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Terrorisme au Burkina : La cohésion sociale, une arme redoutable

Publié le vendredi 18 août 2017 à 01h00min

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Terrorisme au Burkina : La cohésion sociale, une arme redoutable

Ceci est une contribution d’un de nos lecteurs sur la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.

La force du mal a encore frappé le Burkina Faso. C’était le 13 août 2017 à Ouagadougou sur l’avenue Kwamé N’Krumah. Un restaurant dénommé ‘’AZIZ Istanbul’’ a été attaqué par des terroristes. Dix-huit (18) personnes ont été tuées dont dix (10) Burkinabè et de nombreux blessés. Les forces de défense et de sécurité (FDS) du Burkina Faso ont été promptes et ont pu circonscrire les dégâts. Deux (2) terroristes ont été tués. L’intervention des FDS a convaincu par leur professionnalisme. Les formations qu’elles ont reçues sur la lutte contre le terrorisme ont produit de bons résultats. Le peuple burkinabè peut encore et toujours faire confiance à son armée, pour peu que le gouvernement continue à renforcer ses capacités opérationnelles. Il convient donc de féliciter nos forces de défense et de sécurité et leur traduire toute notre reconnaissance.

Le gouvernement a marqué des points par une bonne gestion de ce douloureux événement. Sa mobilisation était à la hauteur de la cause nationale. La communication gouvernementale a été bien maîtrisée. Il a su trouver des mots et des formules pour informer et communiquer. C’est dire que les critiques faites par des citoyens à d’autres circonstances sur la communication du gouvernement ont été prises en compte. Il convient également de féliciter le gouvernement pour la hauteur de la responsabilité face à la menace sur le pays, sur tous les plans.

La Gendarmerie nationale et la Police nationale ont joué un rôle excellent par l’information et la communication à travers leurs pages facebook, et pour appeler à la retenue sur la publication d’informations sur les réseaux sociaux dont on n’a pas d’éléments de vérification. Cette forme d’information et de communication en pareilles circonstances est à encourager et à renforcer. La Gendarmerie et la Police ont donc vraiment fait œuvre utile par l’information et la communication en même temps qu’elles étaient au front.

La presse a montré aussi qu’elle avance en qualité. L’information et la communication en direction de l’opinion publique ont été impeccables. La presse est restée sur la même trajectoire que le gouvernement si bien que les informations des médias étaient pour la plupart basées sur celles communiquées officiellement par le gouvernement. Les informations collectées directement sur le terrain ont été traitées avec professionnalisme, diffusées et publiées avec responsabilité. Un animateur d’une radio FM a dit en substances « le Conseil supérieur de la communication nous a formés sur le traitement de l’information en pareilles circonstances et nous devons les appliquer » en réponse à un auditeur qui voulait parler dans tous les sens. Il est donc bon de féliciter également la presse dans toutes ses composantes pour le professionnalisme avec lequel elle a couvert l’événement douloureux.

Les forces politiques et les organisations de la société civile dans toutes leurs obédiences, ont parlé d’une même voix. L’indignation est venue de partout avec un sens de l’unité nationale face à l’adversité. On n’a pas fait de différence entre propos de MPP, CDP, UPC, ADF/RDA, etc. On n’a pas senti non plus des ‘’Borribanan’’ et des Borri non banan’’ (ou ‘’borrimaban’’). Personne n’est resté dans une polémique inutile. Toutes et tous ont resserré les rangs pour la cause du pays. Une fois encore, les Burkinabè ont montré qu’ils sont capables de se défaire de leurs divergences au profit du « le Faso d’abord ». C’est le seul bien qui nous restera quand on aura tout perdu et pour lequel nous devons tous nous mobiliser.

Alors, cette considération doit nous guider tous les jours, en tout temps et en tout lieu. Il ne faut pas attendre les moments très critiques pour traduire notre unité, notre cohésion. L’avenir d’un pays se trouve dans l’unité et la cohésion de ses filles et de ses fils. Certes, les petits détails de querelles ne peuvent pas manquer. Mais ces bagarres ne doivent pas être de nature à compromettre l’avenir de notre pays. Or, depuis un certain temps, nous avons montré aux yeux du monde entier que nous ne sommes pas un peuple uni. Chaque jour arrive avec son lot de débrayages. Il y a ceux qui se fâchent, ceux qui s’énervent et ceux qui sont porteurs d’ultimatum au gouvernement.

A cela, il faut ajouter l’incivisme qui est devenu la règle de comportement. Chacun exige un changement mais refuse lui-même de changer. Le slogan de ‘’guerre’’ est tout trouvé : « si l’on a chassé Blaise, qui on ne peut pas chasser ! ». On a donné l’image d’un chasseur qui, revenu de la brousse avec un gibier se pavane chaque jour dans le village, son fusil de chasse au dos pour montrer qu’il n’est pas n’importe qui. Quand il va en brousse, il ramène du gibier. Il n’attend pas d’être apprécié des autres.

