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Travail des enfants au Burkina : Un système de surveillance validé à Dédougou

Publié le samedi 15 juillet 2017 à 07h10min

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Travail des enfants au Burkina : Un système de surveillance validé à Dédougou

Le phénomène du travail des enfants a la peau dure, les acteurs de lutte bandent davantage les muscles. Le ministère en charge du travail, avec l’appui du projet R-CLES (Reducing child labor through education and service), a validé ce vendredi, 14 juillet 2017 à Dédougou (Boucle du Mouhoun), un rapport d’évaluation de la phase pilote du Système de surveillance du travail des enfants au Burkina Faso. Les acquis et les insuffisances de cet instrument, mis en en œuvre dans la région de la Boucle du Mouhoun pendant six mois, ont été décelés pour l’améliorer en vue de son extension dans les autres régions du pays.

Dans les champs, les débits de boisson, sur les sites d’orpaillages…, des enfants triment sous le poids des travaux, lourds sur leurs épaules si frêles. Des activités ou des pratiques qui leur ‘’volent’’ l’enfance, retardent leur croissance, compromettent dangereusement leur avenir. Au-delà, ce sont les efforts du pays pour le développement qui sont annihilés par les pires formes de travail des jeunes pouces.

Considérée comme le grenier du Burkina, la Boucle du Mouhoun est loin d’être un exemple en matière de protection de ceux qui sont considérés comme l’avenir, les enfants. Selon le haut-commissaire de la province du Mouhoun, l’enquête nationale sur le travail des enfants, réalisée en 2006 par l’Institut national de la statistique et de la démographie, est dramatique. Elle a révélé que 33,7% des enfants de 5 à 17 ans étaient économiquement actifs dans la région de la Boucle du Mouhoun.

« L’enquête incriminait le secteur agricole comme le premier employeur de la main-d’œuvre enfantine. Aujourd’hui, au détriment de l’école, les enfants sont de plus en plus présents dans les secteurs de l’orpaillage, dans les travaux domestiques, la mendicité, dans les travaux de nuits… », a expliqué Moussa Zagré, le haut-commissaire, qui a livré le discours du gouverneur de la région.

L’urgence de la réponse

En réponse au phénomène, le ministère en charge du travail, avec l’appui du projet R-CLES (Reducing child labor through education and service), a lancé en janvier 2017 dans la région, la phase expérimentale du Système de surveillance du travail des enfants (SSTE). L’objectif étant de réduire, voire éliminer, l’incidence du travail des enfants par une surveillance accrue de certains endroits.

Cette phase a concerné notamment les villages de Bondokuy, Kéra, Koumana (Mouhoun) et dans les villages de Bagassi, Kao, et Sipoèr dans la province des Balé. Des observateurs ont été désignés et installés dans ces villages avec pour mission d’assurer le rôle de vigie.

« Le système de surveillance du travail des enfants est un moyen sûr qui permettra, à terme, de réduire de façon significative les pires formes de travail des enfants », a, quant à lui, précisé Sébastien Hien, directeur régional du travail et de la protection sociale de la Boucle du Mouhoun.

Pour lui, la force du système de surveillance réside dans le fait qu’il implique les populations à la base. Il a par ailleurs ajouté que pendant ce laps de temps, 110 enfants en situation de travail, ou à risques, ont été identifiés dans les six villages. Parmi ces cas malheureux, une vingtaine a été prise en charge à travers des initiatives privées …

Le directeur régional a par contre regretté le délai assez court de la phase expérimentale du système. Les six mois n’ont pas véritablement couvert la saison pluvieuse. Pourtant, c’est à cette période que les observateurs auraient pu mesurer conséquemment l’ampleur du travail des enfants dans l’agriculture. Aussi, c’est dans des conditions difficiles que les points focaux ont travaillé. Malgré tout, les résultats auxquels ils sont parvenus ont été reconnus et félicités par Sébastien Hien.

En attendant la vulgarisation

Faire le bilan du système, dégager les acquis et les insuffisances pour l’améliorer. C’est ce à quoi se sont attelés les différents acteurs, comme pour répondre à l’appel du Haut-commissaire qui, à l’ouverture de l’atelier, invitait les participants, « à examiner sans complaisance le rapport d’évaluation de la phase pilote du SSTE et surtout faire des propositions constructives pour améliorer le système ».

Cette phase d’évaluation est, à entendre Belem Yacouba, Chef de programme protection, directeur par intérim de R-CLES, d’autant plus nécessaire que, c’est la première fois que le SSTE est expérimenté au Burkina. C’est après avoir fait le point de la phase expérimentale et corriger les insuffisances que sa vulgarisation sera envisagée dans les autres régions du pays.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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