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Inclusion financière dans l’espace UEMOA : La BCEAO pour l’amélioration du partage de données sur le crédit

Publié le mardi 6 juin 2017 à 00h24min

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Inclusion financière dans l’espace UEMOA : La BCEAO pour l’amélioration du partage de données sur le crédit

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a organisé le 1er juin 2017 à son siège à Dakar au Sénégal, une conférence sur le partage des données sur le crédit dans l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) pour l’amélioration de l’inclusion financière. Une occasion d’approfondir les connaissances des participants sur les enjeux du système de partage d’informations sur le crédit. A Ouagadougou, comme dans les sept autres capitales des pays membres de l’Union, le directeur pays de la BCEAO entouré de ses collaborateurs, a suivi les travaux via vidéoconférence.

L’inclusion financière fait référence à un état où l’ensemble des individus de la population et les entreprises ont un accès à des services financiers de base fournis par des institutions financières formelles. L’accessibilité des services financiers favorise une croissance soutenue et inclusive tout en permettant de lutter contre la pauvreté.

Dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), cette inclusion a connu des bonds quantitatifs ces dernières années. Cependant, les chiffres sont encore peu reluisants. La conférence du 1er juin organisée par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), en collaboration avec la Société financière internationale (SFI) a consisté à approfondir les connaissances des acteurs concernés de la zone sur les enjeux du système de partage d’informations sur le crédit.

Les Bureaux d’information sur le crédit (BIC) visent à réduire l’asymétrie d’informations entre les prêteurs et les emprunteurs sur le marché du crédit, avec pour effet d’améliorer l’accès des populations aux services banquiers. Ils collectent auprès des organismes financiers, des sources publiques et des grands facturiers (eau, électricité, téléphone), des données disponibles sur les antécédents de crédit ou de paiement d’un emprunteur.

Responsables des opérations ou de la clientèle des établissements assujettis (établissements de crédit et systèmes financiers décentralisés) ainsi que des dirigeants des grands facturiers (opérateurs de téléphonie mobile, sociétés de distribution d’eau et l’électricité), ont pris part à la conférence animée par des experts internationaux du domaine.

« Cette conférence se situe en droite ligne dans les actions initiées par les hautes autorités des Etats membres pour améliorer le financement des économies des Etats membres, en vue de favoriser une croissance économique », a noté le vice-gouverneur de la BCEAO, Jean-Baptiste Compaoré à l’ouverture des travaux.
Il a noté que 15 mois après le démarrage officiel des activités des Bureaux d’information sur le crédit (BIC), des progrès importants ont été accomplis, même si des défis restent à relever. Malgré les résultats engrangés, la consultation du BIC et le volume des données fournies lors de chaque opération de crédit "demeurent encore en deçà des attentes’’.

Ainsi, dans le rapport ‘’Doing Business » 2013, les Etats membres de l’Union sont classés entre 151e et 179e rang sur 185 pays. Parmi les critères utilisés pour classer les pays, figure le critère relatif à « l’étendue de l’information sur le crédit », pour lequel les Etats membres de l’Union ont obtenu une note de 1 sur une échelle de 6, alors que des pays tels que le Ghana et le Rwanda affichent des notes respectivement de 5 et de 6. La mauvaise note des Etats membres de l’Union s’explique notamment par l’absence de BIC.

Une journée de recherche de solutions

A l’ouverture des travaux, le vice-gouverneur a dit les espoirs de la BCEAO en cette rencontre. L’accès au crédit est un moyen efficace pour atteindre une amélioration rapide de la dynamique d’inclusion financière, a-t-il indiqué poursuivant que c’est pourquoi le partage de données sur le crédit dans les Etats de l’UEMOA est devenu un enjeu capital.

Les travaux se sont déroulés en six sessions thématiques.
-  Session 1 : Expérience de la BCEAO en matière de mise en place d’un BIC régional
-  Session 2 : Exploitation des informations du BIC par le secteur bancaire et financier ainsi que dans le cadre de la mise en œuvre de la supervision bancaire
-  Session 3 : Régulation et coordination des activités de partage d’informations sur le crédit
-  Session 4 : Démocratisation du crédit : nouvelles frontières pour accroitre l’inclusion financière
-  Session 5 : Expériences internationales en matière de sensibilisation du public
-  Session 6 : Mécanismes de résolution des conflits liés au partage d’information sur le crédit.

Une journée fructueuse

Les travaux ont permis de passer en revue les principales contraintes rencontrées au cours des premières années de mise en œuvre des Bureaux d’information sur le crédit (BIC) et des stratégies à mettre en œuvre pour les surmonter.
A l’issue des travaux, les participants sont parvenus à des conclusions et recommandations. Entre autres, au titre des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés, ainsi que des organismes nationaux et régionaux de cautionnement, les participants ont noté les avantages que ces institutions peuvent tirer de l’exploitation des informations mises à leur disposition par le système de partage d’information. « Il a été démontré la manière dont les informations fournies par les BIC contribueront à une meilleure gestion et d’évaluation des risques de crédit ; et partant à l’accroissement du volume d’activités des institutions financières », a indiqué le rapporteur.

Il a été aussi recommandé aux établissements assujettis qui ne l’ont pas encore fait, la mise à niveau de leur système d’information et la finalisation de textes de déclaration de revenus. Ces derniers devraient également procéder à l’intensification du processus de recueil de consentement auprès de la clientèle pour le partage des informations.

Au titre des entités non supervisées, grands facturiers, les échanges ont également montré comment la prise en compte des données alternatives non traditionnelles (téléphonies mobiles ,sociétés de distribution d’eau et d’électricité) dans l’industrie du crédit reporting, permet de bâtir une politique efficace du comportement des usagers n’ayant pas habituellement accès aux services financiers , contribuant ainsi à la réduction des asymétries d’informations.

Les différents acteurs ont aussi recommandé la poursuite de l’assistance et la formation à l’endroit des établissements assujettis qui rencontrent des difficultés techniques pour la transmission de données et l’exploitation du rapport des crédits, en vue de les mettre en situation de participer efficacement au système de partage d’informations sur le crédit.

Au titre des institutions de régulation et de supervision , la conférence a relevé les bénéfices que les autorités de supervision peuvent tirer de l’exploitation des informations mises à leur disposition par le système de partage d’informations et de crédits dans le cadre de l’exercice de la surveillance macro et micro financière.
La zone de l’UEMOA est encore marquée par la persistance des contraintes d’ordre socio culturel entravant le développement des activités du BIC. Il a donc été suggéré la poursuite par la BCEAO en collaboration avec la SFI, des actions de sensibilisation, d’éducation financière, en direction du public pour faciliter le recueil du consentement des préoccupations des clients à participer au système de partage d’informations sur le crédit.

Le vice-gouverneur Jean-Baptiste Compaoré s’est félicité de ce que les échanges ont permis de s’enquérir de l’expérience des pays les plus avancés dans ce domaine. Expérience « sur laquelle nous devons prendre appui pour faire évoluer l’économie de la distribution du crédit dans notre union ».

Il s’est également réjoui de nouveaux éléments sur l’importance du partage de données sur le crédit qui sont sortis de la conférence. « Je vous engage à vous en approprier afin que BIC, établissements de crédit, grands facturiers, institutions de cautionnement, organismes de protection de données personnelles, à lever les obstacles freinant le développement du partage de données de crédit dans l’union ».
Les sept autres pays de l’UEMOA ont suivi les travaux par le truchement de la vidéo conférence.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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