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Projet Africarail : Le rêve pourra-t-il se réaliser ?

Publié le mercredi 8 juin 2005 à 07h07min

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La 12e session ordinaire du Conseil exécutif de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) s’est tenue les 29 et 30 mai 2005 à Ouagadougou. Entre autres questions abordées, l’interconnexion ferroviaire régionale dénommée Africarail émanant de la volonté commune de quatre chefs d’Etat : du Bénin, du Burkina Faso, du Niger et du Togo. Sidwaya s’est entretenu avec M. Amadou Kaffa, directeur de l’administration du projet Africarail.

Sidwaya (S) : Pouvez-vous nous présenter le projet d’interconnexion ferroviaire régionale (Africarail) dont vous êtes le directeur administratif ?

M. Amadou Kaffa (AK) : Le projet Africarail est un projet d’interconnexion ferroviaire reliant quatre pays : le Bénin, le Niger, le Burkina Faso et le Togo. Il s’agit de la construction de 2000 km de rails. Le projet Africarail a un coût global de 2 milliards de dollars US. Il est subdivisé en deux phases. Une première phase qui relie Anecho (Togo) à Ouiddah (Bénin), puis Parakou-Niamey-Ouagadougou. Cette première consiste à construire environ 1302 km de rails. Le coût de cette phase est de 1,5 million de dollars US. La deuxième phase permettra de relier Ouagadougou à Lomé. Son coût est 500 millions de dollars US et concernera la construction de 700 km. Le projet a un secrétariat permanent dont le siège est à Niamey.

S. : Le projet concerne des Etats de la CEN-SAD. Y a-t-il des rapports qui lient Africarail à la CEN-SAD ?

AK : Africarail, comme je l’ai évoqué un peu plus haut, est un projet regroupant quatre pays, tous membres de la CEN-SAD. Ayant fondamentalement la même politique d’intégration régionale, il est alors évident et normal que les deux évoluant dans le même espace socioéconomique poursuivent et collaborent pour atteindre cet objectif, à savoir l’intégration régionale.

S : A quand verra-t-on le démarrage effectif des travaux de construction ?

AK : Nous sommes à un stade très avancé des négociations avec des bailleurs de fonds qui ont non seulement les capacités financières, mais aussi la volonté d’intervenir dans la sous-région. Nous pouvons citer entre autres partenaires, l’Union africaine des chemins de fer (UAC), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), l’Autorité de développement intégré du Liptako-Gourma (ALG), Al Salawi (Emirats Arabe Unis), la Libyan Arab African Investissement Company (LAAICO). Il serait déplacé de mettre la charrue devant les bœufs. Néanmoins, nous sommes convaincus que ce sera dans un court délai.

S. : En tant que directeur de l’administration du projet, que reste-t-il à faire ?

AK : Question intéressante. Il suffit d’obtenir une garantie financière de 20% du coût du projet. C’est pourquoi nous mettons tous nos efforts pour que cette garantie puisse être octroyée par une institution ayant les capacités. Et nous sommes sûrs que nos autorités politiques ont la volonté de faire aboutir ce projet et trouveront les voies et moyens pour assurer cette requête des bailleurs de fonds.

S. : Pourquoi avoir ciblé particulièrement le chemin de fer au détriment du bitumage des axes routiers dans le cadre de cette politique d’intégration régionale ?

AK : Le choix du chemin de fer s’appuie sur le constat que l’Afrique est le continent le plus sous-équipé au monde en chemin de fer et il y a une relation certaine entre cet état de fait et son niveau actuel de développement.

L’histoire de l’humanité a démontré que les peuples qui avaient mis au point et utilisé les meilleurs moyens souhaitables pour le transport des marchandises et des personnes avaient mieux prospéré que ceux qui ne s’étaient pas dotés de systèmes de transports cohérents.

Le revenu du citoyen de cette communauté est faible par rapport à son désir de déplacement. Il nous paraît donc judicieux de développer le chemin de fer qui est indiscutablement le moins coûteux.

Construits sous la période coloniale, les réseaux ferroviaires africains, comme vous le constatez, ne sont que de simples juxtapositions orientées verticalement depuis les ports vers l’intérieur. Ils ont donc besoin d’être interconnectés afin de créer de véritables liens interétatiques et d’intégration économique.

S. : Si les travaux venaient à débuter, pendant combien de temps devrait-on attendre avant de pouvoir emprunter les différents tronçons ?

AK : Dans le souci de pouvoir rapidement mettre en exploitation les premiers tronçons, Africarail procédera à l’ouverture simultanée de plus de chantiers coordonnés par la direction générale des travaux à Niamey.

La section 1 : Parakou-Kandi-Malanville (Bénin) - Gaya (Niger) d’une longueur de 335 km et la section 2 : Lomé - Anecho (Togo) - Segbohoué (Bénin) longue de 99 km seront mises en service 24 mois après le début des travaux. La section 3 : Kaya - Dori (Burkina Faso) - Terra - Niamey (Niger) dont la longueur est de 430 km, la section 4, longue de 310 km qui relie Gaya - Dosso - Niamey et la section 5 qui concerne l’embranchement Dori -Tambao (Burkina Faso) dont la longueur est estimée à 126 km, seront achevées 18 mois plus tard. La durée totale des travaux prévue n’excédera pas 42 mois.

Enok KINDO
Sidwaya

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