à travers leurs logiciels. Cet accord-cadre avec le gouvernement burkinabè n’est rien d’autre qu’une façon détournée « d’asservir » l’éducation, l’économie, de notre pays. Ainsi donc, 23 pays africains sont tombés dans « l’arnaque » de la Société américaine de l’information. Tous sont des pays dits pauvres que Microsoft déclare vouloir aider à se sortir de la pauvreté.

Renoncer au partenariat

Il faut barrer la route à « l’impérialisme informatique ». Pour parer à cette situation de néocolonialisme des sociétés dont la seule vocation reste le profit (la stratégie de Microsoft, adapter ses produits aux différents marchés internationaux, ses logiciels sont disponibles dans plus de 30 langues différentes et vendus dans le monde entier), l’utilisation des logiciels libres semble avantageuse.

Ces logiciels non seulement sont gratuits, mais il y a la disponibilité des sources, toute chose qui permet à l’autre acteur de pouvoir apporter des modifications à ce logiciel pour toujours l’améliorer. Le logiciel libre permet à tout utilisateur de ne pas payer des licences d’utilisation comme c’est le cas avec Microsoft et les Sociétés informatiques. Ce qui est valable pour les entreprises aussi bien que les Etats.

L’utilisation des logiciels libres permet à tout Etat d’asseoir son indépendance, sa souveraineté dans certains domaines stratégiques comme la défense, l’éducation, l’industrie, l’énergie, l’économie, etc. Ce qui n’est pas le cas avec les logiciels fournis par les entreprises informatiques qui ne cherchent que le profit et l’aliénation des utilisateurs.

Que fait la DELGI ?

Dans notre pays, des institutions comme la BECEAO, et même la DELGI (Délégation générale à l’Informatique) service rattaché au Premier ministère sont utilisatrices des logiciels libres. Pendant ce temps, le gouvernement signe des accords-cadres avec une multinationale de l’informatique qui n’est en réalité qu’à la recherche de ses intérêts. Alors on est en droit de se demander si la DELGI, premier conseil du gouvernement en matière de TIC, a fait son travail.

Si elle l’a fait, a-t-elle été suffisamment écoutée ? Le fossé numérique dont a parlé le Premier ministre, Paramanga Ernest YONLI, lors de l’ouverture de la SNI ne pourra se réduire qu’en cet accord-cadre. Dans la mesure où Microsoft donnera toujours de la main droite et récupèrera son profit de la main gauche. Aujourd’hui, grâce aux logiciels libres, les pays comme le nôtre où l’informatique n’est pas encore développée pourrait adopter cette politique comme une alternative crédible face à celle qu’offre Microsoft.

par Drissa TRAORE
L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 17 juin 2005 à 13:26 En réponse à : > Accord-cadre Gouvernement/Microsoft : Un accord à risque pour le Burkina Faso ?

    Bonjour,
    J’ai lu votre article avec un grand intérêt. Je suis moi aussi inquièt de la dépendance de notre gouvernement vis à vis de Microsoft.

    Seulement vous dites des choses dont vous n’avez pas la preuve. Par exemple vous dites que les géants comme Microsoft cherchent "à maîtriser l’information à travers leurs logiciels". Vous savez de tels propos sont des affirmations graves. En effet, du fait que le code source de leurs logiciels ne sont pas distribués (pas de possibilité de de relire le code source), on pourrait bien se demander si en utilisant OutLoot par exemple pour envoyer mon courier, est qu’il n’ya pas une procédure cachée sous OutLoot qui scanne mon courrier et le transmettrait en lecture à la CIA ou tout simplement à Microsoft ! Ceci est une question dans on peut se poser. Mais aller jusqu’à donner sa langue au chat que c’est vrai, c’est un peu osé. Et pour dire que ce que vous dites par rapport à la maîtrise de l’information n’est pas possible pour un Directeur de système d’information averti, je vous dirai tout simplement que si vous disposez d’un réseau local non connecté à Internet, il est inutile de parler de risque de piratage. Dans le cas où vous êtes connecté à l’Internet, et si vous travaillez sur des données gouvernementales, prennez le soin d’implémenter des algorithmes de cryptages de vos données. Même si les logiciels appartiennent à Microsoft, les protocoles de transmission de données ne lui appartiennent pas. Les protocoles sont ouverts ! Ce n’est pas parceque vous utilisez des logiciels libres que vos données ne sont pas lisibles sur Internet !

