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Outil prospectif de gouvernance : le Plan de Gestion du site Ramsar N° 1883 du lac Higa validé pour l’écodéveloppement de la région du Sahel

Publié le mardi 12 septembre 2017 à 16h10min

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Outil prospectif de gouvernance :  le Plan de Gestion du site Ramsar N° 1883 du lac Higa  validé pour l’écodéveloppement de la région du Sahel

Préparé par : Bobodo dit Blaise SAWADOGO,
Président de l’Association Amnistie pour l’Eléphant (AAPE)

PLAN DE PRESENTATION DE L’ARTICLE

1. Présentation du“Projet pilote d’appui à la mise en œuvre du Plan d’action de la Politique nationale sur les zones humides du Burkina Faso”

2. Localisation du site Ramsar du lac Higa

3. Potentialités du site

4. Tenue des ateliers de restitution et de validation du Plan de gestion du site

5. Principales conclusions de l’atelier régional de validation

Encadré : En quoi, l’Eléphant intervient-il dans la gestion des zones humides ?

1. Présentation du “Projet pilote d’appui à la mise en œuvre du Plan d’action de la Politique nationale sur les zones humides du Burkina Faso”

L’Association Amnistie Pour l’Eléphant (AAPE) a requis et obtenu du Fonds de la subvention Suisse pour l’Afrique (FSA) en partenariat avec le Secrétariat Permanent du Conseil National pour le Développement Durable (SP/CNDD) du Ministère de l’Environnement, de l’Economie Verte et du Changement Climatique et ce, par l’entremise du Dr Paul OUEDROGO, Conseiller Principal Afrique du Secrétariat de la Convention de Ramsar sur les zones humides, des ressources financières pour la mise en œuvre du “Projet pilote d’appui à la mise en œuvre du Plan d’action de la Politique nationale sur les zones humides du Burkina Faso”. Ledit Projet s’inscrit aussi dans l’application du Plan stratégique 2016-2024 de ladite Convention ainsi dans celle de la Convention sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) et l’Accord Afrique-Eurasie pour la conservation des oiseaux d’eau (AEWA).

Un des objectifs du Projet est d’actualiser le Plan de gestion du site Ramsar du lac Higa pour qu’il serve de modèle de gouvernance des zones humides à l’image de celui du site Ramsar N°1882 du lac Dem réalisé dans le cadre de la mise en œuvre du Projet “Consolidation de la Gouvernance Environnementale Locale (COGEL)”. Pour ce faire, un comité de rédaction du Plan composé de l’AAPE, de la Fondation des Amis de la Nature (NATURAMA), de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et du Point Focal National, Autorité administrative Ramsar du Burkina Faso a été mis en place. Ce comité a conduit tout le processus participatif d’élaboration et a produit la version provisoire du Plan.

2. Localisation du site Ramsar du lac Higa

En rappel, le lac Higa dont les coordonnées sont : Latitude : 13° 36’ N ; Longitude : 00° 44’E, est situé sur la rivière Yali dans la région. C’est une dépression naturelle transformée en mare naturelle, d’une longueur de 4 300 mètres et d’une largeur de 700 mètres. Il couvre 300 hectares (Zerbo et al., 1996), et le volume d’eau stockée annuellement est estimé à 4 500 000 m3. Il est situé dans un sous bassin du fleuve Niger. Ce sous bassin est constitué par des affluents dudit fleuve et occupe une superficie de 78 001 km². Ses affluents qui sont la Faga, la Sirba, la Bonsoaga, le Diamangou et la Tapoa ont des régimes moins réguliers et ils contribuent à la crue dite soudanienne du Niger qui se produit en septembre.

LOCALISATION DU SITE RAMSAR N°1883

3. Potentialités du site

Le lac abrite en particulier une forte concentration d’espèces d’oiseaux inféodés aux zones humides de cette région et autres espèces d’oiseaux savanicoles du Burkina Faso. Pendant l’hiver européen un grand nombre d’oiseaux migrateurs du Paléarctique descendent dans le lac chaque année qui possède en outre une diversité biologique très variée dont 27 espèces de poissons sur les 121 espèces connues du pays, 226 espèces d’oiseaux dont 58 sont intimement liées à la zone humide, faisant ainsi d’elle, une zone humide à vocation internationale classée site Ramsar N°1883. Il est d’une grande importance pour toute la région et sert aussi de site de nutrition, de retraite et de refuge, autant pour la faune aviaire, le bétail que pour la population humaine.

