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Police nationale : Ki Ernest décèle les inadéquations entre les emplois et les compétences

Publié le jeudi 15 juin 2017 à 00h25min

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Police nationale : Ki Ernest décèle les inadéquations entre les emplois et les compétences

Débutées la veille, les soutenances publiques se sont poursuivies ce mercredi 14 juin 2017 à l’Académie de Police. Pour l’obtention de leur diplôme de commissaire de police, les élèves Ki Ernest et Bikienga Hamado ont respectivement choisi de mener la réflexion sur les « Emplois et compétences des ressources humaines de la Police nationale » et « La gestion du stress au sein de la Police nationale ».

Après une spécialisation en Gestion des ressources humaines (GRH) à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), Ki Ernest est affecté à la direction des personnels de la Police nationale, au service secrétariat. Un poste qui ne convenait pas selon lui à son emploi. C’est de là que s’est produit le déclic : il décèle au sein de l’institution des irrégularités liées aux recrutements qui, selon lui, ne sont pas faits suivant une bonne prévision des ressources. Ce qui conduirait, à l’en croire, à un manque de compétence des agents qui sont soit sous-employés soit sur-employés sur le terrain.

Il décèle également des problèmes liés aux affectations qui se font, selon lui, suivant les intérêts car, dit-il « personne ne veut s’éloigner de sa famille ou des grandes villes ». C’est au regard de cela, qu’il a décidé de porter la réflexion sur les « Emplois et compétences des ressources humaines de la Police nationale "pour l’obtention du diplôme de commissaire de police.

Un candidat passionné

Selon Ki Ernest, il existe une inadéquation entre les emplois et les compétences au sein de de la police nationale

Face à un jury présidé par le Contrôleur général de police, Ki Michel, c’est un impétrant « passionné », selon le Commissaire principal de police, Tapsoba Edmond, qui a présenté en moins d’un quart d’heure le fruit de deux années de recherches. Passionné ? « Pas vraiment ! », répond le directeur de mémoire, le commissaire Zongo Armiyaho, qui estime que Ki Ernest est juste un candidat qui refuse de tourner autour du pot. Le jury l’a en effet félicité d’avoir travaillé sur un thème qui n’a pas été abordé au cours de la décennie et qui est pourtant d’actualité. Une appréciation qui lui a valu la mention Très Bien avec la note de 16/20.

Inadéquations

L’impétrant a obtenu la note de 16/20, mention Très Bien

En effet, dans son mémoire, l’élève Commissaire fait savoir, à la suite d’entretiens avec les personnes ressources et d’une analyse de données, qu’il existe une inadéquation entre les emplois et les compétences au sein de la police nationale. Par exemple, il note un nombre pléthorique de commissaires par rapport aux postes disponibles et des avantages que touchent certains agents alors qu’ils sont incompétents. Ces inadéquations, selon lui, conduisent à une démotivation, une déconcentration du policier qui se trouve également dans un état de stress. Et au niveau de l’institution policière elle-même, cette inadéquation conduit à des détournements des missions et l’augmentation des taches indues.

En guise de recommandation, l’impétrant suggère que la Police nationale utilise les outils de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) afin d’anticiper sur les écarts des emplois et d’adapter les compétences aux activités.

Le stress, l’autre adversaire du policier

Les membres du jury à la soutenance de l’élève Commissaire Bikienga Hamado

L’autre soutenance du jour a porté sur le stress, considéré par l’impétrant, Bikienga Hamado, comme une menace permanente pour le personnel de la police nationale. La sujet mérite d’être posé au regard des cas de suicides (07 de 2010 à 2017), de troubles mentaux (32 cas en 2013) et d’alcoolisme recensés. Sans oublier la situation sécuritaire actuelle qui fait que l’institution est toujours entre le marteau et l’enclume. Pour les membres du jury, le thème « La gestion du stress dans la Police nationale » est tout simplement « novateur, pertinent et atemporel ». Toutefois, ils sont fait remarquer au candidat qu’il mérite d’être reformulé en « Le stress au sein de la Police nationale » étant entendu que la gestion du phénomène n’existe pas actuellement au sein de la police.