    Vous dites également que l’utilisation des logiciels libres permet "de ne pas payer des licences d’utilisation". Faux. La plupart des logiciels libres sont sous licence GPL. Et dans le cas des gouvernements, des sociétés commerciales, il ya bel et bien une licence à payer ! Demandez à ceux qui une licence RedHat combien ils paient ? Sauf que vous avez accès au code. Et savez vous que le coût de possession d’un logiciel dépasse de 75% son coût de licence ? Il faut intégrer dans le coût de possession, l’assistance utilisateur, le coût de conversion des formats d’échange de vos partenaires, le coût de formation des utilisateurs, la perte de productivité des employés...Microsoft est un géant du logiciel, il a su allier facilité d’utilisation et éfficacité. Il faut faire attention quand vous voulez remplacer l’équipe qui gagne !

    Et puis dans la technologie, Microsoft est un géant. Il a mis en place un environnement d’exécution qui s’appelle le FrameWork .NET qui a séduit le monde de l’informatique. C’est complètement une révolution. La base de données SQL Server 2005 est une révolution. Jamais les développeurs de base de données n’ont été comblés de facilité de développement. Les services Web sont directement développés au niveau base de données. Plus besoin de ces logiciels tiers (ODBC , JDBC,...) pour accéder à distance à la base de données. J’imagine comment les sociétés comme RedHat feront pour rattraper rapidement ce fossé créé par Microsoft ? Et puis que la firme de Bill GATE décide d’équiper en matériel informatique les écoles Burkinabé, franchement il n’ya qu’à gagner puisque les sociétés de logiciels libres ne nous équiperont pas nos écoles de matériels informatiques. Franchement, je pense que le gouvernement avait le choix entre Microsoft et zéro. Ne me dites pas quand même que Microsoft est un moins que rien ! Sinon je ne vous prendrez plus au sérieux.

    Un fan de Anders Hejlsberg(créateur de Delphi (Pascal en objet) quand il travaillant à Borland et de C# à Microsoft).

    • Le 21 juin 2005 à 22:45, par 2saint En réponse à : > Accord-cadre Gouvernement/Microsoft : Un accord à risque pour le Burkina Faso ?

      Je suis presque parfaitment d’acord avec le commentaire du precedent intervenant du moment que le gouvernement n’avait pas le choix entre Microsoft et une autre firme. S’il y’a bien quelquechose à souligner ici, c’est le fait que les logiciels libres auquels vous faites reference (meme si vous mentionner aucun) sont mojoritairement developés pour des platformes que peu de professionels maitrise sous nos cieux, que dirait-on du commun utilisateur ou encore de personnes encore en initiation notamment ceux dont il s’agit dans cet accord-cadre (soutien aux ecoles). La signature de cet accord ne comdamne pas le pays à n’utlilser que des produits Microsoft et de cet fait une marge de manoeuvre existe en ce sens que les autorités peuvent encourager la familiarisation avec les logiciels libres par le soutien et la promotion de formations au niveau des professionels tout eduquant les autres avec ce qui est à porter de main, seul moyen pour changer la tendance actuelle.

      Merci tout de meme d’avoir aborder le sujet et bien de choses a tous.

    • Le 15 juin 2012 à 05:08, par hack6 En réponse à : > Accord-cadre Gouvernement/Microsoft : Un accord à risque pour le Burkina Faso ?

      Comparer linux à microsoft c’est comparer du champagne à de pisse gazeuse, de toute les façons l’homme à toujours préferer l’obscurité à la lumière,le mensonge à la verité.Quand vous vous lèverez un jour pour affronter la realiter en face, notre AFRIQUE se sentira mieux !!

      ps : je travaille à Microsoft de Rotterdam (je veux pas me la jouer mais pour dire que j’ai rien contre Microsoft) mais tous nos serveurs même ceux des USA tournent sous débian.

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