Ainsi, le site Ramsar du lac Higa regorge de fortes potentialités floristiques, hydriques, fauniques surtout aviaires et halieutiques. C’est un joyau placé en plein sahel et dont la survie de plusieurs communautés en dépend. Elle joue un rôle crucial dans le développement socio-économique et écologique de la région.

Cependant, le lac subit une dégradation inquiétante due essentiellement aux perturbations climatiques aggravées par les mauvaises pratiques entre autres agricoles, d’élevage, de pêche ainsi que l’étêtement et la coupe des arbres, l’orpaillage, la fabrication de briques dans le lit du lac, mettant ainsi en péril les potentialités qu’il offre aux populations et la survie des oiseaux d’eau. Toute chose qui constitue un danger pour l’amélioration des conditions de vie des populations, surtout dans un contexte d’adaptation aux changements climatiques. Cependant, il existe des mesures qui peuvent être prises pour freiner cette dégradation du site. Elles sont relatives à la mise en œuvre d’un système adéquat de gestion et d’aménagement du site.

C’est pour réduire ces tendances de dégradation et restaurer cette zone humide d’intérêts locaux vitaux et d’importance internationale capitale pour la sauvegarde de la diversité biologique mondiale que l’AAPE avec ses partenaires ont initié l’élaboration du plan de gestion du site.

4. Tenue des ateliers de restitution et de validation du Plan de gestion du site

Dans cette démarche participative pour l’élaboration du plan et en vue de la participation citoyenne à sa mise en œuvre, sa version provisoire a été soumise aux différentes parties prenantes au cours d’un atelier local de restitution tenu le 26 juillet 2017 dans la commune de Tankougounadié dans la province du Yagha, suivi d’un atelier régional de validation dudit Plan qui s’est déroulé le 28 juillet 2017 à Dori, chef-lieu de la région du Sahel.

L’atelier a été présidé par M. Moussa DICKO, Conseiller Technique représentant M. le Gouverneur de la région du Sahel qui avait à ses côtés :
-  M. Andéma KABRE, Directeur Régional de l’Environnement, de l’Economie Verte et du Changement Climatique du Sahel ;
-  M. Bobodo dit Blaise SAWADOGO, Président de l’Association Amnistie pour l’Eléphant ;
-  M. Idrissa ZEBA, Directeur Exécutif de la fondation NATURAMA.

L’atelier régional a regroupé une cinquantaine de personnes provenant des services techniques centraux et déconcentrés, des collectivités territoriales, des organisations de la société civile, du monde associatif, des ONG, de personnes-ressources, des journalistes et communicateurs, des organes de presse ainsi que le privé. L’atelier a permis de :
-  partager avec les acteurs et les partenaires, du contenu et de la stratégie de mise en œuvre du Plan de gestion du lac Higa ;
-  recueillir et de prendre davantage en compte les avis, les préoccupations et les attentes des parties prenantes dans le processus d’élaboration du Plan et dans la stratégie de sa mise en œuvre ;
-  valider le Plan de gestion du site Ramsar du lac Higa ainsi consolidé.

C’est ainsi que les participants ont contribué à l’enrichissement du document et ont fait des suggestions pour la prise en compte des attentes des populations riveraines, le mode opératoire et les mécanismes de gestion du Plan ainsi que sur la durabilité de l’intervention.

Le Plan de gestion du lac Higa conçu pour une durée de quinze (15) ans à compter de 2018 est assorti de Plans d’action quinquennaux dont la première phase s’élève à 5 592 252 240 de F CFA.

