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Togo : Edem Kodjo : au nom du père et du fils !

Publié le vendredi 10 juin 2005 à 07h48min

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Après sa grande consécration sur le plan international, le
président Faure Eyadéma a commencé à conquérir le coeur de
ses opposants politiques. L’homme qui se chargera de mener
avec lui les consultations avec les autres partis politiques
togolais, est enfin connu : Edem Kodjo, le président de la
Convergence patriotique panafricaine (CPP), parti de
l’opposition modérée.

A 67 ans, Edem Kodjo retrouve ainsi,
sous la présidence du fils, le poste de Premier ministre qu’il
avait occupé de 1994 à 1996, au temps du règne de
Gnassingbé père (décédé le 5 février dernier).

Il remplace Koffi Sama, le Premier ministre "démissionnaire
malgré lui" qui a été emporté par la crise politique. Cette
nomination n’est pas une surprise en soi. Elle annonce sans
doute l’adhésion des partis de l’opposition dite modérée et
même radicale au gouvernement d’union proposé par Faure
Gnassingbé.

L’opposition modérée togolaise, notamment la CPP d’Edem
Kodjo, avait fait savoir, depuis plusieurs semaines, qu’elle était
favorable à une participation au gouvernement d’union.

Et celui qui vient d’être nommé Premier ministre ne voyait pas
d’inconvénient à une probable participation de son parti à la
mise en place de "la seule porte de sortie" de la crise au Togo. Il
était de ceux qui misaient beaucoup plus sur la solution
négociée, c’est-à-dire un gouvernement d’union nationale, qui
permettrait au pays de traverser ces périodes difficiles.

Certes, sa participation à ce gouvernement présente de
nombreux inconvénients dont la fragilisation de l’opposition, et le
risque d’inscrire pour pertes et profits les nombreuses
personnes "sacrifiées".

Sur le plan national, cet opposant modéré semble être le plus
prédisposé à amener les autres opposants autour de la table
de négociation, voire même dans le gouvernement d’union
nationale. Il présente plusieurs atouts pour la résolution de la
crise. Sur le plan international, cet homme qui a occupé le poste
de secrétaire général de l’OUA et qui a été fonctionnaire à la
Banque mondiale est bien connu.

Les personnes qui l’ont
côtoyé disent de lui qu’il est une personne modérée, qui a de la
poigne, qui a des relations. Il semble être la personnalité la
mieux indiquée pour convaincre la communauté internationale,
et qui peut permettre au Togo de sortir la tête de l’eau face aux
hypothèques qui pèsent sur son avenir.

Le nouveau Premier ministre ne manque pas de chance de
réussir sa mission. En plus de ses expériences, il aura l’appui
d’un Président de la République qui est lui même l’autre partie
de cet attelage prometteur.

Cependant, le contexte politique togolais actuel laisse entrevoir
que le gouvernement à venir sera certainement un
gouvernement de transition. En tout état de cause, le couplet
Faure - Edem peut réussir. Mais, à condition que se dégage de
l’étreinte des caciques du RPT.

Par ailleurs, Faure peut compter sur l’apathie et la lassitude des
pays de l’Union européenne, préoccupés qu’ils sont par les
déboires de la Constitution. Faure peut en tout cas se prévaloir
déjà du sacre de ses pairs récemment réunis à Ouagadougou
dans le cadre de la CEN-SAD et il serait étonnant que l’Europe
se montre plus loyaliste que le roi.

D’autant que le soutien de la
France n’a, en réalité, jamais fait défaut au jeune président. Et
quoiqu’on dise, les changements intervenus au Togo
ressemblent à ce qu’on pourrait nommer "le pouvoir présidentiel
par le legs". Et l’ère des coups d’Etat pourrait faire place
désormais à celle des legs de pouvoirs.

Ce qui se trame en Egypte, au Gabon, etc. illustre à souhait le
désir des timoniers de léguer le pouvoir présidentiel à leur
progéniture. Mais cela est une autre histoire même si le cas
togolais aura eu le démérite d’en ouvrir la voie. En attendant
Edem Kodjo peut gouverner au nom du père (qu’il a déjà servi)
et du fils qu’il s’apprête à servir, dans l’intérêt supérieur du
Togo.

Le Pays

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