Recettes pour bien gérer le stress

Pour la gestion du stress, Bikienga Hamado fait des recommandations

Qu’à cela ne tienne, l’impétrant recommande aux autorités d’adopter des textes en prenant le stress comme une maladie professionnelle et de travailler à réduire ses causes. Il s’agit notamment du manque d’équipements, de communication et de soutien social. Aux policiers, eux-mêmes, l’impétrant a concocté un certain nombre de recettes car il y va de leur santé et de leur rendement au travail. Il les conseille de « pratiquer des sports de relaxation tels que le Yoga ou l’aérobic, d’effectuer des sorties détente en famille ou entre amis, d’adopter une alimentation équilibrée, de diminuer ou d’arrêter la consommation des excitants et de se reposer assez pendant leur jour de repos ».

Toutes ces recommandations sont-elles réalisables ? Pour le président du jury, Roger Ouédraogo, l’impétrant doit tenir compte de l’environnement juridique, des mentalités et des moyens s’il veut que ses recommandations soient applicables et ne restent pas dans les tiroirs. En attendant, son travail a été sanctionné par la note de 15/20, mention Bien.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 juin 2017 à 09:21, par le patriarche En réponse à : Police nationale : Ki Ernest décèle les inadéquations entre les emplois et les compétences

    Toutes nos admirations à l’impétrant Ky. Son thème pointe du doigt la réalité dans la fonction publique du Burkina Faso et particulièrement dans le corps de la Police Nationale. C’est un courage de révolutionnaire qui l’a animé. Nous osons croire qu’au niveau de la Police Nationale, les Policiers ont une volonté ferme de faire changer les mauvaises pratiques. Ce qui n’est pas le cas chez certains corps professionnels qui sont des conservateurs malgré la gabegie, le népotisme etc..
    En toute sincérité, je comprends maintenant les grognes au sein de la Police Nationale. L’Etat a donc intérêt de d’écouter et de satisfaire les revendications des éléments de la Police Nationale. Au moins ils sont réalistes.

  • Le 15 juin 2017 à 09:46, par Drs NIKIEMA En réponse à : Police nationale : Ki Ernest décèle les inadéquations entre les emplois et les compétences

    Alors à ce niveau l’idée comme quoi ce thème sur le stress est novateur dénote vraiment notre retard de façon général. Par contre il est bien de l’avoir soulevé. Quant au document je ne l’ai pas lu mais la délibération du jury concernant la reformulation me tape dans l’œil. Il s’agit pour ceux-ci de reformuler le thème parce qu’il n’existe pas une stratégie de gestion de ce phénomène au sein de la police nationale. Par définition cette gestion n’existe pas ; par là on va comprendre que cette gestion n’existe pas de façon formelle. Toutefois au sein de cette même police nationale chaque policier gère son stress à sa manière donc de façon informelle. Dans la réalité on dira donc que certains gère leur stress de façon optimal, d’autres le feront partiellement, et par contre beaucoup ignorent ce point aussi important que la respiration en elle-même. Les conclusions ou suggestions à terme permettront non seulement une gestion de façon formelle, que ce soit par l’administration elle-même, ou alors par le syndicat de la police. De l’autre côté je pense bien qu’à l’académie de police il se pratique plusieurs arts martiaux notamment le Taekwondo et le judo qui sont des sports relaxants. Partout ailleurs à l’intérieur de chaque province il existe l’un de ces arts martiaux qui, d’autres peuvent se pratiquer seul. D’une autre façon ce thème déjà communiqué permettra à ces agents, certains de se rappeler de ce point, et pour la plupart de s’informer à ce sujet, et cela ayant pour avantage de loin d’augmenter un tant soit peu le niveau d’instruction de ces agents. Mieux ici qu’ailleurs comme dans les couples, acceptons sortir de la routine.

  • Le 15 juin 2017 à 18:25, par wanii En réponse à : Police nationale : Ki Ernest décèle les inadéquations entre les emplois et les compétences

    encore une fois je felicite l"academie de police pour ce travail bien fait.

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