5. Principales conclusions de l’atelier régional de validation

Après les différents échanges, l’atelier est arrivé aux conclusions dont les principales sont les suivantes :

1) Mettre l’accent sur les processus et non sur uniquement les états pour un changement transformationnel des mentalités et des comportements des populations pour qu’elles puissent s’approprier le Plan dans son opérationnalisation ;

2) Susciter l’intégration du Plan de gestion dans la planification locale du développement, à savoir dans le Plan Régional de Développement (PRD) du Sahel et dans le Plan Communal de Développement de la commune de Tankougounadié ;

3) Faire appliquer les bonnes pratiques agro-sylvo-pastorales, fauniques, piscicoles et aquacoles dans les terroirs par les ménages et par chaque individu en s’appuyant surtout sur des leaders d’opinion visionnaires, dynamiques, honnêtes et exemplaires pour que ces expériences fassent tâche d’huile ;

4) Renforcer le zonage, récupérer des ravines et stabiliser les terroirs du bassin versant du lac par le respect de la zone de servitude et pour sa végétalisation ;

5) Assurer les activités de Recherche/Développement à travers l’Accord-cadre conclu entre le Ministère de l’Environnement, de l’Economie Verte et du Changement Climatique et l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-IZERBO ;

6) Prendre en compte les aspects sécuritaires aussi bien dans la planification, la budgétisation que dans le mode opératoire et la mise en œuvre du Plan.

7) Encourager la concrétisation des annonces financières faites au cours e l’atelier. A cet effet, les participants ont salué à leur juste valeur, les annonces faites par certains partenaires dans la recherche de synergies dynamiques pour la mise en œuvre concertée du Plan. Il s’agit entre autres :

-  du “Programme de Lutte Contre l’Ensablement (PLCE)” dans le Bassin du Niger dans sa phase II, pour une contribution financière de 1,8 milliards de FCFA à injecter dans la zone y compris pour le cofinancement du Plan ;
-  le Projet “Ecosystèmes Basés sur l’Adaptation, financé par le Fonds Mondial pour l’Environnement (EBA/FEM)” à travers l’antenne régionale du Sahel pour son intention de cofinancer ce Plan dans sa programmation financière de 2018 ;
-  l’Agence de l’Eau du Liptako qui privilégiera la mise en place urgente du Comité Local de l’Eau (CLE) du sous Bassin du lac Higa dans sa programmation et pour son suivi, ainsi que pour la réalisation du bilan hydrologique du lac.

Pour ce faire, des protocoles et autres cahiers de charge, des conventions locales devraient être de mise en vue de mutualiser les expertises, les moyens humains, logistiques et financiers pour une coordination et une gestion efficace et efficiente des interventions.


Encadré : En quoi, l’Eléphant intervient-il dans la gestion des zones humides ?

L’éléphant est fascinant et suscite beaucoup de curiosité en raison de l’énormité de sa taille, de son comportement, de son organisation sociale et de son intelligence. L’éléphant d’Afrique consomme environ 5 % de son poids, soit jusqu’à 300 kg de fourrage en 24h et a besoin de boire chaque jour, prêt de 100 à 300 litres d’un coup. Ces pachydermes n’hésitent pas à se déplacer même sur de longues distances afin de se nourrir puisqu’ils peuvent s’alimenter jusqu’à 80 km d’un point d’eau.

C’est dire que les éléphants ont des mouvements réguliers et des circuits migratoires à la recherche d’espaces vitaux pour assurer leur abondante alimentation en végétaux et en eau, pour leur sécurité et pour leur reproduction. De ce fait, la présence des éléphants et les écosystèmes surtout humides dans lesquels ils évoluent témoignent de la qualité du milieu de vie aussi bien pour ces pachydermes que pour les autres espèces fauniques et floristiques. Les éléphants sont des espèces bio-indicatrices ou indicatrices biologiques dont les préférences ou les exigences écologiques en font des témoins précoces de dégradation ou de bonne santé du milieu.
Ce sont donc des lanceurs d’alerte pour des prises de décision en toute connaissance de cause.

En outre, l’Association Amnistie Pour l’Eléphant (AAPE) a pour finalité d’impulser la gouvernance locale des ressources naturelles et plus particulièrement la gestion rationnelle des populations éléphantines afin de garantir leur espace de vie. C’est pourquoi, elle privilégie l’aménagement du terroir en espace d’habitation, de production et de conservation avec des circuits et des corridors de migration pour contenir ces pachydermes plutôt que le dédommagement de leurs dégâts qui soulage tant soit peu les populations, mais qui n’est pas une solution durable aux Conflits Hommes-Eléphants (CHE).

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