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Partis politiques burkinabè : "C’est ridicule, triste, très triste"

Publié le mardi 14 juin 2005 à 07h00min

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Le Père F. Balemans égrène, dans cet écrit, des réalités
"ridicules, tristes, très tristes", de la vie politique nationale. Il est
temps, dit-il, d’arrêter cette "tragi-comédie".

1) C’est par l’intermédiaire des partis politiques que les gens
peuvent s’exprimer au niveau du gouvernement national et
régional et avoir une influence sur les décisions ; ce sont les
partis politiques qui véhiculent la démocratie.

Dans notre cher Burkina, il y a 106 (cent six) partis politiques ou
peut-être plus, car la naissance d’un parti politique se fait avec
une facilité et une vitesse qui dépassent toute imagination. C’est
ainsi que le monde politique représente le peuple : c’est ridicule,
c’est triste, très triste.

2) Beaucoup de partis politiques se présentent aux élections.
On lit souvent des articles sur ces partis dans les journaux,
mais rarement ces partis se présentent dans les journaux avec
leur programme, et c’est justement le programme d’un parti
politique qui devrait séduire ses militants. J’ai l’impression que
ce ne sont pas les programmes politiques qui sont le point
d’attraction d’un parti politique, mais plutôt son président, la
richesse et le pouvoir de ce dernier.

Le PDS a eu quand même
le courage de dévoiler son projet de société en quinze points (Le
Pays du 21/01/2005). Toutes les généralités y figurent : liberté,
bonne gouvernance, travail pour les jeunes, éducation, santé,
agriculture, élevage, industrialisation, genre, pauvreté, balance
commerciale, infrastructures, sport, sécurité sociale, paix ; un
programme qui peut être copié par les 105 autres partis
politiques. Rien, mais absolument rien sur le comment, ni sur le
coût, ni sur les sources financières.

Dans la vulgarisation d’un programme politique, on ne peut pas
entrer dans tous les détails, mais on peut quand même donner
quelques orientations concrètes. Le PDS, lui, a au moins eu le
courage de publier un programme.
Cent six partis politique, avec très peu de programmes concrets
 : c’est ridicule, c’est triste, très triste.

3) L’élection présidentielle approche, la préparation du scrutin
est tout à fait en faveur de Blaise Compaoré. Selon la CENI, il y a
provisoirement douze candidats : chaque candidat a donc onze
opposants : "divise et règne."
Blaise Compaoré peut dormir en toute tranquillité. L’opposition
lui a préparé son lit.

"Où est la vérité, où est le mensonge ?"

Je me rappelle que Blaise Compaoré a autrefois eu plus de
difficultés pour avoir des concurrents. Je me rappelle qu’un
minuscule parti politique avait un seul député, en la personne
de Monsieur Kargougou (D.C.D.). Le parti s’est scindé et un
autre parti a vu le jour : "Le front de refus", dont un membre était
un certain Guirma Frédéric, "Excellence" pour les intimes. Son
parti, le Front de refus a eu plusieurs dizaines de voix. Je me
rappelle que, selon les rumeurs, Blaise Compaoré est allé
chercher cet "Excellence" et lui a demandé de se présenter
aussi comme candidat à la présidence.

En tout cas, Blaise Compaoré doit rire. Il est déjà sûr d’être
déclaré officiellement candidat et de passer au premier tour.
Comment voulez-vous que les citoyens croient encore en
l’opposition ! Tous les candidats ne veulent pas que Blaise
passe, c’est du moins ce qu’ils disent, mais par leurs actes, ils
traduisent le contraire. Où est la vérité, où est le mensonge ?
Imaginez que Gilbert Ouédraogo, du plus grand parti de
l’opposition en 2002, se présente avec le soutien des cent cinq
autres partis contre Blaise Compaoré ; ce dernier aurait au
moins un peu chaud.
Blaise Compaoré, qui a commencé à gouverner avec trois
compagnons et qui a eu une manière à lui pour rester seul au
gouvernail pendant 17 ans, n’a pas une opposition crédible et
peut continuer encore au moins cinq ans.

Souvent on dit : "Le
peuple a le gouvernement qu’il mérite." Encore cinq ans de
corruption, encore cinq ans de stagnation dans le progrès et tout
cela aussi, à cause de l’opposition qui n’est qu’un mensonge.
C’est ridicule mais c’est aussi triste, très triste.

4) Le dimanche 1er mai, vers 18 heures, je passais en voiture
devant la Maison du peuple. Je roulais très doucement car la rue
était pleine de gens. C’était la fête de la bière ! J’étais indigné de
voir la bière promue dans notre pauvre Burkina. Une fête pour
augmenter la consommation de la bière !

Un des plus grands
fléaux au Burkina est l’alcoolisme et on pousse encore à la
consommation de la bière ! Combien de nos mamans
rencontrent toutes les difficultés pour nourrir leur famille parce
que leur mari n’a pas d’argent pour les aider : lire parce que leur
mari boit (avec ou sans filles) avec leur salaire ! Et encore une
fête ! Une fête pour les souffrances atroces de dizaines de
milliers de mères de famille qui pleurent dans la misère, car
leur mari boit, boit, boit.

Le parrain de la 5e édition de la fête de la bière était le ministre
Alain Ludovic Tou. Avoir honte est une qualité de l’homme, mais
parfois on a l’impression que certains hommes ont perdu cette
qualité. Tout peuple a le gouvernement qu’il mérite : est-ce que
le peuple burkinabè mérite vraiment un tel ministre ?
Cette fête de la bière n’est pas que ridicule : elle est déplorable,
humiliante, dégradante.
Pour la vie au Burkina, réagissons contre le ridicule qui est
triste.

Bonne nouvelle : un coupable qui avait détourné onze millions
de francs CFA a été condamné à 5 ans de prison ferme.

F. Balemans

Le Pays

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