Et ce n’est pas tout. J’ai sursauté. J’ai voulu attraper ma bouche, je l’ai ratée pour tomber sur le menton en lisant un communiqué du syndicat des policiers (UNAPOL), qui informait le monde entier qu’au Burkina Faso ça ne va pas au niveau de la sécurité présidentielle. C’était trop gros, même dans un contexte de luttes et de revendications. Ainsi, on a versé sur la place publique et aux yeux du monde entier qu’il y a des failles au niveau de la sécurité du Président de la République au Burkina Faso. J’étais triste en lisant ce communiqué surtout qu’il venait de policiers qui sont sensés savoir la sensibilité des questions sécuritaires, et encore plus sensibles quand elles touchent l’institution Présidence. Certes, « plus rien n’est comme avant » mais avouons que ça a été très surprenant, car de telles situations peuvent se régler aux sommets des Etats-majors des forces de sécurité loin des oreilles des populations.

Nos comportements individuels et collectifs ont fini alors par convaincre l’ennemi que le terrain est encore propice pour revenir et frapper mortellement. Et il a encore réussi. Il a su en profiter. Il était aux aguets et attendait que des situations lui facilitent la tâche. Nous en sommes sortis tous perdants. Il en sera toujours ainsi dès lors que l’ennemi saura que vous n’êtes pas unis dans votre famille. Nous devons alors nous convaincre que les contextes ont changé. Toutes nos luttes et nos revendications doivent intégrer le nouveau contexte.

Avec cette nième attaque terroriste, nous devons donc nous ressaisir en manifestant nos mécontentements mais avec un esprit nouveau. De même, l’attaque que nous venons de subir interpelle en premier lieu le gouvernement à prendre les mesures pour renforcer davantage les renseignements. Les fusils en bandoulière sur les routes, c’est bien. Ça peut dissuader, mais ne peuvent point nous épargner de nouvelles attaques. Visiblement, le Burkina Faso est devenu une cible sérieuse. Selon certaines indiscrétions, « ce n’est pas encore fini. Ça va se poursuivre jusqu’à ce que ce régime laisse le pouvoir et fuir avant 2020. » Il ne faut donc rien négliger ni minimiser les informations. Nous avons beaucoup d’ennemis à l’extérieur avec des complices à l’intérieur. Le Président Roch Marc Christian KABORE doit investir davantage dans les renseignements. Cet argent, il faut le trouver, et nous devons tous lui faciliter la tâche.

Une telle œuvre suppose également qu’il y a une confiance totale entre les corps habillés et les populations civiles, aussi bien dans les centres urbains qu’en milieu rural. Le domaine de renseignements est sensible et risqué. On ne donne pas des renseignements à n’importe qui. Or, il continue d’exister au Burkina Faso des comportements post coloniaux. Il existe encore dans nos villages des lois qui n’existent pas à Ouagadougou. Des individus issus de corps de gendarmerie et de police continuent à salir ces deux corps par des comportements qui éloignent l’intégration populations – forces de sécurité. Des affaires civiles sont transformées en affaires pénales, juste pour intimider des populaires qu’on sait analphabètes et on devient des agents de recouvrements, au mépris des lois. Une population traumatisée du fait d’abus d’autorité ne peut fournir des renseignements.

Le cas récent à Fada N’gourma, relaté par le Journal Le Courrier confidentiel dans sa parution N° 137 du 10 août 2017 sur la police judicaire illustre bien la nécessité et l’urgence de régler les affaires dans le respect des droits humains et de la loi pour plus de cohésion et de confiance entre les forces de sécurité et les populations. Les rackets sur les routes qui sont aussi connus de tous et qui n’ont rien à avoir avec la lutte contre le terrorisme ne favorisent pas non plus la disposition des populations à participer aux renseignements. L’Autorité gagnerait donc à créer les conditions pour une véritable intégration populations – forces de sécurités afin de multiplier les chances de succès dans la lutte contre le terroriste par des actions d’anticipation sur les attaques.

Le terroriste est bien organisé. Il sait infiltrer. Il prend son temps. Il étudie les terrains. Il est à mesure de vous dire le nombre d’hommes de sécurité sur tel ou tel axe routier tel ou tel jour. Il a lui aussi ses agents de renseignements. Il ne se fera donc pas attraper facilement sur un axe routier. Il sait à quel moment et comment rentrer sur le territoire sans se faire prendre.

Faisons la même chose. Ça coûte de l’argent. Mais la vie d’un peuple n’a pas de prix. Il suffit de réunir une seule condition : l’unité nationale, la cohésion sociale.

