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Annulation de la dette de 18 pays : Qu’en est-il de la subvention du coton ?

Publié le jeudi 16 juin 2005 à 07h18min

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Tony BLAIR, petit à petit semble mettre en œuvre son plan Marshall pour l’Afrique. En obtenant l’annulation de la dette des pays du G8 envers 18 pays du monde dont 14 pays d’Afrique le résultat du plaidoyer du Premier ministre britannique et de George BUSH est un soulagement à l’économie de ces pays qui demeurent sous le poids de la dette extérieure depuis plusieurs décennies.

Si cette décision est applaudie par bien d’acteurs de développement, et l’arbre ne doit pas cacher la forêt, la question de la subvention accordée par les Américains et les Européens à leurs producteurs de coton reste également au même titre que la dette extérieure, un frein à l’essor du commerce de ces 18 pays.

La décision des grands argentiers du monde d’annuler la dette de 18 pays pauvres les plus endettés présente une ardoise de 55 milliards de dollars US dont 6 milliards dus au FM, 44 à la Banque mondiale et 5 à la BAD. Les pays du G8 s’engagent à compenser la perte de remboursement de la dette de ces pauvres très endettés aux institutions financières suscitées. Les pays concernés sont le Bénin, la Bolivie, le Burkina, l’Ethiopie, le Ghana, la Guyana, le Honduras, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Nicaragua, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. De ces 18 pays, 14 sont de l’Afrique dont la majorité est de l’Afrique subsaharienne.

Selon une évaluation de la Banque mondiale, la dette extérieure des pays d’Afrique subsaharienne s’élève à 230 milliards de dollars et le service de cette dette est estimé à 12 milliards de dollars par an. Une annulation qui certes s’inscrit dans le cadre de développement durable recherché par les Nations unies à travers les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Mais elle est fortement motivée par le fait que si l’on n’annule pas la dette multilatérale de façon générale, les pays pauvres auront à devoir aux pays riches d’ici à 2015 (date buttoir des OMD) environ 27 milliards de dollars en intérêts et principal. C’est donc dire que le fardeau de la dette des pays d’Afrique continuera à l’heure de l’évaluation des progrès dans le développement en 2015 de faire ombrage à l’essor de leur économie nationale.

Les difficultés rencontrées par les pays pauvres
La problématique de développement dans les pays pauvres est due en partie à l’incapacité de ces Etats à instaurer des régimes démocratiques stables soucieux du respect des droits humains et capables d’impulser la croissance économique pour le développement et le bien-être social des populations. Des tableaux multiples révèlent des chiffres. En effet, dans les années 1960, le continent africain comptait pour 9 % dans le commerce international avec 10 % de la population mondiale.

Mais de nos jours elle compte pour moins de 1% avec 13 % de la population mondiale. Environ 60 % des personnes infectées par le VIH/SIDA vivent en Afrique subsaharienne avec des taux d’accès aux anti-retroviraux très minables qui restent au-dessus de la bourse des populations. Par ailleurs, le poids de la dette pèse sur chaque individu des pays pauvres à raison de 400 dollars tandis que le PIB moyen par habitant est estimé à 280 dollars.

Autrement dit, le continent noir s’appauvrit d’année en année et le peu de ressources qui lui reste sert à payer en grande partie la dette extérieure, un circuit infernal pour les pays pauvres. Et c’est pourquoi les pauvres notamment ceux d’Afrique qui n’ont cessé de plaider auprès des pays riches l’annulation de la dette extérieure et le relèvement de l’aide publique au développement de 0, 7% à 1% du PIB des pays riches.

Une situation très difficile pour les pays africains qui au regard des effets pervers de la mondialisation sur l’économie des pays pauvres ont pris leurs destinées en main en créant le NEPAD. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est une volonté ferme des leaders politiques africains de mettre le continent sur la scelle du développement tout en privilégiant le partenariat entre les pays pauvres et les pays riches à l’instar du G 8.

Cette nouvelle vision du développement a pour ambition d’user du plaidoyer et de la diplomatie pour annuler la dette des pays pauvres, de relancer le commerce de ces pays et d’attirer le maximum d’investisseurs africains et étrangers à venir investir en Afrique. Et l’annulation de la dette des pays pauvres très endettés qui certes est une victoire de la diplomatie britannique, n’en reste pas moins le fruit d’un plaidoyer et d’un lobbying des leaders africains auprès de leurs homologues des pays riches. Et les négociations des pays pauvres très endettés auprès de l’OMC à propos de l’égalité d’accès au monde du commerce a eu un impact sur les relations entre les pays du G8 et les 18 autres Etats pauvres.

Pays pauvres et G8 : il faut défendre le coton
Avec l’annulation de la dette de 18 pays pauvres endettés, il est certes indéniable que « c’est un résultat d’une portée historique » a déclaré le secrétaire américain au Trésor, John SNOW. Cependant, il y a une autre réalité liée à la croissance économique de ces pays pauvres notamment les pays producteurs de coton, à savoir le commerce du coton une lueur d’espoir pour le développement socio-économique de ces Etats. Et les pays du G 8 devront aussi réfléchir sur comment annuler progressivement la subvention accordée aux producteurs de coton des Etats-Unis et de l’Union européenne.

Dans ces pays riches, la modernisation de la production agricole et surtout celle cotonnière n’est pas à comparer aux techniques agriculturales toujours rudimentaires des pays pauvres. Et malgré cet état de fait les pays pauvres arrivent à faire le miracle.

C’est le cas du coton burkinabè qui, avec ses 600 000 tonnes, se classe 4e dans le rang mondial.
A dire qu’un coup de pouce et une volonté politique des pays riches permettraient au coton de ces pays pauvres d’avoir accès librement au marché international du commerce à grande échelle et de se vendre bien. Ce qui permettra une croissance des entrées de devises et une prise en charge de milliers de personnes et partant, le commerce du coton des pays pauvres va réduire considérablement les effets néfastes de la pauvreté sur les populations des pays pauvres à majorité rurale.

par SALOU Oumar
L’Opinion

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