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A propos des essais sur le coton Bt au Burkina Faso

Publié le mercredi 15 juin 2005 à 07h12min

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La Coalition de veille face aux organismes génétiquement modifiés au Burkina Faso (CV-OGM/BF) qui regroupe une quarantaine d’organisations de la société civile a, dans le cadre de l’exécution de son plan d’action 2004/2005, effectué deux visites sur le terrain des essais de l’INERA sur le coton Bt à Fara Koba le 25 septembre 2004 et à Kouaré le 29 octobre 2004.

Nous n’avons malheureusement pas pu assister aux visites organisées par la direction de l’INERA, sans doute qu’elles nous auraient apporté d’autres informations. Mais par contre nous avons assisté à l’atelier de restitution organisé le 3 février 2005 à Ouagadougou.

En ce début de campagne cotonnière, CV-OGM/BF voudrait porter à la connaissance du public les conclusions qu’elle a tirées de ces visites et de cet atelier.

L’équipe de CV-OGM/BF, composée de deux généticiens, d’un agronome, et d’un journaliste, à l’issue des deux visites a retenu les grandes conclusions suivantes :

1°) l’accueil dont il a été l’objet, en dépit de son caractère courtois, laissait percevoir un certain agacement et une méfiance particulière qui indiquaient qu’il n’était pas le bienvenu (cf notamment l’interdiction de prendre des photos ou de réaliser un film vidéo, le refus de répondre à certaines questions...),

2°) le confinement n’était pas réel. En effet, les filets n’ont été placés que bien après le début de floraison et ils étaient en mauvais état offrant de larges passages aux insectes alors que la floraison continuait.

3°) le personnel technique qui était sur le terrain a été peu préparé à la mise en place de ces essais, notamment pour ce qui est de la sensibilisation sur l’ampleur des risques encourus. Ainsi, il s’est montré peu soucieux de l’isolement et procède à l’ouverture des entrées sans précaution particulière.

Quant à l’atelier de restitution, il a été pour nous l’occasion de recueillir des informations complémentaires sur la manière dont les essais ont été menés. Il a été également l’occasion de dire aux expérimentateurs, ce que nous en pensions après nos deux visites.

Les informations que nous avons reçues à cet atelier nous ont confortés sur la principale conclusion que nous avions tirée des deux visites, à savoir que le confinement n’est pas réel. Nous avons même appris qu’il n’était pas prévu et que c’est suite à l’agitation de la société civile que la mise en place des filets a été décidée (cf. déclaration du directeur de l’INERA). Cela explique sans doute pourquoi il souffre de tant d’insuffisances.

En fait, les filets ne sont placés qu’après 50% de floraison (cf ; déclaration du chef de programme coton au cours de la conférence sur les OGM tenue au Centre Henri Mathis de Bobo-Dioulasso en mai 2004). Evidemment, cela laisse largement le temps aux insectes pollinisateurs d’aller et de venir, donc au pollen de la variété Bt d’être exporté.

Quant à l’aspect "concluant" des essais pour les rendements, pouvait-il en être autrement quand on sait que les variétés expérimentées ont été fournies par Monsanto, que ce sont des variétés améliorées qui ont déjà fait leurs preuves dans bien d’autres expérimentations où elles ont donné des résultats "concluants" que l’on voulait vérifier au Burkina Faso.

Mais nous constatons qu’aucun résultat relatif à l’impact du coton Bt sur la santé n’a été communiqué. A la question de savoir si l’insecticide Bt ne se retrouvait pas dans l’huile extraite des graines de coton Bt, il a été répondu que des échantillons étaient en train d’être analysés et les résultats attendus.

Le rôle de la société civile et particulièrement de CV-OGM/BF est de rester vigilante en matière d’OGM afin que soit appliqué le principe de précaution, de relever tout ce qui peut aller en contradiction avec les intérêts de la société, du pays et de son avenir. C’est pourquoi nous lançons un appel à l’opinion nationale pour rester vigilante et exiger avec nous :

- l’application du principe de précaution en matière d’OGM. 

- la mise en place d’un confinement réel pour les essais de l’INERA.

Pour CV/OGM,
Le Secrétariat permanent
70 21 25 64

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