Jonas HIEN

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Vos commentaires

  • Le 17 août 2017 à 21:01, par TINDANO En réponse à : Terrorisme au Burkina : La cohésion sociale, une arme redoutable

    Toutes mes félicitations monsieur Hien. Votre contribution respire la sincérité. Mais aussi l’inquiétude. Vous avez raison d’en appeler à l’unité. L’administration burkinabé est aujourd’hui envahi par des gens qui ne pensent qu’à eux-mêmes, à eux seuls. Il faut impérativement que dans les provinces et zones rurales, les FDS cessent les raquettes et toute forme de corruption.Aucune population ne collabore avec des gens qui la traumatisent. Les travailleurs aussi doivent cesser les mouvements qui ne font que nous diviser et nous affaiblir. Nos exigences ne font que disperser les gouvernants et les maigres ressources de ce pays. Pensons que c’est l’existence même de notre pays qui est en jeu. Monsieur Hien, continuez avec ce genre de messages. Il y a encore dans ce pays des gens qui ont le sens de l’honneur et de la dignité qui vous liront et qui finiront par constituer un réseau qui va contribuer à une véritable prise de conscience. Dieu vous bénisse.

    • Le 18 août 2017 à 10:59, par DDCOOL En réponse à : Terrorisme au Burkina : La cohésion sociale, une arme redoutable

      Tindano, tu as compris mais tu n’as fait que commenter sur ce qui te plait. La cohésion, l’unité dont il parle dépasse ce que tu as repris pour féliciter Mr Jonas. Il ya aussi les coups bas politiques qu’il faut bannir. ça tranquillise les esprits qui se montreront bien apte pour réfléchir sur la sécurité nationale. Les divisions nées des seules idées des transitaires (Zida et Michel Kafando, maitre kam, maitre....) n’a fait que nourrir les germes de l’exclusion et il est temps qu’on se ressaisisse. Jugez ou libérer les généraux et autres...La cohésion, l’unité est aussi dans cette liberté retrouvé.

  • Le 18 août 2017 à 11:49, par DAO En réponse à : Terrorisme au Burkina : La cohésion sociale, une arme redoutable

    felicitation à l’auteur de l’article pour sa contribution de haut niveau !
    je voudrais ajouter ma modeste contribution juste au niveau de la conclusion :
    la cohesion sociale est une condition fondamentale mais je ne pense pense pas que cela suffise pour faire fasse au terrorisme.
    Les moyens matériels doivent completer cette cohesion sociale sur le terrain
    Dans cette affaire je pense qu’il faut voir le combat contre le terrorisme en 2 volets : au niveau de nos frontières et le combat dans nos villes Bien sûr les deux sont interdependants mais dans le premier cas cela demande non seulement des sous énormes mais implique forcément d’autres Etats. (cf projet G5 )
    le 2e volet relève beaucoup plus de la capacité individual de chaque Etat. Il faut des FDS bien formées, nous en avons déjà Il faut en plus les moyens matériels les plus performants. Sur ce plan les équipements ne sont pas encore à la hauteur de la bravoure de nos FDS.
    Et c’est là que j’interpelle l’Etat pour mettre rapidement en place une structure de collecte de fonds volontaire pour les dix huit millions de burkinabè que nous sommes : si chaque burkinabè digne de ce nom, où qu’il se trouve donne 5000f (le prix d’un poulet braisé plus 2 brakina) cela ferait quatre vingt dix milliard FCFA. On étale l’opération sur 3 ans soit 270 000 000 000fcfa
    Je pense qu’avec ça on peut faire quelque chose pour équiper nos FDS
    une liste de tous ceux qui auront cotisé, sera publiée au journal official du Faso
    quant à la gestion efficiente de ce fonds je laisse cette partie aux specialists qui pourront apporter leur contribution sur ce point

    • Le 18 août 2017 à 12:41, par un lecteur En réponse à : Terrorisme au Burkina : La cohésion sociale, une arme redoutable

      If faudrait faire attention à ce que vous écrivez ! Sur le principe pourquoi pas mais vous ne pouvez pas multiplier 18 millions de Burkinabé par 5000 FCFA et dire que ça fait 90 milliards dispo. C’est un peu provocateur ! Vous pensez que les nourrissons et enfants en bas-âge ont tous ça dans leurs poches ?! Déjà si chaque chef de famille donnait cette somme, ce serait une belle réussite..... mais sans doute votre erreur un peu grosse quand même était pour provoquer le débat sur le sujet.
      A bon entendeur.....

      • Le 18 août 2017 à 16:30, par DAO En réponse à : Terrorisme au Burkina : La cohésion sociale, une arme redoutable

        merci bien pour le commentaire. Il s’agit bien sûr d’une extrapolation puisque je dis moi-même que c’est volontaire ! cela signify que...ce n’est pas obligatoire même pour les grandes personnes !
        mais dans le pire des cas même si la moitié payait cela donnerait combine par an ?

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